Des bâtiments détruits par une frappe israélienne à Meis el-Jabal, au Liban-Sud le 5 mai 2024. Photo d'archives AFP
L'armée israélienne s'est infiltrée en territoire libanais dans la nuit de jeudi à vendredi et a fait exploser, une usine de textile de Meis el-Jabal, dans le caza de Marjeyoun, et une habitation à Aïta el-Chaab (caza de Bint Jbeil).
Peu après minuit, une unité d'infanterie de l'armée israélienne s'est infiltrée en territoire libanais au niveau de Meis el-Jabal et y a fait exploser une usine fabriquant du linge de maison. Selon les informations de notre correspondant Mountasser Abdallah, cette fabrique se trouve sur la route principale près de l'hôpital gouvernemental de la localité. L'explosion a eu lieu vers 2h45. L'usine avait déjà été détruite pendant la guerre de 13 mois entre le Hezbollah et l'armée israélienne et avait par la suite été totalement rénovée et ré-équipée par son propriétaire, Sobhi Hamdane. Elle abritait des équipements et machines de pointe et cette fabrique employait de nombreux habitants de la région. Une source au sein de la municipalité a condamné une « nouvelle violation flagrante de la souveraineté libanaise et une méthode barbare visant à empêcher le retour à la vie dans la zone frontalière ». « L'État n'est pas en mesure de protéger son peuple », a dénoncé cette source.
Des soldats israéliens ont également piégé et fait exploser le moteur d'un bulldozer utilisé par les équipes du Conseil du Sud pour des travaux de démolition dans le quartier de Karkazan, au nord de Meis el-Jabal.
La municipalité de Meis el-Jabal a dénoncé dans un communiqué des « agressions lâches et des violations quotidiennes du cessez-le-feu », demandant au gouvernement de « prendre ses responsabilités » face à cette situation. « Ces infractions sont une tâche sur le bilan du nouveau mandat » du président Joseph Aoun et du gouvernement de Nawaf Salam, et le « dernier clou dans le cercueil des résolutions internationales, des principes de souveraineté nationale, de la légitimité internationale et de la diplomatie ». La municipalité a dénoncé « l'absence de réaction concrète de la part de l’État, face aux attaques israéliennes, un abandon qui aura des conséquences néfastes ».
Après une explosion similaire à Aïta el-Chaab, la municipalité de ce village du caza de Bint Jbeil a dénoncé le dynamitage, à l'aube, d'une maison habitée par un civil, Raed Hassan Srour, et sa famille. La municipalité explique que «l'ennemi israélien a dynamité, de manière barbare à l'aube» cette habitation, après «une série de provocations la semaine dernière, comme le lancement de grenades assourdissantes près de la maison». « Cette attaque est une atteinte criante à la 1701 et un ciblage direct des civils », dénonce la municipalité qui appelle « les autorités libanaises et les organisations internationales des droits de l'homme à dénoncer cet acte criminel et à faire pression pour mettre un terme aux attaques répétitives contre nos familles dans le Sud ».
Malgré la trêve en vigueur au Liban depuis le 27 novembre 2024, l'armée israélienne continue d'occuper cinq positions au Liban-Sud, où elle s'infiltre régulièrement dans des villages frontaliers et continue de mener des frappes aériennes. Les tirs et frappes israéliens depuis le début du cessez-le-feu ont tué au moins 251 personnes, selon les chiffres de l'ONU comptabilisés par notre publication. La dernière victime de ces attaques a été tuée dans sa voiture jeudi après-midi sur l'autoroute de Khaldé, au sud de Beyrouth, par une frappe de drone. Il s'agissait, selon l'armée israélienne, d'un homme en charge de la contrebande d'armes « pour la force al-Qods » des gardiens de la révolution iranienne, qui parrainent le Hezbollah. Selon notre correspondant, l'homme a été identifié et s'appelait Kassem el-Husseini.