À ceux qui s’attendaient à une course de cent mètres, il faudra dire que la renaissance du Liban est plutôt un marathon et que l’accouchement par forceps du gouvernement, à cause des doléances ou caprices de certains partis, n’est que le point de départ de cette longue épreuve.
Car il ne suffit pas d’avoir un pilote et un copilote rassurants à bord, encore faut-il que la voiture Liban, cette épave tout juste bonne pour la casse, puisse être convenablement réparée pour être en mesure de redémarrer ! À l’heure actuelle, tout va à vau-l’eau : la stabilité du pays à cause d’un cessez-le-feu précaire menacé par une armée israélienne déchaînée et par l’application bancale de la résolution 1701, la justice paralysée, l’administration sclérosée et rongée par le clientélisme et la corruption, la sécurité malmenée par des dizaines de crimes et délits survenus dernièrement aux quatre coins du pays, une culture et une éducation foulées aux pieds par les obscurantistes, une économie exsangue, un secteur bancaire incapable de restituer les dépôts aux citoyens, un réseau électrique défectueux, une exploitation des ressources pétrolières et gazières suspendue… Tout est à refaire, et cette restauration ne saurait être accomplie du jour au lendemain : les réformes souhaitées nécessitent un travail de longue haleine et exigent la coopération d’un pouvoir législatif qui, pour l’instant, peine à légiférer.
La population et le monde ont placé beaucoup d’espoir dans le tandem Joseph Aoun / Nawaf Salam, surtout après l’affaiblissement de l’axe de la « moumana‘a » et le départ précipité du tyran de Damas. Il faudra lui accorder le temps nécessaire pour construire un État.
« La patience est la force des faibles, l’impatience est la faiblesse des forts », affirmait Kant. Parce que nous sommes encore faibles, armons-nous de patience…