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Nos Lecteurs ont la Parole

Le chien en cavale : un résumé libanais de « papier » et d’aberration

Tout part d’une simple demande : mon frère au Qatar a besoin d’un extrait de naissance et d’un extrait d’état civil légalisés pour sa fille. Simple ? Pas au Liban.

Obtenir les papiers du bureau de l’état civil fut un miracle bureaucratique : un moukhtar, des tiroirs détériorés et une course contre la moisissure administrative. Avec les documents en main, je cours – tel un chien enragé – vers le ministère de l’Intérieur. Pas de parking… mais une station-service vend les fameux timbres… deux fois leur prix.

Tamponnage validé, direction le ministère des Affaires étrangères. Il est 13h, ils ferment à 14h. Deux files genrées, zéro progrès. Échec. Le lendemain, réveil à 5h. Vingt personnes sont déjà là. Le Hunger Games libanais continue.

À l’intérieur : quatre bureaucrates stéréotypés : le tamponneur, la scrolleuse, le buveur de café et le gardien final. Deux heures plus tard, j’en ressors triomphant, papiers en main, fierté laminée.

J’envoie les documents via une société de courrier rapide. Erreur fatale. Ils se perdent. Nouvelle rage. Deuxième round.

Même parcours. Même absurdité. Même fatigue. Sauf que cette fois, j’opte pour une autre société de courrier rapide. Ils livrent avec du retard, mais ils livrent.

Mais ce n’est pas une histoire de documents. C’est une parabole nationale : comment on célèbre l’ordinaire comme l’extraordinaire. Comment notre fierté s’effrite face à des institutions dysfonctionnelles, où le service est un privilège et non un droit.

Qui blâmer ? Le système ? La corruption ? Les transporteurs ? Ou moi-même – pour avoir trop longtemps accepté l’inacceptable.

Ce texte, c’est un procès. Contre ma propre résignation. Avec l’espoir qu’en dénonçant, on amorce enfin… le possible.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Tout part d’une simple demande : mon frère au Qatar a besoin d’un extrait de naissance et d’un extrait d’état civil légalisés pour sa fille. Simple ? Pas au Liban. Obtenir les papiers du bureau de l’état civil fut un miracle bureaucratique : un moukhtar, des tiroirs détériorés et une course contre la moisissure administrative. Avec les documents en main, je cours – tel un chien enragé – vers le ministère de l’Intérieur. Pas de parking… mais une station-service vend les fameux timbres… deux fois leur prix. Tamponnage validé, direction le ministère des Affaires étrangères. Il est 13h, ils ferment à 14h. Deux files genrées, zéro progrès. Échec. Le lendemain, réveil à 5h. Vingt personnes sont déjà là. Le Hunger Games libanais continue. À l’intérieur : quatre bureaucrates...
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