Ahmed Mansour (à droite), journaliste de l’agence locale « Palestine Today », en train d'être brûlé vif (à gauche) à la suite d'un bombardement israélien sur une tente de journalistes près de l'hôpital Nasser à Khan Younes (sud de la bande de Gaza), dans la nuit du dimanche 6 avril au lundi 7 avril. Montage publié sur ses réseaux par Anas el-Sharif, correspondant d’al-Jazeera.
Une frappe israélienne dans la nuit de dimanche à lundi, vers 2 heures du matin, a visé une tente de journalistes près de l’hôpital Nasser à Khan Younès (au sud de la bande de Gaza), tuant au moins l'un des journalistes présents, Helmi al-Faqaawi, et en blessant six autres, a rapporté la chaîne al-Jazeera, dont un cameraman du média qatari, Mahmoud Awad. Un bilan ultérieur publié par le bureau des médias du Hamas nomme neuf journalistes blessés, et fait état d'une autre personne tuée, un « jeune » homme du nom de Youssef el-Khazandar.
L'armée israélienne a affirmé avoir « ciblé un terroriste du Hamas », sans fournir de précisions supplémentaires, explique The Times of israël.
Dans la vidéo relayée par al-Jazeera et circulant sur les réseaux sociaux, un homme est vu en train de brûler vif, tandis que le feu consume la tente, sous les cris affolés des habitants. Il s’agit d’Ahmad Mansour, journaliste de l’agence d'information Palestine Today, rapporte sur ses réseaux Anas el-Charif, un correspondant d’al-Jazeera dans la bande de Gaza. Le journaliste tué dans la frappe fait parti de la même agence. Ahmad Mansour est actuellement en « soins intensifs visant à sauver sa vie », précise le correspondant.
Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, 207 journalistes et employés de médias ont été tués, 390 ont été blessés et 49 sont détenus, selon le décompte actualisé lundi du Syndicat des journalistes palestiniens. Le bureau des médias du gouvernement du Hamas fait, quant à lui, état de 210 journalistes tués depuis le début de la guerre à Gaza, dans un communiqué publié lundi.
« Empêcher la transmission de la vérité »
Les réactions d'indignation de la part d'instances palestiniennes ont été nombreuses. Le Syndicat des journalistes palestiniens a appelé « à une mobilisation internationale en vue de fournir une protection urgente aux journalistes », tout en demandant à la « Cour pénale internationale à statuer rapidement sur nos plaintes contre l'occupant (israélien) concernant 210 cas d’assassinats (de journalistes) ».
Le Forum des journalistes palestiniens a qualifié le bombardement israélien de « crime odieux et (d’) attaque délibérée contre les journalistes, en violation de toutes les lois et conventions internationales ». Le communiqué du Forum, relayé par al-Jazeera, dénonce « la poursuite par l’occupant (israélien) de sa politique de ciblage des professionnels des médias, dans le but d’empêcher la transmission de la vérité sur ses crimes contre le peuple palestinien ». Le Jihad islamique, groupe armé palestinien, a dénoncé « un crime de guerre à part entière et une violation flagrante des conventions internationales » dans un communiqué lundi.
L’armée israélienne a assuré, suite à ce nouveau bombardement ciblé de journalistes, qu’elle « s’efforce d’éviter de blesser des civils » et impute les pertes humaines au Hamas, qu’elle accuse d’être « profondément enraciné dans les zones résidentielles », rapporte The Times of Israël.
Après deux mois de cessez-le-feu à Gaza, ayant vu la libération de 33 otages israéliens et cinq otages thaïlandais, Israël a rompu la trêve le 18 mars et mène depuis lors une offensive terrestre d'ampleur ayant tué depuis cette date plus de 1.391 Palestiniens, et blessé 3.434 autres, selon le bureau des médias du gouvernement du Hamas. Le nombre total de victimes palestiniennes confirmées depuis le 7-Octobre a atteint 50.752 tués et 115,475 blessés, ajoute le communiqué du bureau publié lundi.