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Nos Lecteurs ont la Parole

Liban : la jeunesse en exil ou en mission de reconstruction ?

Le Liban, autrefois centre de culture, de savoir et d’innovation, traverse aujourd’hui une crise existentielle. Ses universités continuent de former des talents, mais ces derniers partent en masse, passeport en main, sans perspective de retour. Depuis 2019, plus de 250 000 jeunes ont quitté le pays, vidant le Liban de ses forces vives.

Face à une crise économique sans précédent, à un blocage politique chronique et à une perte de confiance généralisée, la jeunesse libanaise est confrontée à un dilemme existentiel : faut-il partir ou rester pour reconstruire ?

L’exil devient le dernier refuge d’une génération sacrifiée. Ceux qui quittent le Liban ne cherchent pas seulement de meilleures opportunités, ils fuient un système qui bride les ambitions et ne récompense ni le mérite ni l’innovation.

Trois facteurs expliquent cet exode massif : un effondrement économique sans précédent avec une monnaie dévaluée de plus de 98 %, un chômage des jeunes dépassant les 40 %, des salaires réduits à une fraction de leur valeur réelle ; un avenir professionnel bouché où même les diplômés des meilleures universités ne trouvent pas d’emploi décent et où le marché du travail est asphyxié, et les opportunités limitées aux réseaux d’influence ; un État absent et un système verrouillé qui ont permis une corruption omniprésente qui décourage toute réforme avec une classe politique incapable de redresser le pays et une instabilité chronique qui repousse les investissements et l’innovation.

Dans ces conditions, l’émigration n’est pas un choix, mais une nécessité. Pourtant, à force de voir ses jeunes partir, le Liban risque de se transformer en un pays sans avenir.

Rester et reconstruire serait donc un défi ou une mission ? Malgré tout, une partie de la jeunesse refuse d’abandonner le pays. Contre toute attente, des initiatives émergent, portées par des jeunes qui croient encore à la possibilité d’un renouveau.

Une résilience entrepreneuriale émerge malgré la crise : des start-up et des projets innovants voient le jour dans les domaines de la tech, de l’agriculture durable et des énergies renouvelables.

Un réveil citoyen : une jeunesse engagée milite pour une rupture avec le système confessionnel et corrompu, proposant des alternatives politiques et sociales.

Une solidarité locale active : face à l’inaction de l’État, de nombreux jeunes s’impliquent dans des projets d’entraide, de réhabilitation et de soutien aux plus vulnérables.

Mais ces initiatives suffiront-elles à renverser la tendance ?

Y a-t-il des solutions pour retenir la jeunesse libanaise ?

Si le Liban veut stopper son hémorragie humaine, des mesures concrètes s’imposent :

1. Un plan d’urgence économique : développer des secteurs d’avenir (tech, énergies renouvelables, industrie locale) ; réformer le secteur bancaire pour restaurer la confiance ; encourager les entreprises à embaucher et former des jeunes talents.

2. Un marché du travail compétitif : mettre fin au népotisme et promouvoir la méritocratie ; adapter l’éducation et la formation aux besoins du marché ; faciliter l’accès aux financements pour les jeunes entrepreneurs.

3. Une refonte politique en profondeur : réformer le système électoral pour permettre l’émergence de nouvelles forces ; lutter efficacement contre la corruption et l’impunité ; garantir un État de droit qui protège les citoyens et favorise l’investissement.

4. Un nouveau projet national : redonner à la jeunesse des raisons d’espérer à travers une vision de long terme ; impliquer la diaspora dans la relance du pays ; valoriser les réussites locales pour renforcer le sentiment d’appartenance.

Le Liban est à la croisée des chemins. Soit il continue de sombrer, voyant ses jeunes partir et ses espoirs s’éteindre. Soit il se redresse, porté par ceux qui choisissent de rester et de se battre pour sa reconstruction.

L’émigration est une réponse immédiate, mais elle ne sauvera pas le pays. À l’inverse, reconstruire est un défi immense, mais peut-être le seul espoir d’un Liban souverain, prospère et juste.

Alors, la jeunesse libanaise choisira-t-elle d’écrire le prochain chapitre de son histoire, ou de tourner la page pour toujours ?


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le Liban, autrefois centre de culture, de savoir et d’innovation, traverse aujourd’hui une crise existentielle. Ses universités continuent de former des talents, mais ces derniers partent en masse, passeport en main, sans perspective de retour. Depuis 2019, plus de 250 000 jeunes ont quitté le pays, vidant le Liban de ses forces vives. Face à une crise économique sans précédent, à un blocage politique chronique et à une perte de confiance généralisée, la jeunesse libanaise est confrontée à un dilemme existentiel : faut-il partir ou rester pour reconstruire ? L’exil devient le dernier refuge d’une génération sacrifiée. Ceux qui quittent le Liban ne cherchent pas seulement de meilleures opportunités, ils fuient un système qui bride les ambitions et ne récompense ni le mérite ni l’innovation. Trois...
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