
Un quartier de la banlieue-sud de Beyrouth détruit par les premières vagues de bombardements israéliens le 1er octobre 2024. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
La fondation Maharat, une ONG libanaise dédiée à la promotion de la liberté de la presse, de l'indépendance médiatique et des droits des journalistes, a publié à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse un rapport dressant un état des lieux de la profession au Liban.
Disponible en ligne, ce rapport s'intitule « Le profil des journalistes au Liban – Qui ils sont, comment ils voient leur réalité, et ce qu'ils disent de leur rôle ». Il a été élaboré à partir d'enquêtes menées auprès d'un échantillon de journalistes employés ou freelances, spécialisés dans plusieurs domaines, qui travaillent en tant qu'éditeurs ou correspondants sur le terrain et ne bénéficient d'aucune assurance maladie, entre autres critères.
Le rapport met en évidence la fragilité de la sécurité professionnelle des journalistes au Liban, l'absence de cadres institutionnels pour la transformation numérique, les défis liés à la désinformation et la précarité des conditions de travail, soulignant que le journalisme reste un risque individuel plutôt qu'une profession protégée dans ce pays.
« À la fin de 2023, les journalistes libanais se sont retrouvés au cœur d'une guerre qui les a directement pris pour cible, mettant en danger leur sécurité et entraînant la mort de 11 professionnels dans l'exercice de leurs fonctions », rappelle le rapport. D'autres ont été grièvement blessés par des frappes israéliennes au Liban-Sud, bien avant que les affrontements qui ont commencé le 8 octobre 2023 entre l'armée israélienne et le Hezbollah ne dégénèrent en guerre quasi-totale.
« Cependant, la guerre n'a pas été la seule charge pesant sur les journalistes. Des défis de longue date ont persisté, notamment une crise économique et sociale profonde, ainsi que des efforts incessants pour remplir un rôle de surveillance dans des domaines hautement sensibles tels que les réformes, la lutte contre la corruption et la transparence financière. Ces défis se sont déroulés dans un environnement médiatique saturé de désinformation et de rumeurs, menaçant les efforts de réforme et compliquant la quête de la vérité », a expliqué la directrice exécutive de Maharat, Roula Mikhael, citée dans le communiqué.
« De plus, le secteur des médias au Liban — comme ailleurs dans le monde — traverse des transformations rapides dictées par les développements technologiques et l'intelligence artificielle. Ces changements se produisent dans un contexte économique difficile qui menace la pérennité des institutions médiatiques et la sécurité de l'emploi des travailleurs des médias, soulevant des questions existentielles sur l'avenir du journalisme et le rôle des journalistes à l'ère numérique », a-t-elle ajouté.
Le communiqué conclut que ce rapport « sert d'appel à la restauration de la valeur de la liberté de la presse, non pas comme un slogan de célébration, mais comme une responsabilité collective qui nécessite la protection des vies des journalistes et de leur dignité professionnelle, ainsi que l'autonomisation de leur rôle vital au service de la vérité et de la démocratie ».
Maharat est financée par plusieurs agences des Nations unies, l’Union européenne et des organisations comme la Middle East Partnership Initiative (MEPI) du département d’État américain.
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13 h 22, le 06 mai 2025