Des traînées d'un système de défense aérienne indien sont visibles au-dessus de Jammu lors d'une frappe pakistanaise le 9 mai 2025. Rakesh Bakshi / AFP
Attaques de drones, tirs d'artillerie, frappes de missiles, le Pakistan et l'Inde ont encore intensifié samedi leurs opérations au quatrième jour de leur confrontation militaire, sourds aux appels insistants à la retenue des États-Unis ou de la Chine.
Depuis les frappes indiennes menées mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien, les deux puissances nucléaires se rendent coup pour coup dans une inquiétante escalade.
« 28 tués et 125 blessés » côté pakistanais depuis mercredi
Samedi matin, le Pakistan a annoncé avoir riposté à des frappes, quelques heures plus tôt, de missiles indiens visant trois de ses bases aériennes, dont l'une aux portes de la capitale Islamabad. Dans la foulée, l'Inde a confirmé avoir subi une série d'attaques pakistanaises, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires situées dans toute la partie nord-ouest de son territoire, tandis que la principale ville du Cachemire indien, Srinagar, et la base aérienne d'Awantipora, ont été frappées à la mi-journée, selon une source policière s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
Côté pakistanais, au moins 13 civils ont été tués dans le Cachemire en l'espace de 12 heures samedi matin, a déclaré l'autorité responsable des catastrophes dans la région. Le ministre de l'Information du Cachemire pakistanais, Mazhar Saeed Shah, a affirmé samedi à l'AFP que « quatre femmes et un enfant » figurent parmi ces victimes tuées « dans d'intenses bombardements indiens, sur plus de cinq endroits de la Ligne de contrôle », la frontière de facto dans la région disputée. Plus de 50 personnes ont par ailleurs été blessées dans la région. « Depuis mercredi, 28 personnes ont été tuées et 125 blessées dans des bombardements indiens ou des frappes de missiles » dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan, a-t-il ajouté, lors de la confrontation la plus intense entre le Pakistan et l'Inde depuis des décennies.
Avant l'aube samedi, deux explosions ont retenti à Islamabad et à Rawalpindi, ville toute proche où se trouvent l'état-major et les services du renseignement pakistanais. L'armée indienne a ainsi affirmé sur X avoir « pulvérisé » des « sites de lancement terroristes » de drones proche de la frontière. Le porte-parole de l'armée pakistanaise, Ahmed Sharif Chaudhry, est alors apparu à la télévision d'Etat pour annoncer que « l'Inde a(vait) attaqué avec des missiles » et que « les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot (avaient) été visées ». « Vous pouvez vous préparer maintenant à notre réponse », a-t-il lancé à l'intention de l'Inde.
Samedi matin, des porte-paroles de l'armée indienne ont confirmé que le Pakistan avait visé 26 cibles sur son sol. Parmi elles, quatre bases aériennes dont l'infrastructure et le personnel n'ont subi que des « dégâts limités ». Le secrétaire du ministère indien des Affaires extérieures, Vikram Misri, a longuement dénoncé devant la presse « les mensonges, la désinformation et la propagande » d'Islamabad, accusé de viser délibérément » des objectifs civils.
Appels à la « désescalade » sur la scène internationale
L'aggravation des combats entre les deux rivaux a suscité les appels au calme de plus en plus inquiets de nombreuses capitales étrangères. Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu avec Subrahmanyam Jaishankar et Ishaq Dar, ses homologues indien et pakistanais et les a exhortés « à rétablir une communication directe pour éviter toute erreur de calcul », selon sa porte-parole Tammy Bruce, alors que les États-Unis ont ainsi formellement offert leur médiation aux deux pays.
Le secrétaire d'État américain a été imité par le ministre des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, Fayçal bin Farhan al-Saoud, qui s'est lui aussi entretenu samedi au téléphone avec les deux diplomates. Dans un bref communiqué, le ministère saoudien a indiqué que les discussions avaient porté sur les efforts visant à une « désescalade des tensions, à mettre un terme aux affrontements militaires en cours et à promouvoir le calme ». Le chef de la diplomatie saoudienne a également « souligné l'engagement du royaume en faveur de la sécurité et de la stabilité de la région, ainsi que ses relations étroites et équilibrées avec les deux pays amis », ajoute le communiqué.
De son côté, la Chine a haussé le ton samedi en appelant « fermement » les deux pays voisins à la retenue, alors que les pays membres du G7 ont de leur côté exigé « une désescalade immédiate ».
Rivaux depuis leur indépendance et leur douloureuse partition en 1947, l'Inde et le Pakistan traversent leur plus grave crise des deux dernières décennies depuis l'assassinat de 26 civils le mois dernier dans la ville de Pahalgam, au Cachemire indien. New Delhi accuse Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu'elle soupçonne de l'attaque, ce que son voisin dément fermement. Les combats qui les opposent depuis mercredi font aussi l'objet d'une féroce bataille de communication.
Selon les bilans officiels des deux camps, les combats ont causé depuis mercredi la mort d'une soixantaine de civils pakistanais et indiens. Cet état de guerre a suscité d'importants mouvements de population de part et d'autre de la « ligne de contrôle » qui sépare la région contestée du Cachemire entre les deux pays.
Dans la partie indienne, la gare de la ville de Jammu, visée par des attaques de drones pakistanais les deux dernières nuits, était prise d'assaut samedi par des habitants en quête d'un train. « Il y a eu des fortes explosions toute la nuit », a confié à l'AFP sur un quai l'un des candidats au départ, Karan Varma, un maçon de 41 ans. « Il n'y a pas d'autre choix que de partir ».
Conséquence des opérations militaires en cours, l'espace aérien du Pakistan sera fermé « jusqu'à dimanche à 7h », a annoncé samedi à la mi-journée l'Autorité locale de l'aviation. Côté indien, un total de 32 aéroports du quart nord-ouest du pays ont été fermés au trafic aérien jusqu'à nouvel ordre.
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