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Politique - Attaques israéliennes

Le Liban officiel met les pays garants de la trêve face à leurs responsabilités

Jasper Jeffers, le général américain qui dirige le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, est attendu ce mercredi à Beyrouth. 

Le Liban officiel met les pays garants de la trêve face à leurs responsabilités

Le président de la République, Joseph Aoun, en réunion avec une délégation de l’Institute for Middle East Studies à Washington, au palais de Baabda, le 29 avril 2025. Photo fournie par la présidence de la République

Le Liban officiel hausse le ton. Après la frappe israélienne contre la banlieue sud de Beyrouth dimanche dernier, le président de la République a envoyé un message assez ferme aux pays garants de l’accord de trêve, notamment les États-Unis. Il a déclaré mardi que « le maintien d’un Liban stable et sûr est dans l’intérêt des États-Unis », lors d’une rencontre avec une délégation du groupe de réflexion américain Middle East Institute, basé à Washington et dirigé par le général américain à la retraite Joseph Votel.

Au cours de la réunion, Joseph Aoun a ajouté que l’armée libanaise avait besoin d’« une aide urgente afin de permettre aux unités militaires d’assumer leurs responsabilités dans le maintien de la sécurité et de la stabilité dans le pays », ajoutant que « les États-Unis devraient aider le Liban à atteindre une stabilité et une sécurité durables ». Cette déclaration intervient alors que les autorités libanaises ne cessent d’exhorter les États-Unis et la France, parrains de l’accord de cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 entre le Liban et Israël, qui a mis un terme à plus de treize mois de conflit entre le Hezbollah et l’État hébreu, à faire pression sur Israël afin qu’il cesse de violer continuellement l’accord. La veille, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, avait appelé l’État à adopter une diplomatie plus agressive envers les pays garants, en convoquant notamment leurs ambassadeurs pour protester contre les attaques israéliennes.

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« La décision du monopole des armes par l’État est irréversible »

Toutefois, Joseph Aoun a également haussé le ton face au Hezbollah – qui résiste aux tentatives de le désarmer –, déclarant à la délégation américaine que « la décision du monopole des armes par l’État est irréversible, car elle bénéficie d’un large soutien des Libanais et des pays amis », ajoutant que « ce processus ne provoquera pas de troubles sécuritaires dans le pays ». Il se fera « par le dialogue avec les parties concernées, qui sont elles aussi attachées à la stabilité, à la paix civile et au rôle de l’État central », a-t-il de nouveau assuré. Il a ajouté que « les évolutions dans la région sont encore favorables à l’adoption de solutions pacifiques, même si cela nécessite un certain temps pour éviter les obstacles ». Les discussions autour de l’arsenal du Hezbollah interviennent alors que le parti chiite est sorti très affaibli de la guerre avec Israël. Il a également perdu un allié régional clé : le régime syrien de Bachar el-Assad.

Dans ce contexte, l’agence al-Markaziya a rapporté, citant des sources gouvernementales, que « l’armée a mené des perquisitions dans plus de 500 sites du Hezbollah au sud et au nord du fleuve Litani, ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth ». Elles ont également précisé que Jasper Jeffers, le général américain qui dirige la commission de surveillance du cessez-le-feu, est attendu mercredi à Beyrouth pour une tournée auprès des responsables. Sur le plan économique, M. Aoun a souligné que le Liban « poursuit les réformes économiques, financières et administratives ». Il a indiqué que les réunions de printemps avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, auxquelles a participé la délégation libanaise, se sont « bien déroulées », espérant qu’elles auront « des résultats positifs aux niveaux financier et économique ». Concernant la frontière libano-syrienne, le chef de l’État a affirmé qu’il surveillait en permanence la situation, ajoutant que l’armée est « présente pour empêcher toutes les formes de contrebande et réguler les mouvements entre les deux pays ». Il a aussi souligné que « le Liban est déterminé à assurer le retour des réfugiés syriens dans leur pays, d’autant que les raisons politiques et sécuritaires ayant justifié la présence de la majorité d’entre eux au Liban ont disparu après les changements intervenus en Syrie ». Il a ajouté que « la levée des sanctions économiques imposées à la Syrie redynamiserait l’économie syrienne et offrirait des opportunités de retour aux réfugiés dans leur pays, au lieu qu’ils demeurent des migrants économiques au Liban ».

