Dans l’Ancien Testament, Abraham était prêt à sacrifier son fils Jacob à la demande de Dieu qui voulait tester sa foi en Lui. L’assassin Hérode a donné l’ordre de massacrer tous les enfants de Bethléem, de moins de deux ans, visant ainsi l’Enfant Jésus craignant que la naissance de ce dernier menace son royaume !
L’enfant, durant des siècles et des siècles, faisait partie des possessions des parents et surtout du père qui le privait de participer à n’importe quelle décision sous prétexte de son incapacité et de son immaturité.
La corruption a changé le sens de beaucoup de mots, entre autres, le mot « droit » et le mot « loi » rendant les gens stupéfaits et même parfois horrifiés devant des situations pitoyables d’enfants victimes à tous les âges.
Après la déclaration universelle des droits de l’homme aux Nations unies, en 1948 en présence du ministre libanais Charles Malek, l’enfant s’est vu, lui, assurer ultérieurement une sécurité et une protection avec la publication de la déclaration de la convention des droits de l’enfant le 20 novembre 1989. Cette dernière est normalement appliquée au Liban depuis décembre 1991. Le 20 novembre de chaque année, le monde entier célèbre « la Journée mondiale de l’enfance ». Où en est l’enfant depuis tout cela et la presse ne cesse de rapporter quotidiennement toutes les minutes et voire toutes les secondes d’horribles faits violant les droits des enfants défiant la justice, elle-même et dans plusieurs régions du monde, se trouve menacée par la corruption.
Puisque l’enfant a droit à une vie heureuse, pourquoi est-il toujours en danger, victime de lourdes négligences en provenance de l’État (sécurité routière et application de la justice) des parents et même de l’école ? Victime de maltraitance, de violences physiques, morales ou émotionnelles, d’accidents, et d’abus de toutes sortes.
Des nouveau-nés sont retrouvés abandonnés par-ci, par-là, des nourrissons et des enfants expriment leur faim. Les déchirures familiales (séparations et divorces) devenues de plus en plus fréquentes favorisent chez les enfants les perturbations scolaires, l’omission des vaccins, les abus de toutes sortes, les agressions et l’exploitation : enfants retrouvés dans les rues mendiants et même quelques-uns au travail.
Les enfants ne doivent guère être victimes de guerre, de balles perdues durant les festivités et les célébrations de toutes sortes, et de viols écœurants surtout quand le violeur est un des proches.
Le plus terrible reste le fait que bien dans de nombreux pays y compris au Liban, ces histoires aient été, quoique non toutes dévoilées, pendant des siècles, considérées comme des tabous. Nous continuons encore aujourd’hui à assister et à vivre ces événements scandaleux et douloureux surtout pour les personnes appelées dans leur travail à vivre avec des enfants. Faudrait-il une collaboration multidisciplinaire des autorités concernées aux ministères de l’Éducation, des Affaires sociales, de la Santé publique et de la Justice afin de faire une mise au point sur l’état actuel de ce malaise historique plaidant pour tout effort de lutte contre l’ignorance, la pauvreté, la guerre et la violence, facteurs majeurs qui aboutissent aux malheurs de l’humanité et encore plus de l’enfance.
Dr Joseph RACHKIDI
Pédiatre, ancien président de la SPLN (Société libanaise de pédiatrie au Nord)
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