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Nos Lecteurs ont la Parole

Pourquoi au Liban on ne sort plus de la crise ?

C’est simple. Il faut 1) des institutions qui fonctionnent, 2) un peuple qui adhère. Les institutions on peut les créer, remplir les postes, ériger des lois... Reste l’adhésion du peuple. Les 15 ans de guerre se sont terminés sans aucune explication, aucune révision, aucun mea-culpa. L’élite a quitté, le reste est resté brimé et mécontent. On leur a imposé des chefs de guerre en cravate qui se sont comportés en inquisiteurs spoliant le pays. Le peuple mécontent cherche que justice soit faite. En deux mots ce qui s’est passé, c’est simplement le plus grand vol du siècle.

« Qui casse paye » est la solution. Sauf qu’en cinq années écoulées on n’a pondu que les propositions suivantes : confisquer l’argent des déposants ; vendre « les bénéfices de l’or » (vendre l’inflation) ; hypothéquer l’avenir des entreprises publiques ;

spolier les terrains de l’État qui n’ont pas encore été volés. Or le vol est le fait des banquiers et de ceux qui confisquent le pouvoir avec leurs exécutants.

1- Les banquiers : ils mettent en cause la banque centrale et l’État, soit l’État dans les deux cas. Notion vague qui touche tout le monde, donc personne. D’où les cinq ans perdus. Par contre les banques c’est bien précis et on peut pointer les responsabilités. Les banques délèguent sur les écrans de télé des responsables pour les blanchir.

Ici j’aimerais éclairer un point. Il y a des « responsables » de ces banques qui se présentent sur les écrans avec le titre d’économiste principal ; ce qui sous-entend que cette banque a un service d’études économiques formé évidemment de plusieurs économistes puisqu’ils nous en présentent leur primeur « le principal » et j’imagine que cette cellule d’économistes était spécialisée non pas dans l’industrie des fruits et légumes, mais bien dans l’art de la finance et de la monnaie. Ces spécialistes avant de mettre en cause l’état peuvent-ils nous expliquer comment ils ont placé illégalement la majorité de nos dépôts auprès de la banque centrale ? Profitant d’une parité fixe (dont le maintien financé par nos dépôts), nos experts se permettaient d’emprunter des dollars à 3 % et de les placer en bons du trésor en livres libanaises à 6, 7 et 8 %

À la fin de l’année, et en connaissance totale que ce n’était qu’un jeu d’écriture, les banques comptaient leurs « bénéfices-spoliation » ainsi générés et se les distribuaient en dividendes vite évacués vers l’étranger

C’est cet argent gagné par un jeu d’écritures illégal et qui n’était qu’une façon de spolier les déposants qu’il faut rapatrier et qui se compte en milliards de dollars.

2- Le délit d’initié : en 2019 tout simplement on ferme les portes des banques au nez de tous les déposants pour réaliser le plus grand délit d’initié. Les « responsables » du pays ont sauvé leur argent tout en l’interdisant au commun des déposants causant par là même la casse des banques.

Il est vrai qu’il n’y avait et il n’y a toujours pas de capital control, mais le fait de fermer les banques et de faire fuir l’argent d’un coup en pur délit d’initié rend tous les bénéficiaires responsables de la casse des banques et pénalement responsables pour délit de délinquance financière. Tout cet argent est à rapatrier. Les banques correspondantes étrangères se trouvant responsables aussi. Comment ont-elles pu accepter cet afflux de milliards de dollars provenant d’individus d’un pays en révolte où les banques étaient fermées ? Quand on sait que lorsqu’on dépose plus de 1 500 euros sur son compte en Europe on est vite interrogé par le service antifraude de la banque. Ainsi étant coresponsables sur ce plan, cela faciliterait le gel de ces transferts en vue de les rapatrier.

En déduisant les intérêts servis sur les dépôts et en envoyant devant les tribunaux l’argent sale, il restera assez d’argent pour rembourser tous les déposants honnêtes qui de ce fait reprendront confiance et garderont l’argent dans les caisses des banques.

C’est là que se trouve l’argent des déposants. Ni dans l’inflation qui a touché l’or ni dans les biens de l’État.

Tout cela n’est pas suffisant pour que nos citoyens regagnent confiance en l’État puisque ceux qui les ont spoliés sont toujours là ou ont le culot de nous proposer leurs enfants pour les perpétuer.

À ce niveau, le maître mot est l’adage « la peur de la punition est le début de la sagesse ». Les Libanais ont besoin qu’on rétablisse l’égalité devant la justice. Ils n’acceptent plus de compter les tours immenses de la capitale qui appartiennent aux « leaders », de voir leurs enfants se déplacer en jet privé et rouler en voiture de sport la nuit quand eux doivent puiser dans leur maigre bourse. Ces Libanais pillés refusent cette injustice.

Pour y remédier : un juge honnête qui doit décréter l’ordre de geler les biens et les comptes bancaires de tous les responsables politiques, des agents et entrepreneurs qui ont traité avec l’État et constitué des fortunes aussi bien au Liban qu’à l’étranger et à titre bien sûr provisoire.

Et je ne pense pas que ce sera trop long parce qu’une fois que les concernés comprennent que c’est sérieux et comme on a dit que la peur de la punition est le début de la sagesse, vous verrez qu’en premier les grosses têtes se présenteront pour des accords à l’amiable comme ça avait bien réussi au prince héritier MBS en d’autres temps. On laisse au juge honnête le droit de contracter au mieux avec chaque délinquant. On appelait cela un concordat.

Mon père feu Maurice Raffoul, banquier à Tripoli (banque Raffoul depuis le XIXe siècle), suite à la faillite de la banque Intra dans les années 60 a été nommé par l’Association des banques et avec pleins pouvoirs pour signer le fameux concordat avec tous les débiteurs des huit banques qui ont failli avec Intra dans le nord du Liban. Il a fini par récupérer 80 % des créances. On lui a dit que si on était parvenu au même résultat au niveau national on aurait sauvé les huit banques de la faillite.

Avec un juge de cette envergure, en très peu de temps l’État se constituera un bas de laine et retournera au concert des nations la tête haute pour préparer un avenir à un Liban qui trouvera la pleine adhésion de ses citoyens.

Économiste

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C’est simple. Il faut 1) des institutions qui fonctionnent, 2) un peuple qui adhère. Les institutions on peut les créer, remplir les postes, ériger des lois... Reste l’adhésion du peuple. Les 15 ans de guerre se sont terminés sans aucune explication, aucune révision, aucun mea-culpa. L’élite a quitté, le reste est resté brimé et mécontent. On leur a imposé des chefs de guerre en cravate qui se sont comportés en inquisiteurs spoliant le pays. Le peuple mécontent cherche que justice soit faite. En deux mots ce qui s’est passé, c’est simplement le plus grand vol du siècle.« Qui casse paye » est la solution. Sauf qu’en cinq années écoulées on n’a pondu que les propositions suivantes : confisquer l’argent des déposants ; vendre « les bénéfices de l’or » (vendre...
commentaires (1)

Un article superbe. Merci pour votre courage.

Raed Habib

03 h 19, le 08 avril 2025

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Commentaires (1)

  • Un article superbe. Merci pour votre courage.

    Raed Habib

    03 h 19, le 08 avril 2025

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