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Dernières Infos - Droits humains

Tunisie : "que justice soit faite", exigent les familles de militants de l'aide aux migrants

Un drapeau tunisien. Photo AFP

Les familles de militants tunisiens de l'aide aux migrants et antiracistes, détenus pour la plupart depuis plus de dix mois, ont lancé un appel pressant mardi pour qu'ils soient libérés et que « justice soit faite ». Une dizaine de bénévoles, dont l'égérie de la lutte antiraciste Saadia Mosbah, ont été emprisonnés depuis mai 2024.

Leurs associations « faisaient un travail humanitaire, pas du plaidoyer politique », les autorités ont « criminalisé leur action », a affirmé à l'AFP Romdhane Ben Amor de l'ONG FTDES lors d'un point de presse. L'objectif est de « fragiliser encore plus les migrants et réfugiés pour les pousser à accepter les +retours volontaires+ » de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), selon lui.

La Tunisie est un point de passage clé pour des milliers de migrants d'Afrique subsaharienne cherchant chaque année à rejoindre clandestinement l'Europe par la mer. En 2023, le président Kais Saied avait dénoncé dans un discours l'arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays.

Les mois suivants, la tension était montée. Des migrants ont été conduits par la police tunisienne, selon des ONG, aux frontières désertiques avec Algérie et Libye, où au moins une centaine sont morts. Puis, en 2024, des militants associatifs tunisiens ont été arrêtés.

« C'était leur travail »

Parmi eux figure Sherifa Riahi, ancienne dirigeante de Terre d'Asile Tunisie à Sfax (centre-est). « Nous demandons que Sherifa soit libérée tout d'abord, et qu'elle ait droit à un procès le plus rapidement possible », a souligné à l'AFP sa mère, Emna Riahi. Après l'abandon récent d'accusations de blanchiment et de terrorisme, « il n'y a pas de charges qui justifient son emprisonnement », a-t-elle dit, rappelant qu'elle a deux jeunes enfants. Sofia, 1 an, qu'elle allaitait au moment de son incarcération et Kamel, 4 ans, qui « ne veut plus aller au jardin d'enfants et a des insomnies ».

« Nous en appelons à la justice car le président Saied dit qu'il faut croire à la justice, et nous demandons à l'Union européenne et au HCR (Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés) », dont Terre d'Asile est partenaire, « d'intervenir », a-t-elle ajouté. Sherifa et ses collègues sont incarcérés uniquement, selon elle, pour avoir aidé des Subsahariens à se loger: « mais c'était leur travail, ils étaient payés pour ça ».

Le fils de Saadia Mosbah, Fahres Gueblaoui, « croit dans la justice tunisienne » mais veut qu'elle soit « libérée, si un procès doit lui être intenté ». Selon lui, l'activiste noire est incarcérée pour « avoir donné à manger et à boire à des migrants » mais aussi pour « son combat » anti-raciste qui a abouti en 2018 à l'adoption en Tunisie de la première loi de la région pénalisant la discrimination raciale.

Les filles de Mustapha Djemali, 80 ans, sont de leur côté très inquiètes pour le fondateur du Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), « enfermé injustement ». Atteint d'une maladie comportant un risque d'AVC, « il a beaucoup maigri, au moins 35 kgs, et ne reçoit plus ses médicaments depuis quatre ou cinq mois », a expliqué à l'AFP Yusra, la benjamine.

Avec sa soeur Emna, elles avaient misé sur discrétion et « diplomatie douce » en faveur de leur père, « un grand homme », ancien directeur du HCR pour l'Afrique du nord, comptant sur l'ambassade de Suisse - dont M. Djemali a aussi la nationalité - et le HCR, pour lequel travaillait le CTR dans l'hébergement de réfugiés. Désormais, elles veulent « médiatiser l'affaire » pour que « justice soit faite ». Déçues du « manque de résultats » des démarches suisse ( »trop neutre ») et onusienne ( »trop douce »), elles appellent toutes les organisations de droits humains du monde « à aider cette cause ».

Leur père est victime, disent-elles, de la « théorie complotiste du grand remplacement, comme quoi il voulait faire entrer les réfugiés pour prendre le pouvoir en Tunisie ». Tous ces activistes « sont emprisonnés pour montrer que le discours raciste du président se basait sur des faits réels », estime M. Ben Amor, déplorant un « silence complice » de l'UE et des organisations internationales. Selon lui, « la criminalisation des associations d'aide et le racisme attisé récemment par des députés vont pousser des milliers de migrants à partir par n'importe quel moyen, provoquant drames et noyades ».

Lundi soir, 612 migrants ont été secourus près de Sfax mais 18 corps ont été repêchés dont plusieurs enfants.

Les familles de militants tunisiens de l'aide aux migrants et antiracistes, détenus pour la plupart depuis plus de dix mois, ont lancé un appel pressant mardi pour qu'ils soient libérés et que « justice soit faite ». Une dizaine de bénévoles, dont l'égérie de la lutte antiraciste Saadia Mosbah, ont été emprisonnés depuis mai 2024.Leurs associations « faisaient un travail humanitaire, pas du plaidoyer politique », les autorités ont « criminalisé leur action », a affirmé à l'AFP Romdhane Ben Amor de l'ONG FTDES lors d'un point de presse. L'objectif est de « fragiliser encore plus les migrants et réfugiés pour les pousser à accepter les +retours volontaires+ » de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), selon lui.La Tunisie est un point de passage clé pour des milliers de...