
Le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab. Anwar Amro / AFP
Le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, a estimé jeudi qu'il était « impératif d'apporter des amendements » à la loi sur la revalorisation des retraites des enseignants du privé publiée dans le Journal Officiel le 3 avril 2025, en particulier sur « l’effet rétroactif, le versement des indemnités et les pensions », et a annoncé la tenue « prochaine d’une réunion avec la commission parlementaire de l’Éducation » sur le sujet.
Ces propos ont été tenus au cours d’une rencontre à Bkerké, entre le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, une délégation de l’Union des associations des écoles privées présidée par le secrétaire général des Écoles catholiques, le père Youssef Nasr, et de l’ancienne députée et ex-ministre de l'Éducation, Bahia Hariri. L’initiative visait à « trouver une issue à la crise provoquée par l’entrée en vigueur de la loi, qui concerne directement les établissements scolaires privés », a indiqué le député Bou Saab, cité par l’Agence nationale d'information (ANI, officielle).
Cette législation a provoqué la colère des établissements privés, qui refusent de financer, à leurs frais, le fonds de compensation destiné aux enseignants retraités, après l'effondrement de la livre libanaise à partir de 2019 et la dévalorisation des fonds de retraite. Le père Youssef Nasr avait même demandé « la suspension de la loi » le temps que des réunions entre les différentes parties concernées aboutissent à une « formule viable ».
Cette rencontre s'est en revanche déroulée en l'absence des enseignants et responsables syndicaux, notamment du président du Syndicat des enseignants du privé, Nehmé Mahfoud, qui s'est démené en 2023 pour faire adopter la loi.
Le parlementaire a indiqué que des discussions auront lieu prochainement avec la commission parlementaire de l’Éducation « pour discuter des amendements à la suite d'une rencontre avec le syndicat des enseignants et les associations liées aux écoles privées ».
Deux lois ayant pour objectif de soutenir la caisse de retraites des enseignants du privé, adoptées par le Parlement en décembre 2023 et gelées par l’ancien Premier ministre Nagib Mikati, ont été publiées le 3 avril 2025 au Journal officiel, à la demande du Premier ministre Nawaf Salam.
La première loi permet « l’alimentation par l’État de la caisse de retraite des enseignants du privé à hauteur de 650 milliards de livres libanaises ». La seconde permet « l’amendement de la loi organisant le corps professoral et le budget scolaire des écoles privées » qui remonte à 1956 (le code du travail ne s’appliquant pas aux enseignants).
Dans les détails, la première loi a pour objectif de permettre à l’État de renflouer pour un an les caisses de retraites vides, à hauteur de 650 milliards de LL, le temps que la deuxième loi se mette en place et que la caisse des retraites s’auto-alimente. Pour ce faire, la seconde loi impose aux établissements éducatifs privés non seulement une hausse du pourcentage des cotisations à la caisse, mais aussi le versement de ces contributions en dollars. Pour chaque enseignant, les montants à verser par l’établissement représentent désormais 8 % du salaire, aides en dollars comprises, alors que la contribution des instances éducatives à la caisse était de 6 % jusque-là, sur base du salaire en livres libanaises.
Autre disposition de cette loi, les établissements scolaires sont tenus de présenter un quitus prouvant qu’ils se sont bien acquittées de leur contribution à la caisse de retraite des enseignants. Quant à la part des enseignants, elle restera en livres libanaises, mais passera de 6 à 8 % de leur salaire.
Avant d'être appliquée, la loi doit obtenir l'accord du vice-président du Parlement et de la ministre de l'Éducation, Rima Karamé.