Un drapeau saoudien. Photo AFP
L'Arabie saoudite a libéré Salma al-Chehab, condamnée pour des tweets critiques du gouvernement et détenue plus de quatre ans, après la libération de plusieurs militants et opposants ces derniers mois, ont annoncé des organisations de défense des droits humains.
Les autorités saoudiennes ont libéré la militante et doctorante Salma al-Chehab « après quatre ans de détention arbitraire pour son engagement pacifique », a annoncé samedi sur X l'organisation de défense des droits humains ALQST, basée à Londres. « Nous appelons les autorités à lui accorder une liberté totale, y compris le droit de voyager afin de poursuivre son doctorat à l'université de Leeds au Royaume-Uni », a-t-elle ajouté.
« Quatre ans de détention arbitraire »
Sanad, une autre organisation de défense des droits humains basée à Londres, a confirmé cette libération, précisant que « les autorités saoudiennes ont relâché Salma al-Chehab après plus de quatre ans de détention arbitraire », soulignant qu'elle avait été arrêtée « pour des tweets appelant à des réformes et à la libération des prisonniers d'opinion ».
En 2022, cette mère de deux enfants avait initialement été condamnée à six ans de prison pour avoir aidé « ceux qui cherchent à troubler l'ordre public » et pour « diffusion de fausses informations », avant de voir sa peine alourdie par une cour d'appel, qui l'a condamnée à 34 ans d'emprisonnement. Par la suite, la sentence a été réduite à 27, puis à quatre ans, dont une interdiction de voyager. Avec environ 2.600 abonnés sur X, Salma Al-Chehab publiait régulièrement des messages en faveur des droits des femmes dans le royaume ultraconservateur. Issue de la minorité musulmane chiite, elle est originaire d'al-Mubarraz (est).
Interdiction de voyager hors d'Arabie saoudite
Selon Lina al-Hathloul, responsable communication d'ALQST, « Salma al-Chehab a traversé une période de détention éprouvante et n'a pas vu ses deux jeunes enfants pendant toute cette période ». Elle a également révélé à l'AFP que la doctorante avait entamé une grève de la faim en mars 2023 pendant plusieurs semaines pour obtenir des soins en prison. « Sa libération ne signifie pas la liberté, car vivre sous une interdiction de voyager revient à vivre sous la menace constante d'une nouvelle arrestation », a-t-elle ajouté.
Sous la houlette du prince héritier Mohammad ben Salmane, l'Arabie saoudite a donné de nouveaux droits aux femmes, comme celui de conduire ou de voyager seule. Cependant, le royaume est régulièrement épinglé par des ONG pour de graves violations des droits humains, notamment sa répression contre les dissidents et militantes féministes.
Plusieurs militants ont écopé de lourdes peines de prison, comme Manahel al-Otaibi, une militante féministe condamnée à 11 ans de prison, et Nourah al-Qahtani, qui purge une peine de 45 ans. Depuis décembre dernier, les autorités saoudiennes ont également libéré l'universitaire Malik al-Ahmad ainsi que le prédicateur Mohammed al-Mutairi, arrêtés lors de la vague d'arrestations de septembre 2017.
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