L'homme d'affaires émirati Khalaf al-Habtoor, directeur du conglomérat al-Habtoor Group, a révélé ce week-end un projet aussi ambitieux que fou pour son hôtel emblématique au Liban, le Metropolitan Beyrouth : démonter le bâtiment pour le transférer vers une destination encore tenue secrète. Cet immeuble, situé à Sin el-Fil, fait face à la tour de l'ex-hôtel Hilton, rebaptisé al-Habtoor Grand, qui lui appartient également. 

Dans une vidéo publiée sur son compte X, M. Habtoor, connu pour ses sorties souvent polémiques sur le pays du Cèdre, documente sa réunion avec une équipe d’ingénieurs de son groupe, de représentants d’un cabinet-conseil et de la China Railway Construction Corporation (CRCC), une entreprise publique chinoise, concernant ce projet. L'idée consiste à découper le bâtiment en « tranches », en sections transportables, pour le transférer sur « un site voisin », selon l'un des ingénieurs intervenant dans la vidéo. L'employé présumé de l'entreprise chinoise, qui a déjà testé cette méthode, a de son côté souligné que chaque section va être « renforcée verticalement et horizontalement pour assurer la stabilité de la structure avant de déterminer le tracé optimal pour le transfert ».

اجتمعت صباح اليوم مع الفريق الهندسي في #مجموعة_الحبتور والاستشاري وشركة المقاولات الصينية في #الحبتور_سيتي لدراسة نقل مبنى نملكه من دولة إلى أخرى.

سعيد بأن الدراسة قد اكتملت، والنتائج تبدو واعدة جداً. حيث ناقشنا كافة التفاصيل الفنية واللوجستية مع الفريق، وأنا راض تماماً عن ما تم… pic.twitter.com/LmL9FBhKcx

— Khalaf Ahmad Al Habtoor (@KhalafAlHabtoor) April 26, 2025

Transport terrestre ou maritime ? 

Pour le transport, deux options sont à l'étude : un transport maritime (la plus probable), à partir d'un port et à bord d'un navire, et un transit terrestre, jugé plus complexe en raison des « routes sinueuses et des reliefs montagneux ». Dans le pays de destination, seules les fondations du bâtiment devront être creusées, et le reste de la structure « avec les meubles et l'air conditionné » seront prêts. Un plan « technique applicable », selon les personnes présentes. Dans la publication accompagnant la vidéo, M. Habtoor s’est dit « pleinement satisfait » des conclusions de l’étude, qualifiant les résultats de « complets et prometteurs », et a exprimé son enthousiasme à l’idée de concrétiser ce chantier complexe « dans un avenir proche ».

L'homme d'affaires avait annoncé fin janvier la suspension totale de ses investissements au Liban, quelques jours à peine après avoir exprimé son intention de relancer ses projets dans le pays « dès le futur gouvernement formé ». Il avait alors évoqué l'« absence de sécurité et de perspectives économiques », deux mois après la trêve qui a mis fin à plus d’un an de guerre entre le Hezbollah et Israël.

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Centre commercial et parc d'attractions à l'abandon

L'Emirati, qui n'est pas venu en personne au Liban depuis 20 ans, selon Reuters, avait annoncé en 2024 son intention d'ouvrir une chaîne télévisée dans la capitale libanaise, avant de revenir sur cet engagement. Parmi ses autres propriétés dans le pays : un centre commercial, voisin des deux hôtels de Sin el-Fil, à l'abandon depuis le début de la crise économique en 2019, et un parc d'attractions à Jamhour, également fermé depuis des années. 

Khalaf al-Habtoor, connu pour ses sorties verbales contre le Hezbollah, a multiplié les déclarations depuis l’élection du président Joseph Aoun à la tête de l'État, y déplorant entre autres la mainmise du parti chiite, parrainé par l'Iran, sur la gouvernance du pays. Quelques jours avant les funérailles de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, assassiné lors d’un raid israélien dans la banlieue sud de Beyrouth, le milliardaire émirati avait mis en garde en février contre « la fin du Liban » en cas de représentation officielle.

Un mois plutôt, dans une interview à l'agence Reuters, il avait également relevé que le Liban n'était toujours pas sûr et qu'il avait été menacé d'être « massacré et tué » en 2024. La menace, proférée sur les réseaux sociaux par une personne anonyme, l'avait conduit à déposer une plainte, qu'il a gagnée devant un tribunal libanais. Lorsqu'on lui a demandé s'il envisageait d'investir à nouveau au Liban, l'homme d'affaires a répondu que si le pays pouvait assurer la sécurité et la protection, il « reviendrait sans aucun doute ».