La procureure générale de l'Etat d'Israël, Gali Baharav-Miara, a interdit mercredi soir au Premier ministre Benjamin Netanyahu de nommer en l'état un successeur au chef démissionnaire de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet), Ronen Bar.
Arguant d'un « conflit d'intérêts » du Premier ministre dans cette affaire, Mme Baharav Miara, a justifié sa décision en s'appuyant sur un arrêt rendu dans la soirée par la Cour suprême et jugeant que la décision prise en mars par le gouvernement de limoger M. Bar était « contraire à la loi ».
Mais le chef de l'exécutif a campé sur sa ligne affirmant qu'il avait bel et bien l'intention de proposer un candidat au vote du gouvernement.
« La Cour suprême a statué que la décision du gouvernement de mettre fin au mandat du chef du Shin Bet a été prise selon une procédure irrégulière et contraire à la loi », affirme la Haute Cour dans un arrêt de 58 pages, loin de mettre un terme à la saga politico-judiciaire qui secoue Israël depuis l'annonce du limogeage de M. Bar, le 21 mars, et en dépit du fait que celui-ci a fini par démissionner.
La décision, sur fond de différend personnel entre M. Bar et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avait été immédiatement gelée par la Cour suprême, saisie de plusieurs recours, de l'opposition, d'ONG et de Mme Baharav-Miara, contestant une décision selon eux illégale et menaçant gravement la démocratie.
Le gouvernement de M. Netanyahu, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, avait dit renoncer au limogeage de Ronen Bar, au lendemain de l'annonce par celui-ci fin avril, qu'il quitterait ses fonctions le 15 juin, mais la Cour suprême a statué mercredi sur le principe du limogeage.
Détaillant les fautes commises par le gouvernement selon la Cour, l'arrêt évoque « des irrégularités » dans le processus ainsi qu'un « abandon des principes fondamentaux concernant le service de sécurité intérieure ».
« Directives juridiques »
La Cour « a statué que le Premier ministre a agi en situation de conflit d'intérêts » dans cette affaire, a écrit Mme Baharav-Miara, également conseillère juridique du gouvernement, dans un communiqué après la publication de l'arrêt.
« Par conséquent, il doit s'abstenir de toute action liée à la nomination d'un nouveau chef du Shin Bet jusqu'à l'élaboration de directives juridiques garantissant la régularité de la procédure », a-t-elle ajouté.
« Le gouvernement d'Israël, sous ma direction, va nommer le chef du Shin Bet », a rétorqué M. Netanyahu lors d'une conférence de presse à Jérusalem.
« Le chef du Shin Bet est nommé par le gouvernement sur proposition du Premier ministre, c'est la loi et tout le monde doit respecter la loi, y compris la Cour et la conseillère juridique du gouvernement », a-t-il affirmé.
Le limogeage de M. Bar était contesté notamment par l'opposition, qui y voyait le signe d'une dérive autocratique du pouvoir. Il a ravivé les divisions de la société israélienne en pleine guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, et entraîné un regain des manifestations contre l'exécutif.
M. Netanyahu affirme que le gouvernement peut décider à sa guise de nommer et renvoyer le chef du Shin Bet, à qui il reproche l'échec à empêcher l'attaque sanglante du Hamas ayant déclenché la guerre, le 7 octobre 2023.
M. Bar, qui a reconnu sa responsabilité personnelle dans cet échec, a toujours soutenu que la décision de M. Netanyahu de le limoger était motivée par une animosité personnelle à son endroit et et non pour des raisons liées à ses compétences professionnelles.
Dans une déclaration écrite adressée à la Cour suprême le 28 avril, il affirme que le Premier ministre avait exigé de lui une loyauté personnelle et lui avait ordonné d'espionner des manifestants antigouvernementaux, ce que M. Netanyahu a qualifié de « mensonge absolu ».
L'affaire est encore compliquée par une enquête du Shin Bet diligentée par M. Bar et visant des proches de M. Netanyahu soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin du Qatar.
La procureure générale de l'Etat d'Israël, Gali Baharav-Miara, a interdit mercredi soir au Premier ministre Benjamin Netanyahu de nommer en l'état un successeur au chef démissionnaire de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet), Ronen Bar.Arguant d'un « conflit d'intérêts » du Premier ministre dans cette affaire, Mme Baharav Miara, a justifié sa décision en s'appuyant sur un arrêt rendu dans la soirée par la Cour suprême et jugeant que la décision prise en mars par le gouvernement de limoger M. Bar était « contraire à la loi ».Mais le chef de l'exécutif a campé sur sa ligne affirmant qu'il avait bel et bien l'intention de proposer un candidat au vote du gouvernement.« La Cour suprême a statué que la décision du gouvernement de mettre fin au mandat du chef du Shin Bet a été prise selon une...