Le président russe Vladimir Poutine (R) et le président américain Donald Trump sont photographiés avant une réunion à Helsinki, le 16 juillet 2018. Brendan Smialowski / AFP
Hauts responsables russes et américains doivent se retrouver mardi en Arabie saoudite pour des pourparlers destinés, selon Moscou, à rétablir des relations bilatérales, poser les prémices de négociations sur l'Ukraine et d'une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump.
La délégation russe, comprenant le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov et le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov, est arrivée lundi soir à Riyad, a annoncé la télévision d'Etat russe, qui a montré les responsables russes descendre de leur avion.
« Le principal est d'entamer une véritable normalisation des relations entre nous et Washington », a déclaré M. Ouchakov à la presse.
Les deux camps ont toutefois minimisé les résultats à attendre sur l'Ukraine, après trois années d'un gel quasi-total de leurs liens du fait de la guerre. Ukrainiens et Européens craignent d'être lâchés par Washington, qui pourrait chercher un accord avec la Russie dans leur « dos ».
Le Kremlin aura probablement à cœur d'évoquer la sécurité sur le continent européen dans son ensemble, lui qui par le passé avait réclamé le retrait des forces de l'Otan d'Europe orientale et considère l'invasion de l'Ukraine comme une réponse à la menace existentielle que constitue à ses yeux l'Alliance atlantique.
Cette rencontre, dont sont exclus les Ukrainiens et les Européens, intervient en pleine effervescence diplomatique, déclenchée par la conversation Trump-Poutine de la semaine dernière, qui a brisé l'union des Occidentaux face à Moscou.
Les Européens se sont réunis à Paris lundi pour se concerter sur leur stratégie, tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé en Turquie pour y rencontrer mardi son homologue Recep Tayyip Erdogan et en Arabie Saoudite mercredi. L'envoyé spécial américain pour l'Ukraine Keith Kellogg se rendra en Pologne mardi puis à Kiev jeudi.
Côté américain, le secrétaire d'Etat Marco Rubio était lundi en Arabie Saoudite où il a été reçu par le prince héritier Mohammed ben Salmane.
Selon le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, la réunion de Riyad « sera également consacrée à la préparation d'éventuelles négociations sur le règlement (du conflit) ukrainien et à l'organisation d'une rencontre entre les deux présidents » Poutine et Trump.
« Se mettre d'accord »
Iouri Ouchakov a souligné que, sur le dossier ukrainien, il s'agissait de « se mettre d'accord sur la manière d'entamer les négociations sur l'Ukraine ».
« Je ne pense pas qu'il faille y voir quelque chose qui sera détaillé ni comme une avancée vers une sorte de négociation », a aussi nuancé la porte-parole du département d'Etat américain, Tammy Bruce
Le Moyen-Orient pourrait aussi être sur la table des pourparlers, selon le chef de la diplomatie russe, à un moment où Russes et Américains rivalisent dans la région et où Moscou a vu ses alliés Bachar al-Assad en Syrie et l'Iran essuyer des échecs ces derniers mois.
Volodymyr Zelensky a répété lundi que l'Ukraine « ne reconnaîtrait » aucun accord conclu sans elle et a regretté de ne pas avoir été informé en amont des pourparlers de Riyad.
Les puissances européennes, de facto mises à l'écart des échanges russo-américains après avoir essuyé à Munich de sévères critiques du vice-président américain JD Vance, essayent désormais définir une réponse commune, malgré leurs divisions.
M. Lavrov a pour sa part asséné lundi que les dirigeants européens n'étaient pas conviés à des négociations car ils ont « l'intention de poursuivre la guerre » en Ukraine.
Les Etats-Unis comme la Russie ont auparavant considéré que l'Ukraine devait être impliquée dans de futurs pourparlers.
Retrait de l'OTAN
Vladimir Poutine réclame que l'Ukraine dépose les armes, cède quatre régions, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à rejoindre l'OTAN. Des conditions inacceptables pour Kiev.
Avant même des pourparlers, des responsables américains ont déjà jugé inévitables les concessions territoriales à la Russie et irréaliste une entrée de l'Ukraine dans l'Alliance atlantique.
Sur le volet russo-américain, reste à voir si Moscou campe sur ses revendications de la fin 2021, en particulier le retrait des troupes et des armements de cette organisation des Etats l'ayant rejointe après mai 1997, ce qui inclut les Pays baltes et la Pologne, frontaliers de la Russie, ou encore la Roumanie et la Bulgarie, riveraines de la mer Noire.
Ces exigences avaient été rejetées par les Occidentaux en janvier 2022, la Russie déclenchant un mois plus tard son assaut contre l'Ukraine.
Loin de Riyad, les combats et les bombardements se poursuivent.
Moscou a revendiqué la prise de Sverdlikovo, un village de la région russe frontalière de Koursk, dont les forces ukrainiennes affirment contrôler 500 kilomètres carrés, et de Figolivka, un village de la région ukrainienne de Kharkiv.
L'Ukraine a, quant à elle, endommagé avec des drones une station de pompage d'un oléoduc acheminant le pétrole kazakh vers la mer Noire puis en Europe en passant par le sud de la Russie, selon la compagnie exploitante.
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