
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti destourien libre (PDL) et critique du président Kais Saied, brandissent le signe V pour victoire lors d'une manifestation appelant à sa libération à Tunis, le 9 avril 2025. Photo AFP/FETHI BELAID
Des centaines d'opposants, pour l'essentiel des sympathisants du Parti destourien libre (PDL) qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, se sont rassemblés mercredi à Tunis pour « défendre les libertés » et dénoncer une régression des droits ces quatre dernières années.
Deux manifestations distinctes étaient organisées, l'une par le PDL d'Abir Moussi, emprisonnée depuis octobre 2023, et une autre par la principale coalition d'opposants le Front de Salut national (FSN), qui compte aussi des dirigeants détenus, à l'occasion de la commémoration de la rébellion du 9 avril 1938 contre la colonisation française.
Le rassemblement du FSN, mouvement qui inclut le parti islamo-conservateur Ennahdha, a réuni à peine une centaine de personnes alors que le PDL a mobilisé entre 500 et 1.000 manifestants, selon des journalistes de l'AFP, environ 4.000 selon les organisateurs.
En Tunisie, l'opposition est minée par les divisions. En particulier, tout rapprochement entre le PDL et le FSN, les deux formations les plus importantes du pays, paraît impossible, les « Destouriens » estimant qu'Ennahdha, qu'ils honnissent pour sa proximité d'origine avec le mouvement islamiste des Frères musulmans, forme le noyau du FSN.
« Dehors la dictature », « Trop d'arrestations », scandaient les manifestants du PDL dont un bon nombre d'enseignants ou fonctionnaires, qui agitaient des drapeaux tunisiens. Certains portaient des panneaux « Liberté pour Abir » ou la photo de la cheffe du PDL, qui purge une peine d'un an et quatre mois de prison pour avoir critiqué l'autorité électorale Isie et est sous le coup d'accusations de complot contre la sûreté de l'Etat.
« Une certaine lassitude »
Sans jamais nommer le président Kais Saied, auteur en juillet 2021 d'un coup de force lui ayant permis de s'octroyer les pleins pouvoirs, plusieurs manifestants ont dénoncé l'emprisonnement des principales figures de l'opposition et de dizaines d'avocats, journalistes et défenseurs des droits. Hafsia Habou, tatouage au nom du héros de l'indépendance Habib Bourguiba sur le bras, brandissait une photo de l'avocate Sonia Dahmani, en détention depuis près d'un an, « qui n'a fait que donner son avis » sur l'état du pays.
Elle a même jugé injuste que le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, ancien président du Parlement, soit en prison, malgré « tout le mal qu'il a fait à la Tunisie », quand son parti dominait les coalitions qui se sont succédées au pouvoir après la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, lors de la Révolution de 2011.
« Il y a une régression des libertés politiques et individuelles », à cause du décret-loi 54 sur les fausses nouvelles promulgué en 2022 par Kais Saied, a indiqué à l'AFP Ali Bejaoui, membre du bureau politique du PDL. Il a aussi fustigé une « limitation des activités des partis », absents des médias tunisiens, et un « musèlement de la presse ».
Constatant une mobilisation moins forte qu'habituellement, Fakhri Belkhiria, chirurgien militant depuis 2019, évoque « la peur » suscitée par l'article 54, ainsi qu'une « certaine lassitude ». « Les gens regardent leurs fins de mois plutôt que se déplacer pour une action politique », a-t-il dit, déplorant aussi un découragement des jeunes « qui ne pensent qu'à quitter le pays ».
La Tunisie, endettée, connaît une croissance poussive (1,4% en 2024) et souffre d'un chômage endémique (16%) et d'une inflation très élevée (7%) qui grève le pouvoir d'achat des couches sociales moins favorisées.
Des centaines d'opposants, pour l'essentiel des sympathisants du Parti destourien libre (PDL) qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, se sont rassemblés mercredi à Tunis pour « défendre les libertés » et dénoncer une régression des droits ces quatre dernières années.Deux manifestations distinctes étaient organisées, l'une par le PDL d'Abir Moussi, emprisonnée depuis octobre 2023, et une autre par la principale coalition d'opposants le Front de Salut national (FSN), qui compte aussi des dirigeants détenus, à l'occasion de la commémoration de la rébellion du 9 avril 1938 contre la colonisation française.Le rassemblement du FSN, mouvement qui inclut le parti islamo-conservateur Ennahdha, a réuni à peine une centaine de personnes alors que le PDL a mobilisé entre 500 et 1.000...
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