
Le patriarche maronite Béchara Raï. Photo ANI
Le patriarche maronite Béchara Raï a souhaité, dans son homélie dominicale à Bkerké, que le momentum politique et sécuritaire que traverse le pays permette la création d’un État qui « ressemble à la société libanaise », considérant que le « pluralisme » ne constituait pas en soi un obstacle à cette perspective. Le métropolite grec-orthodoxe, Elias Audi, a formulé l'espoir, de son côté, de la réhabilitation de l'État qui « unit son peuple sous la bannière de la justice et de l'égalité. »
« Prions pour les responsables de notre pays, afin qu’ils fassent de l’État une société semblable à la société libanaise, tout en la purifiant de ses impuretés, pour qu’elle devienne une société de la civilisation de l’amour et de la vérité », a notamment dit Béchara Raï.
Le dignitaire religieux a en outre cité des paroles du pape Jean-Paul II prononcées en 1995 lors du Synode spécial sur le Liban tenu à Rome : « Ce qui a sauvé le Liban de la destruction, c’est sa société, caractérisée par la coexistence entre chrétiens et musulmans. » « En 1975 (année à laquelle a commencé la guerre civile qui s’est terminée en 1990), l’État est tombé et la société est restée, nous avons donc survécu et triomphé ensemble et reconstruit l’État », a ajouté Mgr Raï. « Ce qui distingue le Liban des pays environnants, c’est qu’il s’agit d’un État qui tourne autour de la société, alors que les pays environnants tournent autour de leurs régimes », a-t-il poursuivi, ajoutant que « le pluralisme n’a jamais été un obstacle à l’unité de la société libanaise. »
Mgr Audi a, lui, espéré que le gouvernement formé par Nawaf Salam tienne ses promesses de réformes et offre aux Libanais qui ont quitté le pays de bonnes raisons de revenir. « Tout comme le fils prodigue est revenu dans les bras de son père après s'être éloigné de la maison parentale, nous espérons que tous les Libanais retourneront dans leur patrie après que l'espoir soit revenu avec l'élection d'un président de la République et la formation d'un gouvernement auquel nous souhaitons le succès et la réussite », a-t-il déclaré. « Il est temps de travailler et les défis sont grands, car les aspirations des Libanais sont vastes », a-t-il encore souligné, appelant à la réhabilitation « d'un État de droit qui unisse son peuple sous la bannière de la justice et de l'égalité », mettant fin aux privilèges de la criminalité ou encore de l'incivilité.
En crise depuis fin 2019, le Liban est sorti fin novembre de plus de 15 mois d'affrontements entre le Hezbollah et Israël grâce à un accord de cessez-le-feu dont les modalités sont encore en train d'être appliquées. Pendant cette période, le Parlement a, en parallèle, élu un président, mettant fin à plus de deux ans de vide. Il a également formé un gouvernement qui a remplacé celui en place depuis septembre 2021 mais qui était démissionnaire depuis mai 2022, sur fond de tensions politiques.
Alors qu'il reste deux jours aux Israéliens pour se retirer du Liban-Sud conformément à l'accord de trêve, dont la période d'application a été prolongée jusqu'au 18 février, le pays connaît depuis le milieu de la semaine des tensions liées à la décision de Beyrouth d'interdire aux avions civils iraniens d'atterrir au Liban jusqu'au 18 février au moins, après avoir reçu des menaces israéliennes transmises par les États-Unis. Cette situation a poussé le Hezbollah à mobiliser ses militants dans des manifestations sous haute tension que l'armée libanaise a contenues, mais qui ont causé des blessés dans les rangs de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont des convois ont été pris pour cible et attaqués.
C’est ce qui s’appelle prêcher dans le désert. Tout le monde sait mais personne ne bouge pour éviter à notre pays un nouveau bain de sang dont les vendus raffolent pour prouver leur virilité.
18 h 03, le 16 février 2025