
Moins de dix ans après sa précédente participation à la Porte de Versailles où l’architecture du pavillon marocain avait fait sensation, le Royaume du Maroc est à nouveau l’invité d’honneur du Salon du livre de Paris, rebaptisé Festival. Lequel retrouve pour l’occasion son écrin d’origine, le prestigieux Grand Palais, qui vient de faire l’objet d’une restauration exceptionnelle. Cette invitation, bouclée dans des délais records, s’inscrit évidemment dans le contexte géopolitique de l’amitié restaurée entre la France et le Maroc, suite à la reconnaissance, l’année dernière, par le Président Emmanuel Macron, de la souveraineté du royaume chérifien sur l’ancien Sahara espagnol, casus belli avec l’Algérie.
À travers la littérature, la lecture, « ce miracle quotidien », ainsi que la qualifie Mohammed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication marocain, le pays hôte a souhaité inviter le visiteur « au voyage et à la découverte » d’un pays qui met en avant la diversité de ses langues et de ses cultures, la richesse de son patrimoine, sa littérature multiple, portée par une puissante dynamique éditoriale. Plus largement, le Maroc souhaite s’inscrire dans la modernité la plus actuelle, en mettant l’accent sur le thème de la mer (rappelant que le pays a un océan en commun avec la France, l’Atlantique), dont c’est l’année internationale en 2025.
Le pavillon du Maroc se veut « un espace de rencontres, de dialogues et de découvertes ». On y trouvera bien sûr un espace de dédicaces qui accueillera les nombreux auteurs présents, dont les stars marocaines de la littérature francophone (les « Marocains de Paris » : Leïla Slimani, Tahar Ben Jelloun, Abdelatif Laâbi, Fouad Laroui, Mahi Binebine…), mais aussi de nombreux auteurs vivant au Maroc et pas encore connus en France. La plupart participeront à des rencontres, des conférences. Un espace est évidemment dédié à la jeunesse, avec des moments consacrés à l’artisanat, si créatif au Maroc : les enfants pourront notamment s’initier au tissage ou à l’art du zellige.
Le Maroc rendra hommage aux « pionniers » de sa littérature : à Driss Chraïbi (1926-2007) à l’occasion des 70 ans de la publication de son roman emblématique, Les Boucs, à Paris, en 1955 ; à Edmond Amran el-Maleh, et à Mohammed Khaïr-Eddine, dont plusieurs romans majeurs viennent d’être réédités. Près de trente maisons d’édition marocaines seront présentes à Paris, reflets de la grande effervescence du monde littéraire marocain et de sa créativité.
Les organisateurs du FLP espèrent, grâce à cette invitation d’un pays très présent dans l’imaginaire des Français, avec un fort vécu en commun et de puissants liens affectifs, améliorer encore la fréquentation de l’année dernière, avec ses 103 000 visiteurs, dont 45 % de moins de 25 ans. Tous invités à découvrir une littérature à la fois ancrée dans l’histoire du Maroc et dans un espace culturel contemporain « déterritorialisé », au sein d’une francophonie « libérée de ses entraves passées, et résolument engagée dans un futur euro-africain créatif, jeune et immémorial à la fois ». Une « polyphonie » que « seule la littérature a la capacité d’assumer », conclut le Ministre.