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Nos Lecteurs ont la Parole

Les religions identitaires, idéologie et barbarie

Qui a été, au moins une fois, confronté à un idéologue du commun des gens, non pas quelqu’un engagé dans la politique, parce que celui-ci essaie d’écouter, de dialoguer formellement, d’essayer de convaincre.

Non, un idéologue du commun des gens entend, mais n’écoute pas, déverse le produit de sa cervelle, ne pense pas, ne « ré-fléchit pas » (sic) au sens même optique, ne comprend pas au sens de comprendre, c’est-à-dire embrasser dans un ensemble.

Penser ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Nuance ? Discernement ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Il n’y a dans ce qu’il déverse ni pensée, ni « ré-flexion » (sic), ni raisonnement, ni politique, ni religion, ni foi, ni espérance, ni lueur minimale de sortie, « opting out », d’un cerveau programmé.

Les idéologues dans leur action politique feignent le dialogue, l’écoute, la compréhension. Mais l’idéologisé du commun des gens est celui que les politicards et manipulateurs, dans la démagogie politique, exploitent à plein dans leur travail satanique. Bloqués comme ils sont, ils servent de troupeau servile, de marchandise dans la démagogie qui sape aujourd’hui tous les fondements de la démocratie forgée par les grands pères fondateurs.

Quand ils sont musulmans ou chrétiens, la notion élémentaire de foi, transcendante par essence, ne signifie rien d’autre qu’appartenance identitaire, cloisonnement, négation de toute altérité éventuelle, occasionnelle ou même possible.

Ce sont des croyants identitaires. Leur divinité est particulière, sectaire, exclusive. Ils vont à l’église, exercent les génuflexions dans des mosquées, mais leur Dieu est particulier, exclusif, pas le Dieu des autres. Jésus ? L’exemple de Jésus ? L’espérance chrétienne ? Qu’est-ce que cela signifie ?

Il y a au Liban des chrétiens identitaires et des musulmans identitaires au plus bas niveau du politique. C’est la décadence, la négation de la pensée, de la nuance, du discernement, l’humaine condition.

Les récents documents d’al-Azhar et du pape François, surtout depuis 2017, s’adressent aux croyants du monde entier et de toutes les religions, et non aux adhérents à des religions. Mais toutes ces déclarations glissent dans la cervelle d’une populace idéologisée par des marchands du Temple, des scribes, des docteurs de la loi, des pharisiens et des « munâfiqûn » (imposteurs) suivant la disqualification du Coran.

C’est la politologie de la religion.

* * *

Au cours d’une rencontre, en fait sans débat, de trois heures à laquelle on m’a vivement sollicité pour y participer, j’ai profondément vécu et compris ce qu’est le discours idéologique.

Ce qu’on répète, rappelle et réveille des discours programmés de 1975-1990, 2016… Discours intemporel, prêt-à-porter, à consommer, à digérer sans effort : l’ennemi éternel, la « mumâna’a » (résistance), l’américanophobie… Une intervention de plus de vingt minutes fouille, comme dans une poubelle sans recyclage, plus de quinze problèmes différents : la diplomatie internationale, les forces d’opposition, le « confessionnalisme », la Constitution, la classe politique, la corruption… Pour aboutir à quoi ? Rien ! Ni diagnostic ni thérapie. Défoulement verbal auquel les oreilles sont complètement programmées. Du vomissement cérébral ! Ni questionnement ni doute minimal. Nuance ? Que signifie nuance ?

Tous les changements au Liban durant les dernières années et le désastre n’interpellent personne. On ne pense pas. On débite, on répète, on vomit des propos rabâchés, répétés. Je dis « on », sans rapport avec le « je » cartésien.

C’est ainsi que l’idéologie, avec des intellectuels perroquets, bloque toute lueur minimale d’esprit critique, de pensée au sens étymologique latin, « pensare », peser ! J’ai eu le sentiment profond qu’avec des espèces humaines idéologisées, programmées, formatées… pas d’avenir pour n’importe quel Liban. Surgit cependant ce que disait Édouard Saab, ancien rédacteur en chef du Jour et de L’Orient-Le Jour et correspondant du journal Le Monde : « Le Liban est le berceau et le cimetière des idéologies. Si Marx vivait au Liban, il serait un affreux bourgeois. » Rien ne sauve le Liban que le réalisme au sens scientifique, empirique, opérationnel.

* * *

Ces idéologues ne sont pas véritablement des êtres humains, c’est-à-dire dotés de conscience et d’intelligence, le propre de l’homme à la différence de tous les autres corps et animaux de la planète Terre ! Ce fut une rencontre extraterrestre, avec une espèce humaine formatée, programmée, complètement disciplinée et soumise au discours manipulateur de politicards.

C’est ainsi que le diable accomplit ses ravages dans le monde d’aujourd’hui, en annihilant la conscience, la pensée, l’intelligence, la nuance, le discernement.

Mais, à la différence de l’animal qui tue pour se nourrir ou se défendre, l’homme au cerveau programmé, formaté, discipliné suivant toutes les consignes d’une formation totalitaire, pratique et propage la barbarie.

Antoine MESSARRA

Chaire Unesco – USJ

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Qui a été, au moins une fois, confronté à un idéologue du commun des gens, non pas quelqu’un engagé dans la politique, parce que celui-ci essaie d’écouter, de dialoguer formellement, d’essayer de convaincre.Non, un idéologue du commun des gens entend, mais n’écoute pas, déverse le produit de sa cervelle, ne pense pas, ne « ré-fléchit pas » (sic) au sens même optique, ne comprend pas au sens de comprendre, c’est-à-dire embrasser dans un ensemble. Penser ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Nuance ? Discernement ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Il n’y a dans ce qu’il déverse ni pensée, ni « ré-flexion » (sic), ni raisonnement, ni politique, ni religion, ni foi, ni espérance, ni lueur minimale de sortie, « opting out », d’un cerveau programmé.Les idéologues dans leur...
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