Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, reçu par son homologue libanais, Abdallah Bou Habib, à l’aéroport de Beyrouth, le 23 janvier 2025. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour
Le chef de la diplomatie saoudienne a affirmé vendredi, lors de sa première visite en Syrie depuis la chute de Bachar el-Assad, que le royaume tentait d'aider le nouveau pouvoir syrien à obtenir la levée des sanctions occidentales.
Le prince Fayçal ben Farhane a été reçu par le dirigeant syrien, Ahmad el-Chareh, qui veut ouvrir un nouveau chapitre dans les relations avec le royaume et espère son aide pour la reconstruction de son pays dévasté par la guerre.
Il s'agit de la première visite en Syrie du ministre saoudien depuis la chute d'Assad début décembre 2024 et la prise du pouvoir par une coalition de groupes armés dirigée par des islamistes radicaux.
Lors d'une conférence de presse avec son homologue syrien, le ministre saoudien a assuré que le royaume se tenait « aux côtés de la Syrie » et souligné « l'importance d'accélérer la levée et le gel de toutes les sanctions » qui lui sont imposées.
Il a ajouté que l'Arabie saoudite était engagée dans « un dialogue actif avec tous les pays concernés, qu'il s'agisse des Etats-Unis ou de l'Union européenne, et nous entendons des messages positifs ».
Washington a déjà allégé les sanctions après la chute d'Assad, et l'UE doit évoquer ce sujet lors du prochain conseil de ses ministres des Affaires étrangères à Bruxelles le 27 janvier.
Pour sa part, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad el-Chaibani, a souligné lors de la conférence de presse que la levée des sanctions permettrait « d'ouvrir de nouveaux canaux pour les investissements et le commerce », de réhabiliter l'infrastructure et de créer des emplois.
Reconstruction
M. Chaibani s'était rendu début janvier en Arabie saoudite dans sa première visite à l'étranger.
Ahmad el-Chareh avait déclaré fin décembre à la chaîne saoudienne al-Arabiya que le royaume jouerait « certainement un rôle important » dans l'avenir de la Syrie, évoquant « une grande opportunité d'investissements ».
Il avait révélé qu'il était né en Arabie saoudite, où travaillait son père et qu'il y avait passé les sept premières années de sa vie.
Le nouveau pouvoir espère notamment l'aide du royaume pour la reconstruction de la Syrie, dont les infrastructures ont été ravagées par plus de treize ans de guerre civile, déclenchée par une répression brutale des manifestations prodémocratie en 2011.
L'Arabie saoudite avait rompu ses liens avec Assad en 2012, mais les avait rétablis en 2023 et oeuvré pour le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.
Fayçal ben Farhane s'était alors rendu à Damas en avril 2023 pour tenter de convaincre Assad de s'éloigner de l'Iran, son allié, et de lutter contre le trafic de captagon, mais sans succès, selon des analystes.
En 2022, une enquête de l'AFP avait révélé que cette amphétamine avait fait de la Syrie un narco-Etat.
Depuis la chute de Bachar el-Assad, les autorités annoncent régulièrement la découverte et la destruction d'importantes quantités de captagon (drogue de la famille des amphétamines, NDLR), dont l'Arabie constituait le principal marché.
Le ministre saoudien est arrivé en provenance du Liban, où il a rencontré jeudi les nouveaux dirigeants du pays, marqué récemment par l'affaiblissement du puissant mouvement Hezbollah, allié de l'Iran, par une guerre avec Israël.
Il s'agissait de la première visite d'un chef de la diplomatie saoudienne dans le pays depuis près de 15 années, les deux pays ayant connu des relations tendues notamment en raison du rôle prépondérant du Hezbollah.
M. Ben Farhane s'est dit « confiant » jeudi dans la capacité des nouveaux dirigeants libanais à mener « les réformes nécessaires » réclamées par la communauté internationale dans ce pays, miné par une grave crise financière et économique.
Selon des analystes, l'affaiblissement de l'Iran et ses alliés dans la région a permis l'élection au Liban, après plus de deux ans de vacance, d'un président fort et jouissant de la confiance de la communauté internationale, qui a désigné un Premier ministre réformateur.
Vendredi, le ministre koweïtien des Affaires étrangères Abdallah Al-Yahya, qui s'est rendu à Beyrouth, a également souligné à l'issue de ses entretiens « l'importance pour le Liban de mener des réformes politiques et économiques globales ».
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