
Le président de transition syrien, Ahmad el-Chareh lors d'une interview à la télévision syrienne, le 3 février 2025. Capture d'écran Youtube/SyriaTV
Le président de transition syrien, Ahmad el-Chareh, a affirmé lundi que le régime Assad « avait alimenté » la guerre civile au Liban (1975-1990) et « fracturé le pouvoir afin de le manipuler à son avantage », dans une interview à la télévision syrienne. Il a également imputé au régime déchu les séries d'assassinats politiques qui ont jalonné l'histoire libanaise à cette époque et au-delà.
« Le régime Assad a en quelque sorte alimenté la guerre civile au Liban », a ainsi affirmé le leader syrien. Il a ajouté que Damas a « fracturé le pouvoir » libanais pour asseoir son influence sur le pays voisin. Pour lui, cette stratégie a permis au régime Assad de « maintenir une emprise persistante sur la scène politique libanaise », en exacerbant les divisions et en créant un système « fracturé qu’il manipulait à son avantage ».
Assassinats sous le régime
M. el-Chareh a également pointé du doigt Damas pour son rôle dans les assassinats de plusieurs grandes figures politiques libanaises, déclarant que « tous les leaders ou personnalités politiques assassinés au Liban l’ont été sous le régime Assad (...) Même après la fin officielle de la guerre civile libanaise, l'ancien régime n’a cessé d’alimenter les tensions au Liban », a-t-il déclaré, relevant l'implication du régime dans la déstabilisation régionale, notamment en hébergeant et en « s’appuyant sur les milices iraniennes », sans donner d'exemple précis.
Sous le clan des Assad, père et fils, le Liban a été soumis pendant trois décennies à une tutelle implacable. L'armée syrienne est entrée au Liban en 1976 comme partie d'une force arabe chargée de mettre fin à la guerre civile, avant de se transformer en « force tutélaire » dans le pays, y régentant tous les aspects de la vie. Elle n'a été chassée du Liban qu'en 2005 sous la pression populaire après l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri qui a été attribué à Damas et à son allié local, le Hezbollah. Une période marquée par les assassinats de plusieurs figures opposées à Damas – des politiques, des intellectuels, des journalistes –, imputés à la Syrie ou à ses affidés, qui se poursuivront pendant plusieurs années.
Dans ce long entretien télévisé, Ahmad el-Chareh a par ailleurs esquissé les grandes lignes de son projet pour la « nouvelle ère » de la Syrie, évoquant des ambitions économiques à l’échelle nationale, un « sauvetage économique » du pays, ainsi que des défis sécuritaires et confessionnels à relever. Il a également abordé la reconstruction de l’armée, le rétablissement des relations diplomatiques avec la communauté internationale et la volonté de redorer le blason de Damas.
Dirigeant de facto de la Syrie, M. Chareh a été nommé président par intérim il y a une semaine. À la tête d’une coalition de rebelles dominée par le groupe islamiste sunnite Hay’at Tahrir el-Cham (HTC), il avait renversé Bachar el-Assad en décembre après 13 ans de guerre civile, mettant fin à plus d'un demi-siècle de règne sans partage de son clan familial.
Malheureusement on ne le sait que trop. Mais ce régime n’aurait pu rien faire sans la complicité de nos traîtres et lâches locaux. Les Assad ont toujours eu des volontaires pour leur donner un coup de main afin de pouvoir bénéficier des postes juteux pour se faire appeler Messieurs. Honte à eux tous. Le pire c’est qu’ils sont toujours là et continuent de se comporter comme s’ils avaient contribué à faire prospérer notre pays. Les libanais leur ont voué une admiration sans faille en leur renouvelant leurs mandats de députés et autres pour les remercier de les avoir mener en enfer.
12 h 46, le 05 février 2025