Le général américain Jasper Jeffers, qui dirige le comité de surveillance des termes de l'accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël, a affirmé vendredi qu'il était « confiant » en un déploiement total de l'armée libanaise au Liban-Sud d'ici la fin de la période d'application des modalités du cessez-le-feu, mardi 18 février. Une déclaration optimiste qui fait suite au refus total des autorités libanaises que l'armée israélienne se maintienne, comme elle l'avait souhaité, dans plusieurs points de la zone méridionale.

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Une trêve est entrée en vigueur le 27 novembre entre Israël et le Hezbollah, après plus d'un an d'hostilités déclenchées par le parti chiite, dont deux mois de guerre totale, pendant lesquels Israël a également engagé des troupes terrestres dans le sud du Liban. Selon l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus de l'ONU dans le Sud, tandis que l'armée israélienne devait se retirer sur une période de 60 jours devant prendre fin le 26 janvier. Mais ce retrait a été reporté de trois semaines.

« Application totale » des 13 points de l'accord

Dans un communiqué publié par le Commandement central américain (Centcom) à l'issue d'une réunion du comité à Naqoura, au Liban-Sud, le général a évoqué « de grands progrès » réalisés ces derniers mois et s'est dit « confiant que l'armée libanaise parviendra à contrôler toutes les agglomérations dans la zone au sud du fleuve Litani d'ici mardi prochain ». Il a néanmoins fait valoir que les 13 paragraphes de l'accord de cessez-le-feu contiennent « plusieurs composantes » et que le comité va « continuer d'aider à la mise en œuvre de tous ces principes, même après le 18 février », et qu'il poursuivra ses efforts « avec toutes les parties jusqu'à une application totale » des modalités prévues. 

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Retrait « jusqu'à la Ligne bleue »

La réunion à Naqoura réunissait des représentants du comité, à savoir les États-Unis, la France, l'armée libanaise, l'armée israélienne et la Force intérimaire de l'ONU au Liban. Les participants y ont préparé un « plan technique militaire pour le transfert de tous les villages restants de la zone sud du Litani sous le contrôle total de l'armée libanaise avant le 18 février », selon le communiqué du Centcom.

Plus tôt dans la journée, un haut responsable de la sécurité israélienne cité par l'AFP avait affirmé que l'armée israélienne était prête à se retirer du territoire libanais et à transférer des zones à l'armée libanaise dans les délais prévus par l'accord de cessez-le-feu conclu sous médiation franco-américaine. Ce responsable, sous couvert de l'anonymat, avait déclaré que le retrait de l'armée israélienne était en cours et que « la prochaine étape de l'accord stipule que nous nous retirerons jusqu'à la Ligne bleue et que nous céderons à l'armée libanaise, de manière ordonnée, (le contrôle de) la zone d'où nous nous retirons ». « Nous sommes toujours déployés conformément à l'accord dont l'application est contrôlée par les États-Unis et nous travaillons en étroite collaboration avec ces derniers pour nous assurer que le transfert des responsabilités à l'armée libanaise se fera dans les délais prévus », avait ajouté ce responsable.

Frappes nocturnes sur le Liban-Sud

Parallèlement, sur le terrain, des soldats israéliens ont avancé vers le lieu-dit de Khallet Achour, au nord-est de Yaroun, dans le caza de Bint Jbeil. La patrouille a tiré de manière intensive dans le secteur pendant cette opération de ratissage, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Durant la journée de vendredi également, des avions israéliens ont survolé la ville de Tyr. En outre, l’armée israélienne a dynamité plusieurs maisons à Yaroun et Maroun el-Ras, dans le caza de Bint Jbeil, ainsi qu'à Adaïssé et Kfar Kila, dans le caza de Marjeyoun. Deux fortes explosions ont également été entendues à Meis el-Jabal, dans le caza de Marjeyoun.

Dans la nuit, après 23h, l'armée israélienne avait démoli plusieurs maisons de Houla (dans le caza de Marjeyoun). Peu auparavant, l'aviation israélienne avait mené une série de frappes au Liban-Sud, en dépit du cessez-le-feu en vigueur. Selon les informations de notre correspondant, l'armée israélienne a effectué des raids ciblant le cours du fleuve Litani, aux abords de la localité de Yohmor al-Chqif (Nabatiyé), où trois explosions ont été entendues par les habitants. Des frappes ont également touché une zone située entre Yater (Bint Jbeil) et Zebqin (Tyr), où quatre explosions ont retenti. Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne a indiqué sur le réseau X que cette dernière a mené « des frappes contre des sites militaires appartenant au Hezbollah, qui contenaient des équipements de combat et des plateformes de missiles ».

Jeudi, le président du Parlement Nabih Berry avait rejeté catégoriquement, au nom des autorités libanaises, qu'Israël prolonge sa présence au Liban-Sud au-delà de la date butoir du 18 février ou que son armée se maintienne pour une durée indéterminée en plusieurs points stratégiques, comme Tel-Aviv l'a fait savoir aux États-Unis. Il avait tenu ces propos après s'être entretenu avec l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Lisa Johnson, et le général Jeffers, qui se trouvait la veille à Tel-Aviv. Plus tôt dans la journée, le président Joseph Aoun avait déjà affirmé depuis le palais de Baabda que « le Liban poursuit les contacts pour contraindre l'armée israélienne à se retirer le 18 février » des zones qu'elle occupe encore au Liban-Sud.

De son côté, la France avait proposé jeudi que certains soldats de la Finul, dont des Français, soient déployés sur des positions au Liban-Sud afin de permettre « un retrait complet et définitif » d'Israël. Cependant, vendredi, le Jerusalem Post a rapporté qu'Israël avait rejeté la proposition française.