Des manifestants lors de heurts avec la police à Londres, le 8 février 2025. Photo AFP/HENRY NICHOLLS
Un millier de personnes se sont rassemblées samedi en début d'après-midi devant le site qui pourrait accueillir la future ambassade de Chine dans le centre de Londres, afin de protester contre ce projet, a constaté un journaliste de l'AFP.
Depuis plusieurs années, la Chine tente de déplacer son ambassade du quartier huppé de Marylebone vers un site historique à deux pas de la Tour de Londres et du célèbre Tower Bridge enjambant la Tamise. Le projet suscite une levée de boucliers de la part de riverains, de militants des droits humains et d'autres voix critiques à l'égard de Pékin.
Entourés d'une forte présence policière, certains brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient écrit des slogans comme "Le PCC (parti communiste chinois) vous surveille, stop à la méga-ambassade", ou encore "De l'espace pour la liberté d'expression". Iona Boswell, travailleuse sociale de 40 ans venue manifester, a dit à l'AFP qu'il n'y avait "pas besoin d'une méga-ambassade ici" et qu'elle pensait qu'elle serait utilisée pour faciliter le "harcèlement des dissidents".
"Ce sera comme un quartier général (pour la Chine) qui attrapera les (Hongkongais) au Royaume-Uni pour les (renvoyer) en Chine", a déclaré un autre manifestant tout de noir vêtu et portant un masque intégral, donnant pour seul nom "Zero", membre de "Hongkongais de Leeds", ville du nord de l'Angleterre. "Après la construction de la super-ambassade, ils auront peut-être plus de monde pour faire le sale boulot", a-t-il ajouté.
Des députés du parti conservateur étaient également présents. "Il s'agit de l'avenir de notre liberté et pas seulement du site de l'ambassade de Chine à Londres", a affirmé à des journalistes le député et ancien ministre conservateur Tom Tugendhat, qui craint une "augmentation de l'espionnage économique" et une "augmentation du musèlement des opposants au parti communiste chinois" au Royaume-Uni.
Les manifestants, dont des personnes issues des diaspora hongkongaise, tibétaine, ouïghoure ou encore des dissidents chinois, veulent montrer que le site est "inapproprié (...) car il n'y a pas assez d'espace pour des manifestations sûres" devant le bâtiment, selon un communiqué publié en amont du rassemblement par un collectif d'organisations de défense des droits de l'homme et l'Alliance interparlementaire sur la Chine, un groupe d'élus européens transnationaux.
Abritant depuis près de deux siècles le Royal Mint, le fabricant officiel des pièces de monnaie britanniques, le site avait auparavant abrité une abbaye cistercienne construite en 1348, mais il est aujourd'hui à l'abandon. Pékin l'a acheté pour 316 millions d'euros en 2018.
Cette manifestation intervient alors que le Premier ministre britannique Keir Starmer, élu en juillet, souhaite renforcer les liens avec Pékin, après des années de détérioration des relations sur diverses questions, en particulier la répression à Hong Kong.
M. Starmer est devenu en novembre le premier Premier ministre britannique depuis 2018 à rencontrer le président chinois Xi Jinping, à l'occasion du G20 au Brésil. Un inspecteur national de l'urbanisme va maintenant mener une enquête publique sur le projet, mais c'est la secrétaire aux Communautés, Angela Rayner, qui prendra la décision finale.
Les opposants craignent que l'accent mis par le gouvernement travailliste sur la croissance économique et l'amélioration des relations avec la Chine ne l'emporte sur d'autres considérations. En 2022, le conseil du quartier de Tower Hamlets, où est situé le site, avait rejeté le projet d'ambassade, annoncée comme la plus grande du Royaume-Uni.
© Agence France-Presse
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