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Culture - Musée

À Paris, hommage à Suzanne Valadon, peintre star de son vivant méconnue du grand public

Plus de 200 peintures, dessins et estampes sont présentés jusqu’à fin mai dans le cadre de l’exposition au Centre Pompidou.

À Paris, hommage à Suzanne Valadon, peintre star de son vivant méconnue du grand public

Suzanne Valadon, « La Chambre bleue », 1923. Huile sur toile, 90 × 116 cm. Crédit : Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne

Méconnue du grand public, la peintre française Suzanne Valadon (1865-1938), à qui le Centre Pompidou à Paris consacre une rétrospective depuis mercredi, est l’une des rares artistes femmes à avoir été une star de son vivant.

Plus de 200 peintures, dessins et estampes sont présentés jusqu’à fin mai dans le cadre de l’exposition, initiée par le Centre Pompidou Metz en 2023 et présentée dans des versions adaptées au Musée d’arts de Nantes en 2023 et au Museu nacional d’Art de Catalunya (Barcelone) en 2024.

Avec Marie Laurencin, sa cadette d’une génération dont plusieurs toiles sont présentées dans l’exposition, Suzanne Valadon fait « figure de référence, critiquée mais jamais oubliée », rappelle Xavier Rey, à la tête du musée national d’art moderne du Centre Pompidou et commissaire de l’exposition avec Nathalie Ernoult, attachée de conservation au sein de cet établissement, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou Metz.

Pourtant, « le grand public la connaît encore peu, beaucoup moins que ses pairs Toulouse-Lautrec, Auguste Renoir ou Pierre Puvis de Chavannes, auprès desquels elle a appris la peinture en posant d’abord comme modèle et en observant », avant de s’inscrire dans leur lignée avec un « style très marquant qui réinvente le regard », souligne Mme Ernoult.

Anonyme, Suzanne Valadon entourée de deux chiens, vers 1930, tirage photographique. Photo Centre Pompidou, bibliothèque Kandinsky

« Gender »

« La peinture des femmes a très longtemps été ignorée et n’était pas enseignée. Elle l’est plus aujourd’hui, mais c’est souvent uniquement à travers une problématique « gender » (de genre) » et non pas historique, regrette-t-elle.

Suzanne Valadon, toutefois, n’a « pas été totalement invisibilisée par l’histoire, contrairement à d’autres », insiste la commissaire.

« Très connue de son vivant et probablement l’une des plus achetés par l’État français, elle a bénéficié d’une première rétrospective dix ans après sa mort en 1948 au Musée national d’art moderne qui se trouvait alors au Palais de Tokyo, puis d’une seconde en 1967 », retrace Mme Ernoult.

« Il n’y en a pas eu d’autre (en son seul nom, NDLR) depuis cette date à Paris, contrairement à Braque, Picasso ou Matisse, et il faut attendre 2025 pour la voir réhabilitée », ajoute-t-elle.

Artiste entre deux siècles, la peintre « ne rentre pas dans les cases des mouvements artistiques, comme l’abstraction ou le cubisme, sur lesquels se sont focalisées les années 1970 », souligne aussi la spécialiste. Mais elle « bénéficie aujourd’hui d’une réflexion qui, depuis une dizaine d’années, remet en cause cet enfermement dans les mouvements ».

Mère du peintre Maurice Utrillo (1883-1955), Suzanne Valadon, dont les toiles sont exposées à l’international, est aussi « probablement la première femme à avoir fait du nu masculin en grand format », fait remarquer la commissaire.

Élevée à Paris par sa mère, modeste blanchisseuse du Limousin immigrée sur la butte Montmartre, elle a bravé toutes les difficultés pour embrasser une carrière artistique.

C’est son ami Edgar Degas qui l’intronisera en lui disant : « Vous êtes des nôtres. »

Le mystère « Adam et Ève »

Elle connaît le succès dès les années 1920 avec ses portraits puis ses représentations atypiques de ses contemporains, à l’instar de sa célèbre Chambre bleue représentant une femme en bas de pyjama à rayures et caraco, une cigarette aux lèvres.

Parmi ses tableaux les plus énigmatiques qui suscitent l’intérêt des chercheurs, Adam et Ève, portrait en pied de la peintre et de son amant André Utter, de 20 ans son cadet, est présenté dans l’exposition. Tandis que le sexe d’Ève est bien visible, celui d’Adam est caché par des feuilles de vigne.

« Une photographie révèle pourtant qu’à l’origine, le sexe de l’homme était totalement apparent », raconte à l’AFP Stéphanie Elarbi, chef du service restauration au Musée national d’art moderne, qui a scruté l’œuvre grâce aux dernières technologies de l’imagerie.

Selon elle, la toile « a fait l’objet d’une grosse restauration entre 1909, époque où on estime qu’elle a été peinte, et 1920, date à laquelle elle a été exposée au Salon (exposition institutionnelle majeure de l’art contemporain de l’époque, NDLR), avec les feuilles de vigne », probablement pour éviter la censure.

« Une toile de lin marouflée a été ajoutée avant les feuilles de vigne à l’arrière du tableau pour réparer deux lacérations verticales au couteau faites sur les deux figures », sans qu’on sache par qui, détaille-t-elle.

Sandra BIFFOT-LACUT/AFP

Méconnue du grand public, la peintre française Suzanne Valadon (1865-1938), à qui le Centre Pompidou à Paris consacre une rétrospective depuis mercredi, est l’une des rares artistes femmes à avoir été une star de son vivant. Plus de 200 peintures, dessins et estampes sont présentés jusqu’à fin mai dans le cadre de l’exposition, initiée par le Centre Pompidou Metz en 2023 et présentée dans des versions adaptées au Musée d’arts de Nantes en 2023 et au Museu nacional d’Art de Catalunya (Barcelone) en 2024.Avec Marie Laurencin, sa cadette d’une génération dont plusieurs toiles sont présentées dans l’exposition, Suzanne Valadon fait « figure de référence, critiquée mais jamais oubliée », rappelle Xavier Rey, à la tête du musée national d’art moderne du Centre Pompidou et commissaire de...
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