Des manifestants brandissant le drapeau iranien, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 20 juin 2025. Mohammad YASSINE/L'Orient-Le Jour
Téhéran, Bagdad, Beyrouth, Sanaa : des milliers de manifestants de capitales du Moyen-Orient hostiles à Israël ont dénoncé la guerre déclenchée le 13 juin contre l'Iran. Après la prière musulmane du vendredi, des milliers de personnes se sont mobilisées dans la mégapole iranienne Téhéran, scandant des slogans en soutien aux dirigeants de la République islamique, selon des images diffusées par la télévision d'Etat.
« C'est le vendredi de la solidarité et de la résistance de la nation iranienne à travers tout le pays », a déclaré le présentateur du journal télévisé. Les images ont montré des manifestants à Téhéran brandissant des portraits de commandants tués depuis le début de la guerre avec Israël tandis que d'autres agitaient des drapeaux iraniens et ceux du Hezbollah.
« Je sacrifierai ma vie pour mon guide », pouvait-on lire sur la banderole d'un manifestant, en référence au guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. L'imam Mohammad Javad Haj Ali Akbari a assuré aux fidèles qu'Israël avait agi par « désespoir », dans l'objectif de « briser la structure défensive et le commandement militaire du pays », selon l'agence de presse officielle IRNA. Israël, a-t-il accusé, a cru qu'une « guerre psychologique » permettrait de « monter le peuple contre le gouvernement », une « conception erronée du peuple iranien » a-t-il dit.
Selon la télévision, d'autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, comme Tabriz (nord-ouest) et Chiraz (sud). Israël a lancé le 13 juin une offensive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, visant sites nucléaires et militaires mais aussi métropoles et quartiers résidentiels. Plus de 224 personnes ont été tuées, et plus d'un millier blessées, selon un bilan officiel.
Téhéran a riposté avec des dizaines de drones et des salves de missiles sur des sites militaires et des zones résidentielles, faisant au moins 25 morts en Israël. Dans un Moyen-Orient déchiré depuis octobre 2023 par la guerre à Gaza et ses répercussions régionales, la confrontation entre Israël et l'Iran fait craindre un embrasement généralisé.
« Contrôler le Moyen-Orient »
Les inquiétudes sont vives chez un voisin de l'Iran, l'Irak : des groupes armés pro-iraniens ont menacé les intérêts américains en cas d'implication directe de Washington dans le conflit. « Non, non à l'Amérique, non, non à Israël ! », ont scandé à Bagdad plusieurs milliers de manifestants mobilisés à l'appel de l'influent dignitaire chiite Moqtada Sadr, selon un correspondant de l'AFP. « Ce n'est pas une guerre pour le nucléaire », fustige le chauffeur de taxi de 54 ans Abou Hussein.
« C'est une guerre sans fondement, Israël et les Etats-Unis veulent contrôler le Moyen-Orient depuis toujours », accuse le manifestant dans le quartier pauvre de Madinet Sadr. Selon des photographes de l'AFP, des rassemblements ont également été organisés à Bassora, grand port du sud, mais aussi à Koufa (sud), bastion historique de la famille Sadr, où des manifestants ont incendié drapeaux israélien et américain.
Au Yémen, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale Sanaa et dans d'autres territoires tenus par les Houthis, lors de rassemblements organisés par ces rebelles, selon les médias du groupe allié à Téhéran. Dans la capitale libanaise Beyrouth, des centaines de partisans du Hezbollah ont manifesté dans la banlieue sud, bastion du mouvement chiite favorable à l'Iran.
Hommes, femmes et enfants ont brandi des drapeaux iraniens, des drapeaux jaunes aux couleurs du Hezbollah, ainsi que des portraits de l'Ayatollah Ali Khamenei. Adnan Zaytoun, 60 ans, assure être mobilisé en « solidarité » avec l'Iran. « Il est de mon devoir d'être à ses côtés contre l'ennemi sioniste israélien. » « Si quiconque nous attaque, nous nous défendrons, mais nous ne sommes pas pour la guerre », a-t-il dit.
Le Liban a été dévasté par deux mois de guerre ayant opposé à l'automne 2024 Israël au Hezbollah, décapité par les frappes de l'armée israélienne qui a assassiné ses principaux commandants, dont le chef historique du groupe Hassan Nasrallah. « Nous sommes ici pour montrer aux ennemis américain et israélien notre résilience », martèle le lycéen de 18 ans, Fadel Saad. « Nous ne serons pas vaincus même s'ils détruisent nos maisons sur nos têtes. »