Nawaf Salam aussi

Le Premier ministre, Nawaf Salam, a lui aussi condamné mardi les violations de l’accord de cessez-le-feu par Israël, estimant que la présence continue de son armée sur des positions au Liban-Sud « menacera la stabilité », appelant à activer le rôle du comité de supervision du cessez-le-feu pour mettre un terme aux violations israéliennes. Nawaf Salam a affirmé, lors d’une réunion avec le syndicat de la presse, que « l’attaque contre la banlieue sud de Beyrouth et les autres agressions israéliennes constituent une violation des dispositions de cessation des hostilités », estimant que « l’activation du mécanisme de surveillance est nécessaire pour mettre fin à ces agressions ». Il en a également appelé à la France et aux États-Unis : « Le Liban est engagé dans (l’application de) l’accord (qui prévoit notamment le désarmement du Hezbollah et le déploiement de l’armée libanaise au Liban-Sud, NDLR), et la partie israélienne doit l’être aussi. Il nous importe que les positions américaine et française demeurent aux côtés du Liban pour atteindre cet objectif », a-t-il déclaré. Le Premier ministre a également tancé le Hezbollah, rappelant que ce dernier a avalisé la déclaration ministérielle de son gouvernement, qui prévoit le monopole des armes aux mains de l’État. Dans ce cadre, le Premier ministre irakien, Mohammad Chia al-Soudani, et le roi de Jordanie, Abdallah II, ont discuté mardi après-midi lors d’un entretien téléphonique de la « nécessité (...) de consolider l’accord de cessez-le-feu au Liban », rapporte un communiqué du bureau de presse du Premier ministre irakien. Le président Aoun doit, lui, s’envoler vers les Émirats arabes unis pour une visite d’État, sur invitation du président Mohammad ben Zayed al-Nahyane. 

Le Liban officiel hausse le ton. Après la frappe israélienne contre la banlieue sud de Beyrouth dimanche dernier, le président de la République a envoyé un message assez ferme aux pays garants de l’accord de trêve, notamment les États-Unis. Il a déclaré mardi que « le maintien d’un Liban stable et sûr est dans l’intérêt des États-Unis », lors d’une rencontre avec une délégation du groupe de réflexion américain Middle East Institute, basé à Washington et dirigé par le général américain à la retraite Joseph Votel. Au cours de la réunion, Joseph Aoun a ajouté que l’armée libanaise avait besoin d’« une aide urgente afin de permettre aux unités militaires d’assumer leurs responsabilités dans le maintien de la sécurité et de la stabilité dans le pays », ajoutant que...
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Sissi zayyat

13 h 58, le 30 avril 2025

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Commentaires (5)

  • Et mon commentaire alors?

    Sissi zayyat

    13 h 58, le 30 avril 2025

  • LA TREVE AYANT DES CONDITIONS AVEC DES CLAUSES ET DE SOUS-CLAUSES AGREES PAR LES DEUX PARTIES... ISRAEL ET LE TANDEM CHIITE, HEZBOLLAH ET AMAL, LES PAYS GARANTS NE PEUVENT QUE JUGER PAR L,ACCORD. OR L,ACCORD PARLE DE DESARMEMENT DES MERCENAIRES IRANIENS ET DE L,EMPRISE DE L,ARMEE LIBANAISE SUR TOUT LE SOL NATIONAL POUR LE RETRAIT TOTAL D,ISRAEL ET L,ARRET D,OPERATIONS EXCEPTIONNELLES QUE LUI ACCORDE CE CONTRAT.

    LA LIBRE EXPRESSION : LE PAYS EST EN DANGER.

    13 h 53, le 30 avril 2025

  • "Après la frappe israélienne contre la banlieue sud de Beyrouth dimanche dernier, le président de la République a envoyé un message assez ferme aux pays garants de l’accord de trêve, notamment les États-Unis." C'est donc pour cela que Trump a eu une dépression nerveuse?

    Georges MELKI

    10 h 02, le 30 avril 2025

  • La soit disant "communauté internationale " dirigée par les USA ( IMF et Banque Mondiale) n'ont pas été satisfaits des "réformes" requises. S'il y a quelqu'un qui traîne du pied sur ce plan ( économique et administratif), c'est clairement l' État Libanais. On agit toujours comme si de rien n'était au moment où les urgences s'empilent les une au-dessus des autres. Pathétique.

    Raed Habib

    08 h 02, le 30 avril 2025

  • Mettre les pays garantis de l'accueil de cessez-le-feu face à leurs responsabilités? Oui, bien sûr, mais le Liban devrait aussi assumer les sirènes. "La décision du monopole des armes aux mains de l'État est irréversible ". Alors qu'attend-on pour la me6en œuvre ?

    Yves Prevost

    07 h 51, le 30 avril 2025

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