L'un se voyait déjà tout au haut de l'affiche, l'autre est venu le réveiller, sans ménagement. Photo Jo Khoury. Avec l'aimable autorisation du théâtre Monnot
C’est un tandem de personnages totalement opposés qui n’auraient jamais dû se croiser. Une rencontre improbable et follement drôle entre Badih (Ali Bleibel), un comédien débutant attendant désespérément, du fond de son lit, « le » casting qui révèlera son talent au monde, et Abed (Jalal el-Chaar), un agent des services secrets chargé de surveiller, tout au long d’une nuit, l’immeuble d’en face de chez Badih. Lorsqu’il débarque, révolver en bandoulière et muscles tendus sous son tee-shirt noir, chez le frêle comédien, pour y installer son poste d’observation, commencent les ennuis pour ce dernier. D’autant qu’il n’a pas les aptitudes nécessaires pour coopérer à la chasse aux mafieux. Bref, pour le postulant vedette qui « se voyait déjà tout au haut de l'affiche » et celui qui viendra le réveiller sans ménagements, la nuit sera longue, mouvementée et surtout hilarante.
L'aspirant comédien cocasse vs le flic ombrageux
Au théâtre, on le sait, il y a, d’une part, les pièces profondes. Celles qui émeuvent, font réfléchir, soulèvent de grandes thématiques ou des questionnements plus intimes, mais somme toute universellement partagés… Et, d’autre part, les pièces qui détendent, divertissent et font rire, tout simplement. Celles-ci, contrairement aux idées reçues, ne sont pas plus faciles à interpréter que les œuvres labelisées « sérieuses ». La preuve avec ce rocambolesque Casting Amné (Casting sécuritaire) – adaptation libanaise de la pièce En face de l’immeuble d’en face de Jacques Chambon – qui mobilise, durant une heure d’affilée, tout le registre comique des expressions faciales, de l’agilité gestuelle et de la souplesse corporelle du très talentueux Ali Bleibel, en coordination avec un bouquet de réparties qui fusent.
Deux rôles taillés sur mesure
Il faut saluer la performance de ce jeune comédien qui incarne, dans une mise en abyme cocasse, un aspirant comédien rêveur, naïf et maladroit, évoquant par moments le fameux Mr. Bean. Et qui entraîne dans son jeu, à la fois dynamique et équilibré, son partenaire dans cette pièce, Jalal el-Chaar. Lequel se révèle lui aussi convaincant dans son personnage d’ombrageux flic au cœur de mauviette. Deux rôles qu'on dirait taillés sur mesure pour ce duo de jeunes talents libanais prometteurs.
On ne vous en dira pas plus sur la trame de cette comédie, traduite et adaptée avec brio à la sauce libanaise par Dimitri Melki ; produite et mise en scène avec un sens particulier du rythme par Josyane Boulos... Sinon que le comédien Talal el-Jurdi y fait une petite incursion surprise.
Avec ses dialogues efficaces, ses retournements de situations, parfois inventifs (la scène projetée en vidéo), d’autres fois plus prévisibles, mais toujours drôles et sans temps mort, voilà un spectacle de pur divertissement, sans aucune autre prétention que d’activer vos zygomatiques.
Vous avez un coup de blues ? Vous voulez vous aérer l’esprit, échapper l’espace d’une soirée aux spéculations et infos en montagnes russes sur la composition du nouveau gouvernement ? Allez voir Casting Amné à l’affiche de la petite salle ACT du théâtre Monnot*. Vous en ressortirez, assurément, avec les batteries du rire rechargées.
*Achrafieh, rue de l’Église Saint-Joseph, du 7 au 23 février et du 26 au 30 mars (relâche les lundis) à 19h30. Réservation Antoine Ticketing ou au 70/ 626 200.
