
Les fidèles et des sauveteurs inspectant les dégâts sur le site de l'attentat suicide à l'église Saint-Élie dans le quartier de Dwelaa à Damas, le 22 juin 2025. Louai BESHARA/AFP
Du chef de l'État Joseph Aoun au patriarche maronite Béchara Raï, en passant par le leader druze Walid Joumblatt, nombre de responsables libanais ont condamné l'attentat suicide survenu dimanche dans une église de Damas, en Syrie, qui a fait plus de 20 morts et des dizaines de blessés.
Il s’agit de la première attaque de ce type dans la capitale syrienne depuis que les forces dirigées par des islamistes radicaux ont renversé l’ex-président Bachar el-Assad, le 8 décembre 2024. L’attentat a touché l’église grecque-orthodoxe Saint-Élie, dans le quartier de Dwelaa. « Un assaillant suicide affilié au groupe terroriste Daech y est entré, a ouvert le feu, puis s’est fait exploser avec une ceinture explosive », avait indiqué la veille le ministère syrien de l’Intérieur.
Protéger les lieux de culte en Syrie
Lundi après-midi, la présidence libanaise a annoncé que le chef de l'Etat Joseph Aoun a présenté ses condoléances à son homologue syrien Ahmad el-Chareh et au patriarche orthodoxe Jean X Yazigi.
Dans sa lettre adressée à M. el-Chareh, Joseph Aoun lui a présenté, ainsi qu'aux « familles des victimes et à l’Église orthodoxe de Syrie, ses plus sincères condoléances » et lui a fait part de sa « profonde compassion, en priant Dieu d’accorder sa miséricorde aux défunts, un prompt rétablissement aux blessés, et de préserver l’unité de la Syrie et de son peuple ». Lors de son appel téléphonique au patriarche Jean X Yazigi, le président libanais a réitéré sa condamnation de « ce crime odieux » et exprimé « son plein soutien aux familles des victimes ainsi qu’au peuple syrien ».
Dimanche, M. Aoun avait présenté ses « sincères condoléances à l’Église grecque-orthodoxe ». Il avait aussi « fermement condamné cet acte criminel », appelant « les autorités syriennes à prendre les mesures nécessaires pour en empêcher la répétition, à protéger les lieux de culte et leurs fidèles, ainsi que l’ensemble des citoyens syriens, quelle que soit leur confession, puisque l’unité du peuple syrien demeure essentielle pour prévenir et étouffer les conflits ».
Quant à l'ancien Premier ministre Nagib Mikati, il a appelé le patriarche Jean X d’Antioche et condamné l’« agression criminelle ». « Cet acte terroriste est condamné selon toutes les normes morales et religieuses », a-t-il déclaré, et « son objectif est de semer la discorde et la haine entre le peuple syrien, et de raviver les fanatismes ». Il a par ailleurs affirmé compter sur « la sagesse du patriarche Yazigi pour étouffer la discorde, ainsi que sur la détermination du peuple syrien et de sa direction à combattre ces actes, à punir leurs auteurs et à poursuivre le chemin du redressement et du relèvement de la Syrie. »
Rifi accuse indirectement des partisans d'Assad
Le député de Tripoli Achraf Rifi a pour sa part déclaré que « celui qui a fait exploser les mosquées au Liban est le même qui fait exploser les églises en Syrie », en allusion au régime de Bachar el-Assad, renversé en décembre 2024. Il a estimé que « l’attentat terroriste criminel contre l’église à Damas impose à l’État syrien de frapper d’une main de fer pour éliminer les planificateurs et les auteurs de cet acte odieux ». « Il faut nettoyer la Syrie des outils utilisés pour déstabiliser sa sécurité », a ajouté le parlementaire. En août 2013, un double double attentat à la voiture piégée avait visé deux mosquées sunnites de Tripoli. L'attaque aurait été perpétrée par des agents de l'ancien régime syrien, selon l'acte d'accusation de la justice libanaise, publié en 2016.
