Le président libanais, Joseph Aoun, et son épouse, à Bkerké. Photo X/Présidence libanaise.
Le président libanais, Joseph Aoun, a qualifié dimanche le désarmement du Hezbollah de question « délicate », au lendemain du discours du secrétaire général du parti, Naïm Kassem. Il a toutefois souligné son attachement à son discours d'investiture, dans lequel il a promis le rétablissement du monopole des armes aux mains de l'État.
Le président Aoun a déclaré que la question du monopole de l'Etat sur la détention d'armes était un sujet « sensible, délicat et fondamental pour la préservation de la paix civile ». « Nous mettrons en place » un monopole de l'Etat, a-t-il assuré devant des journalistes, « mais il faut attendre que les circonstances le permettent ». « Que personne ne me parle de calendrier ou de pression, a-t-il ajouté. Les questions intérieures controversées ne peuvent être abordées que dans un esprit de dialogue et de concertation, sans confrontation. Sinon, nous mènerons le Liban à la ruine ». « Ce que j’ai dit dans mon discours d’investiture à propos du monopole des armes n’était pas des paroles en l’air », a-t-il aussi lancé, tout en réitérant son appel au dialogue, à l’heure où des pourparlers bilatéraux entre Baabda et Haret Hreik auraient été lancés.
Le Hezbollah est sorti affaibli de plus d'un an de conflit avec Israël, dont deux mois de guerre ouverte à l'automne, déclenché par la guerre à Gaza. Le parti chiite « ne permettra à personne de le désarmer », a affirmé vendredi son secrétaire général, Naïm Kassem. Il s'est dit prêt à engager un « dialogue » voulu par l'Etat libanais sur une « stratégie de défense », « mais pas sous la pression de l'occupation et de l'agression » israélienne.
L'émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a récemment déclaré que le désarmement du Hezbollah devait se faire le plus tôt possible. Un autre haut responsable du Hezbollah avait affirmé vendredi que le mouvement refuserait toute discussion sur la remise de ses armes tant qu'Israël ne se serait pas totalement retiré du Liban.
« Contrebande d'armes »
Dimanche, le ministère de la Santé a fait état d'un raid israélien « contre un véhicule à Kaouthariyet al-Saiyad », entre Saïda et Tyr, dans le sud du Liban, qui a fait un mort, et d'une attaque sur une maison à Houla, près de la frontière israélienne, qui a fait aussi un mort.
Sans préciser le lieu de la frappe, l'armée israélienne a déclaré avoir « éliminé » le chef adjoint d'une unité du Hezbollah qui « travaillait à la contrebande d'armes et d'argent » vers le Liban au bénéfice du mouvement. L'armée a accusé ce combattant d'avoir collaboré « avec des cadres iraniens » afin de faciliter ces opérations de contrebande, « y compris via l'aéroport international de Beyrouth » et la frontière syro-libanaise.
L'agence officielle libanaise ANI a également affirmé que l'aviation israélienne avait mené « une série de raids » sur la région montagneuse d'Iqlim al-Tuffah, à l'est de Saïda, ainsi que sur les secteurs de Jezzine et d'Arnoun.
Israël a poursuivi ses frappes au Liban en dépit du cessez-le-feu et occupe toujours cinq positions qu'il juge « stratégiques » dans le sud du pays, mais les bombardements de dimanche semblaient plus intenses qu'à l'habitude.
Joseph Aoun a fait le point avec le chef de l'armée sur « les attaques israéliennes sur un certain nombre de villages du sud », selon la présidence.
L'accord de trêve prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres au nord, ainsi que le retrait total des forces israéliennes de ces régions où l'armée libanaise a commencé à se déployer.
L'armée a indiqué dimanche avoir saisi des roquettes et leurs lanceurs dans la région de Saïda-Zahrani et arrêté plusieurs personnes soupçonnées de préparer des tirs vers des zones sous contrôle israélien.
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