L'armée israélienne frappe à nouveau des passages frontaliers entre le Liban et la Syrie : deux morts

Deux personnes ont été tuées vendredi à l'aube dans une frappe israélienne le long de la frontière entre le Liban et la Syrie, à Janta, à l'est de Baalbeck, a annoncé le ministère libanais de la Santé. Cette frappe a été menée lors d'une série de six bombardements vers 5h sur la bande frontalière entre les deux pays, au niveau de la Békaa et du Liban-Nord, rapportent nos correspondants locaux Sarah Abdallah et Michel Hallak. Selon le ministère, dix personnes ont également été blessées dans un des raids israéliens sur Janta. 

Des informations de notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah, ont permis d'identifier ces deux victimes comme Abbas Moussaoui, originaire de Nabi Chit (caza de Baalbeck), et Wissam el-Bourji, originaire de Ali el-Nahri (caza de Zahlé). Les dix blessés ont été transportés à l'hôpital gouvernemental de Rayak.

Békaa et Liban-Nord

En tout, six frappes ont été menées quasiment en même temps : cinq d'entre elles ont visé des points de passage illégaux de la chaîne de l'Anti-Liban, tandis qu'un sixième raid a eu lieu dans le lieu-dit de Wadi al-Wawiyat, un point de passage illégal utilisé pour la contrebande depuis le côté syrien de la frontière, en face de la zone frontalière de Wadi Khaled, rapporte notre correspondant au Liban-Nord. Ces attaques interviennent malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre entre Israël et le Hezbollah.

Selon notre correspondante, l'aviation israélienne a coupé dans la Békaa la principale route reliant le Liban à la Syrie, au niveau de Tfayl du côté libanais et Assal el-Ward dans la région du Qalamoun occidental. Le missile lancé à cet endroit a creusé un cratère de sept mètres de profondeur et de dix mètres de diamètre, endommageant des poteaux et câbles électriques entre les deux pays.

La dernière frappe israélienne dans la Békaa - en dehors des bombardements réguliers sur le Liban-Sud - remontait au 12 janvier. Ce jour-là, des frappes avaient visé les postes-frontières de Janta et de Kasr. D'autres avaient également été menées dans le Sud.

Fabrication et trafic d'armes du Hezbollah

L'armée israélienne a revendiqué ces tirs, disant avoir frappé « de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa au Liban qui présentaient une menace », selon un message sur les réseaux sociaux. Un des sites visés par l'armée israélienne renferme une « infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement », a précisé l'armée dans un message sur X de son porte-parole arabophone, Avichay Adraee. Elle dit avoir également frappé des installations « à la frontière syro-libanaise utilisées par le Hezbollah pour le trafic d'armes à destination du Liban ». « Le lancement par le Hezbollah d’un drone de reconnaissance en direction de l'espace aérien israélien hier (jeudi), qui a été intercepté par l'armée de l'air, constitue une violation des accords conclus entre Israël et le Liban », a encore souligné sur X le LCol Adraee.

Réagissant à ces frappes, le député Ibrahim Moussaoui, du bloc du Hezbollah, a condamné une « violation grave et une agression flagrante qui enfreint les dispositions de la résolution 1701 » du Conseil de sécurité de l'ONU, sur laquelle se base l'accord de cessez-le-feu. Il a dénoncé le fait « qu'aucune action sérieuse et responsable » n'est entreprise par les « garants » de l'accord au niveau international, à savoir la France et les États-Unis, ce qui démontre « leur indifférence ou leur impuissance ». M. Moussaoui a encore appelé l'État libanais, donc le président de la République Joseph Aoun, le gouvernement et l'armée, à « intervenir immédiatement par tous les moyens disponibles pour mettre fin rapidement à l'anarchie criminelle » israélienne. 

Liban-Sud

De son côté, le président Aoun a discuté vendredi matin de la situation sur le terrain, notamment au Liban-Sud, avec le commandant en chef de l'armée par intérim, le général Hassane Audi, et le directeur des services de renseignement de l'armée, Tony Kahwagi, selon le compte X de la présidence. 

En soirée, l'armée israélienne a indiqué en soirée qu'un missile intercepteur avait été tiré sur un objet suspect au-dessus de la ville de Zar'it, dans le nord d'Israël, près de la frontière avec le Liban. L'incident fait l'objet d'une enquête, a ajouté l'armée israélienne. Cette attaque n'a pas encore été revendiquée.

En outre, la Défense civile a annoncé avoir récupéré des restes humains d'une victime dans le quartier de Jalahiyé, à Khiam, dans le caza de Marjeyoun. Des tests ADN seront effectués, précise-t-elle, tout en soulignant que les recherches se poursuivent en étroite coordination avec l'armée libanaise. Depuis plusieurs semaines, les équipes de secours mènent des opérations de recherche dans ce village du sud du Liban, théâtre de combats intenses entre les combattants du Hezbollah et l'armée israélienne. Plus d'une cinquantaine de corps ont déjà été extraits des décombres à Khiam, selon les informations de notre correspondant.