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Moyen-Orient - Syrie

Damas envisage d'imprimer de la monnaie aux Émirats et en Allemagne, plutôt qu'en Russie

Jeudi, un protocole d’accord d’une valeur de 800 millions de dollars a été signé entre Damas et la société émiratie DP World pour le développement du port de Tartous.

Damas envisage d'imprimer de la monnaie aux Émirats et en Allemagne, plutôt qu'en Russie

Des livres syriennes, à Damas, le 16 mai. Photo Gabriel Blondel

Les autorités syriennes projettent d’imprimer une nouvelle version de la livre syrienne aux Émirats arabes unis et en Allemagne, en lieu et place de la Russie, ont indiqué à Reuters trois sources proches du dossier. Cette initiative marque un tournant stratégique dans les relations de Damas, alors que le régime cherche à tirer parti d’un assouplissement des sanctions occidentales pour relancer une économie exsangue.

Ce changement s’inscrit dans un contexte de rapprochement accéléré entre la Syrie et plusieurs États arabes et occidentaux. Jeudi, un protocole d’accord d’une valeur de 800 millions de dollars a été signé entre Damas et la société émiratie DP World pour le développement du port de Tartous. Il s’agit du premier accord d’envergure depuis que le président américain Donald Trump a annoncé, mardi, la levée des sanctions américaines à l’encontre de la Syrie.

Les discussions autour de l’impression de billets aux Émirats et en Allemagne ont débuté en début d’année et ont gagné en intensité après l’assouplissement par l’Union européenne (UE) de certaines sanctions financières à l’encontre de Damas en février.

L’un des changements les plus symboliques de cette nouvelle émission monétaire sera la suppression du portrait de Bachar el-Assad, encore présent sur l'une des coupures violettes de la livre syrienne encore en circulation.

Les nouveaux dirigeants à Damas tentent d’agir rapidement pour redresser une économie ravagée par treize années de guerre, récemment aggravée par une pénurie de billets. C'est la Russie, l’un des principaux soutiens d’Assad, qui imprimait jusque-là la monnaie syrienne depuis plus de dix ans, après la rupture d’un contrat avec une entreprise européenne à la suite des sanctions de l’UE.

Malgré la fuite de l’ancien président Assad en Russie en décembre dernier, les nouvelles autorités à Damas maintiennent des liens étroits avec Moscou, qui continue de leur fournir des liquidités, du carburant et du blé, dans un apparent souci de préserver ses deux bases militaires sur la côte syrienne.

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Cette situation suscite l’inquiétude de plusieurs capitales européennes, désireuses de freiner l’influence russe, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine. En février, l’UE a suspendu certaines sanctions ciblant le secteur financier syrien, autorisant ainsi l’impression de monnaie.

Selon deux sources financières syriennes, la banque centrale est en négociations avancées avec la société émiratie Oumolat, spécialisée dans l’impression de billets. Le gouverneur de la banque centrale et le ministre syrien des Finances se sont rendus récemment aux Émirats et ont visité l'entreprise. Sollicitée par Reuters, la société Oumolat n’a pas souhaité commenter.

En Allemagne, deux entreprises, la société publique Bundesdruckerei et le groupe privé Giesecke+Devrient, auraient manifesté leur intérêt, selon une source syrienne et un responsable européen. Toutefois, aucun accord n’a été confirmé à ce jour. Un porte-parole de Bundesdruckerei a nié toute négociation en cours avec Damas, tandis que Giesecke+Devrient s’est abstenue de tout commentaire.

Le ministère des Affaires étrangères émirati, le gouvernement allemand, ainsi que le gouverneur de la banque centrale syrienne, Abdelkader Husriyeh, n’ont pas répondu aux sollicitations de Reuters.

La rareté des billets en Syrie alimente les spéculations. Les autorités dénoncent un phénomène de thésaurisation chez les particuliers et certains acteurs mal intentionnés, tandis que des banquiers estiment que le gouvernement lui-même limite volontairement la circulation des billets, dans une tentative de contrôle du taux de change.

De nombreux établissements bancaires refusent les retraits d’épargnants et d’entreprises, accentuant les tensions économiques dans un pays déjà confronté à une vague d’importations à bas prix.

Vendredi, la livre syrienne s’échangeait autour de 10 000 pour un dollar américain sur le marché noir, contre environ 15 000 avant la chute du régime Assad. En 2011, avant le déclenchement de la guerre, un dollar valait 50 livres syriennes.

Cet article est une traduction d'une information diffusée par Reuters en anglais. 

Les autorités syriennes projettent d’imprimer une nouvelle version de la livre syrienne aux Émirats arabes unis et en Allemagne, en lieu et place de la Russie, ont indiqué à Reuters trois sources proches du dossier. Cette initiative marque un tournant stratégique dans les relations de Damas, alors que le régime cherche à tirer parti d’un assouplissement des sanctions occidentales pour relancer une économie exsangue.Ce changement s’inscrit dans un contexte de rapprochement accéléré entre la Syrie et plusieurs États arabes et occidentaux. Jeudi, un protocole d’accord d’une valeur de 800 millions de dollars a été signé entre Damas et la société émiratie DP World pour le développement du port de Tartous. Il s’agit du premier accord d’envergure depuis que le président américain Donald Trump a annoncé,...
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