Aux prémices de l’histoire, les femmes ont été confrontées à des obstacles et des inégalités d’une ampleur inouïe, une réalité dictée par les codes patriarcaux d’un monde souvent implacable et misogyne. Pourtant, de ces contraintes naît une force silencieuse, un pouvoir inaltérable forgé dans la résilience, l’audace et la capacité à ravager les ségrégations qui les menacent inlassablement. Depuis les civilisations anciennes, les femmes étaient souvent reléguées à l’ombre des grandes figures historiques. Cependant, dans les terres baignées de mythes et de légendes, des femmes ont refusé audacieusement la soumission. Être une femme n’est pas simplement un don biologique, c’est une mission.
Cette femme, cette mère, cette grand-mère, cette fille, cette sœur, cette épouse, cette écrivaine, cette militante… n’occupe guère un statut quelconque, elle incarne une mission. De nos jours, le concept du féminisme est mal interprété. Lutter contre les discriminations misogynes et patriarcales afin de défendre les droits des femmes ne signifie pas gommer ceux de l’homme. Une société solide est celle dont la genèse est fondée sur la solidarité masculine et féminine, deux pouvoirs alter ego qui détiennent une balance équilibrée.
Longtemps, le sacrifice des femmes militantes a été marginalisé. Leur engagement pour des causes telles que les droits civiques, la justice sociale ou encore la liberté d’expression a été réprimé et réduit à des actes ponctuels, leur influence au niveau professionnel, artistique… souvent négligée. Certes, nous avons tous entendu parler de Socrate, mais jamais d’Aspasie de Milet, celle qui lui a inculqué en soi les valeurs de la philosophie. Nous avons tous entendu fréquemment parler de Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la Lune en 1969, mais peu de Valentina Tereshkova, la première femme à avoir cohabité l’espace.
Rappelez-vous ces femmes, valorisez leurs sacrifices, leur audace, leur détermination. Rappelez-vous Fatima el-Fihri, qui a fondé la première université, Rosa Parks qui a lutté contre les discriminations sociales, Hedy Lamarr, pionnière des idées relatives au Wi-Fi et au Bluetooth, Marie Curie, la première femme ayant reçu deux prix Nobel en physique et en chimie, Olympe de Gouges avec son fameux pamphlet qui prône les droits de la femme et de la citoyenne, Jeanne d’Arc, « la Pucelle d’Orléans » qui inversa le cours de la guerre de Cent Ans.
Rappelez-vous Feyrouz dont la voix iconique balaie la nostalgie et la sérénité, Samira Moussa qui compte parmi les scientifiques nucléaires les plus connus. Rappelez-vous les femmes qui ont dû masquer leur pouvoir féminin par une figure masculine afin de faire valoir leurs revendications : Amantine Dupin de Francueil, connue sous son nom d’écrivain Georges Sand, fut une militante emblématique en faveur des droits de la femme. Les sœurs Brontë, qui ont légué à la littérature anglaise des chefs-d’œuvre sous des pseudonymes masculins, Alice Guy-Blaché, la première metteuse en scène dont les traces furent effacées de l’histoire artistique, laissant place à la montée d’autres figures jugées « plus prestigieuses ».
L’audace des femmes et leur désir de contribuer à la société témoignent d’une résilience et d’une profondeur d’âme souvent invisibles aux yeux de la société. Leurs sacrifices ne sont pas des renoncements mais des créations. C’est dans ce don total, cette éthique de l’abnégation, que se cache la véritable grandeur de ces sacrifices, parfois ignorés mais toujours présents, tissés au cœur de la vie elle-même.
Dans cette perspective, l’émancipation de la femme ne s’apparente pas à la domination, mais plutôt à une quête de reconnaissance et de dignité. Il ne s’agit pas de dévaloriser l’homme, mais plutôt de lui offrir la possibilité de s’épanouir dans un monde où l’égalité permet à chacun de trouver sa juste place, libre des poids et des stéréotypes qui étouffent la genèse d’une société vertueuse et pérenne.
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