Le leader druze Walid Joumblatt a lui aussi condamné sur X une attaque « qui cible la sécurité nationale en Syrie ».
ندين ونستنكر بشدة العملية الارهابية التي حصلت في كنيسة مار إلياس في دمشق بحق الآمنين والتي تستهدف الامن الوطني في سوريا #سوريا pic.twitter.com/33RH4BfVSA
— Walid Joumblatt (@walidjoumblatt) June 22, 2025
Le chef du Parti démocrate libanais Talal Arslane a condamné l’« agression criminelle » et présenté ses « sincères condoléances aux familles des martyrs ». « Une fois de plus, la Syrie est visée en plein cœur, et une église à Damas est frappée par un acte terroriste lâche, sans religion ni identité, si ce n’est le meurtre, la destruction et l’incitation à la discorde. La Syrie restera plus forte que le terrorisme, et son peuple mérite la sécurité, la stabilité et une vie digne », a-t-il écrit.
« Reniement de l'identité historique de la région »
Au niveau des personnalités religieuses, le patriarche maronite Béchara Raï s’est de son côté dit « profondément attristé par l’attentat », tout en condamnant « toutes les formes de violence et d’agressions contre les lieux de culte et de prière, ainsi que contre les citoyens paisibles ». Le chef religieux a appelé à « élever les prières et à œuvrer, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, pour faire prévaloir le langage de l’amour, du dialogue et du respect de l’autre, en vue d’instaurer une paix juste et globale, non seulement en Syrie, mais dans l’ensemble de la région ». Estimant que « le ciblage des chrétiens d’Orient constitue un reniement de l’identité historique véritable de la région », le patriarche a exprimé « sa solidarité avec l’Église grecque-orthodoxe », et « présenté ses sincères condoléances au patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, Jean X Yazigi ainsi qu’aux familles des martyrs, tout en souhaitant un prompt rétablissement aux blessés ».
Le cheikh Akl druze Sami Abi el-Mona, la plus haute instance religieuse de cette communauté, a de son côté affirmé que « l’État syrien doit frapper l’extrémisme d’une main de fer ». Il a appelé « les pays amis et responsables à soutenir fermement la Syrie dans la restauration de sa sécurité et de sa stabilité », dénonçant un « acte criminel ignoble qui a visé des fidèles au moment de la prière, ce qui constitue l’un des actes les plus abominables contre la religion et l’humanité ». Le religieux a précisé avoir contacté le patriarche Jean X Yazigi, lui exprimant « sa profonde consternation face à ce crime, ainsi que ses plus sincères condoléances et sa solidarité avec la noble communauté, les familles des victimes et les blessés ».
Le vice-président du Conseil supérieur chiite (CSC) à Beyrouth, le cheikh Ali el-Khatib, a adressé un message au patriarche Jean X Yazigi, lui présentant ses condoléances pour les victimes de l’attentat et affirmant la solidarité de sa communauté avec l’Église grecque-orthodoxe. « C’est avec une profonde tristesse, douleur et colère que nous avons appris la nouvelle de l’attentat terroriste », a-t-il déclaré. « Tout en dénonçant et en condamnant cet acte criminel et les victimes innocentes qu’il a causées, nous vous affirmons que cet acte lâche ne peut être perpétré que par des criminels rompus à l’assassinat et au sang versé. Notre région a longtemps souffert de leurs actes abominables, et il est nécessaire de les déraciner afin qu’elle puisse jouir de la sécurité et de la paix. »
Le mufti de la République, Abdellatif Deriane, a rappelé dans un communiqué que l’islam interdit de porter atteinte à la vie humaine. « Quiconque tue une personne (...), c’est comme s’il avait tué toute l’humanité », a-t-il souligné, citant un verset coranique. Il a dénoncé dans ce cadre un « acte terroriste visant à frapper l’unité nationale syrienne et à attiser les conflits confessionnels entre Syriens musulmans et chrétiens ».
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00 h 22, le 24 juin 2025