
Des explosions à Aïta el-Chaab, dans le caza de Bint Jbeil, le 15 janvier 2025. Photo fournie par notre correspondant.
L'armée libanaise est entrée mercredi matin à Aïtaroun (Bint Jbeil) pour mener des travaux de déblayage des routes après des destructions causées par les frappes israéliennes, a indiqué le président de la municipalité de Aïtaroun (Bint Jbeil), Salim Mourad, à L'Orient-Le Jour.
« Ce (mercredi) matin, l'armée a dégagé plusieurs routes à l'intérieur du village, bloquées par l'armée israélienne avec des monticules de terre et des obstacles », a déclaré M. Mourad à notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. Il a toutefois précisé que la troupe ne s'était pas encore déployée sur ses positions situées à la périphérie de Aïtaroun en raison de la présence de l'armée israélienne.
📹 [#Vidéo] Scènes de destruction dans le village de Aïtaroun au #Liban-Sud, après des explosions menées par l'armée israélienne la veille. pic.twitter.com/Bpgw53VdNz
— L'Orient-Le Jour (@LOrientLeJour) January 15, 2025
M. Mourad a réitéré son avertissement à l’intention des habitants, les appelant à ne pas revenir dans le village, où la situation reste « dangereuse ». Il a également signalé que des soldats israéliens ont procédé mardi à de nouvelles démolitions de maisons dans le village, une pratique quotidienne observée dans de nombreuses localités frontalières encore occupées malgré l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre dernier.
Mardi soir, l'armée israélienne a bombardé plusieurs localités, dont Aïtaroun et Aïta el-Chaab dans le caza de Bint Jbeil, ainsi que Markaba, Meis el-Jabal et Kfar Kila dans le caza de Marjeyoun.
La municipalité de Aïtaroun a aussi appelé les habitants à ne pas circuler dans le village ni à prendre de photos de bâtiments afin d'éviter d'éventuelles exactions israéliennes. « L'ennemi israélien nous attend au tournant. Circuler dans le village et prendre des photos est dangereux (...) À chaque fois qu'une photo est prise, l'ennemi brûle et fait exploser ce qui reste des habitations », a indiqué la municipalité dans un communiqué. « Après que plusieurs habitants ont été intimidés ou agressés, nous vous demandons de ne pas vous rendre au village, en attendant l'autorisation des forces de sécurité et de l'armée libanaise », a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, selon des médias locaux, une délégation du comité de surveillance du cessez-le-feu s'est rendue à Naqoura (Tyr) pour effectuer une tournée dans le secteur ouest du Liban-Sud. De son côté, la Défense civile a récupéré des restes humains à Naqoura et les a transférés à l'hôpital Jabal Amel, où des analyses et des tests ADN seront effectués afin de déterminer l'identité de la personne décédée.
Mercredi également, des tirs israéliens ont ciblé la plaine de Khiam, dans le caza de Marjeyoun, depuis la colline de Hamames. L'armée israélienne a aussi fait exploser des bâtiments à Aïta el-Chaab. Dans le caza de Nabatiyé, après que des informations aient fait état d'un appel israélien demandant l'évacuation d'un bâtiment à Houmine, l'armée libanaise s'est rendue sur place et a procédé à une fouille sans rien trouver, rapporte notre correspondant. Par le passé, plusieurs appels téléphoniques israéliens ont été signalés, dont certains se sont révélés être des fausses alertes. Ces appels avaient, par exemple, pour objectif d'exhorter à l'évacuation de lieux supposés abriter des stocks d'armes du Hezbollah.
À Beyrouth, au moment où des consultations non contraignantes visant à former un nouveau gouvernement se tiennent au Parlement, des drones israéliens ont survolé la capitale et sa périphérie.
Une trêve est entrée en vigueur entre Israël et le Hezbollah, après plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre totale pendant lesquels l'État hébreu a également engagé des troupes au sol dans le sud du Liban. Selon l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud, d'où l'armée israélienne doit se retirer sur une période de 60 jours expirant le 26 janvier. Le parti chiite doit retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le Sud. Israël a continué à mener épisodiquement des frappes sur le sud et l'est du Liban après l'entrée en vigueur de la trêve.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait accusé le Hezbollah de ne pas se retirer « au-delà du fleuve Litani » et de ne pas respecter d'autres termes du cessez-le-feu, après que le mouvement pro-iranien a accusé Israël de violations. Le chef du Hezbollah, Naïm Kassem, avait prévenu que son groupe pourrait « perdre patience » face aux « violations » israéliennes avant l'expiration du délai de 60 jours.
Un mécanisme de surveillance réunissant la France, les États-Unis, le Liban, Israël et la force de paix de l'ONU au Liban, la Finul, a été mis en place pour surveiller l'application de cet accord.
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