
Le pape François fait un geste à la foule depuis la fenêtre du palais apostolique donnant sur la place Saint-Pierre pendant la prière de l'Angélus de l'Épiphanie, au Vatican, le 6 janvier 2025. Photo Andreas SOLARO/AFP
Discours, messes, visites de chefs d'Etats: face aux très lourdes responsabilités impliquées par sa charge, le pape François, de retour au Vatican dimanche après plus de cinq semaines d'hospitalisation, devra mettre ses activités entre parenthèses pendant deux mois pour espérer retrouver une vie « normale ».
En tant que guide spirituel des plus de 1,4 milliard de catholiques du monde entier, François a pour mission d'enseigner la foi chrétienne et de veiller à l'unité de l'Eglise. Il a aussi le statut de chef d'Etat et dirige la Cité du Vatican, Etat indépendant enclavé au coeur de Rome et plus petit pays du monde. A ce titre, il y exerce les pouvoirs absolus (exécutif, législatif, judiciaire). Depuis son élection en 2013, l'évêque de Rome, qui ne prend jamais de vacances, s'est imposé un rythme effréné qu'il n'a jusqu'ici jamais entendu ralentir, en dépit de ses 88 ans et des mises en garde de ses médecins.
Mais au terme de cette hospitalisation - la plus longue en 12 ans de pontificat - durant laquelle il aura été à deux reprises en danger de mort, Jorge Bergoglio sera contraint de respecter une période de convalescence de deux mois pour espérer revenir pleinement aux affaires.
Après avoir vécu pendant 37 jours au rythme des bulletins de santé et des prières chaque soir sur la place Saint-Pierre, le Vatican entre ainsi dans une nouvelle phase, rassuré par la présence physique du jésuite argentin mais sans le voir honorer ses engagements habituels. La résidence Sainte-Marthe, où il vit au Vatican, a été aménagée pour l'occasion et François y disposera de soins médicaux en permanence.
Diminué par cette double pneumonie et les effets desséchants de l'assistance en oxygène, le pape a perdu l'usage de sa voix et devra poursuivre les séances de rééducation pour recouvrer ses capacités d'élocution. Une situation qui met d'abord en suspens ses nombreuses prises de parole: outre les homélies au cours des messes, le pape prononce chaque mercredi une catéchèse publique devant les fidèles lors de l'audience générale, tâche qu'il ne pourra sans doute pas reprendre avant plusieurs semaines.
Capacités d'écriture
Ses médecins lui ont par ailleurs déconseillé de participer à des évènements collectifs pour limiter le risque d'infection, laissant présager la suspension de l'accueil des groupes et associations, mais aussi des visites de chefs d'Etats et de gouvernements qu'il reçoit chaque semaine au cours d' »audiences privées ». Sera-t-il en mesure d'accueillir le roi Charles III et la reine Camilla ? Le palais de Buckingham a annoncé une audience le 8 avril mais le Vatican n'a jusqu'ici rien confirmé.
Même interrogation concernant les célébrations de la Semaine Sainte et les fêtes de Pâques, pour lesquels aucune information n'a été communiquée. Par ailleurs au cours d'une « année Sainte », le Jubilé de l'Eglise catholique, pour laquelle le pape est censé présider de nombreux évènements culturels et religieux.
Dans une société régie par la loi de l'image, les fidèles devront s'habituer, au moins pendant un temps, à moins voir le souverain pontife en public. En revanche, François ayant conservé sa capacité à écrire selon ses médecins, il pourra plus facilement continuer à rédiger ou signer des documents pour nommer des évêques, donner des orientations doctrinales ou prendre position sur des sujets d'actualité.
Au cours de son séjour à l'hôpital Gemelli, il a d'ailleurs continué de nommer des évêques, approuvé la canonisation de nouveaux saints, écrit une lettre publique à un quotidien italien et même approuvé un calendrier pour l'application de sa grande réforme de l'Eglise. Quant aux voyages, François avait prévu de se rendre en Turquie fin mai pour le 1.700e anniversaire du Concile de Nicée, un important évènement œcuménique, mais le Vatican n'a pas confirmé officiellement ce déplacement.
« Puisqu'il s'agit d'une convalescence, il est difficile de faire des prédictions, espérons » qu'il pourra s'y rendre, a répondu samedi le Dr Luigi Carbone, médecin du pape, lors d'une conférence de presse.