
Le Premier ministre français François Bayrou prononce une déclaration de politique générale devant les députés à l'Assemblée nationale à Paris, le 14 janvier 2025. Photo AFP/THOMAS SAMSON
Le nouveau Premier ministre français François Bayrou a rouvert mardi le débat sur une réforme contestée des retraites portée par le président Emmanuel Macron, une ouverture à gauche destinée à éviter une censure similaire à celle qui avait fait tomber le précédent gouvernement.
M. Bayrou, soutien de la première heure du président Macron depuis l'élection de ce dernier en 2017, a annoncé à l'Assemblée la « remise en chantier » d'une réforme centrale pour le président français. Cette réforme avait repoussé en 2023 de 62 à 64 ans l'âge de la retraite, malgré l'hostilité d'une majorité de l'opinion publique.
« Je choisis de remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref », a déclaré le Premier ministre de 73 ans, ajoutant dans son discours de politique générale qu'il n'y aurait « aucun tabou, pas même l'âge » de départ.
La réforme contestée s'appliquera toutefois si les partenaires sociaux ne s'accordent pas sur une solution alternative de financement des retraites dans un délai de trois mois.
Cet exercice d'équilibriste vise à permettre à M. Bayrou, nommé Premier ministre mi-décembre sans majorité à l'Assemblée nationale, d'arracher une forme de neutralité à la gauche modérée, sans braquer pour autant ses partisans du centre et de la droite, partisans d'un effort collectif pour assurer un financement pérenne des retraites.
Mais le président du groupe socialiste Boris Vallaud a estimé que « le compte n'y (était) pas » après le discours
de François Bayrou, sans indiquer toutefois si son groupe, qui réclame la suspension de la réforme des retraites, voterait la censure du gouvernement jeudi.
La gauche radicale du parti La France insoumise (LFI) a en effet déposé mardi une motion de censure contre le gouvernement signée par 57 autres députés, issus de ses rangs mais aussi des groupes communiste et écologiste.
Sans l'appui des socialistes, le texte a toutefois peu de chances d'être adopté.
Le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), le plus important dans l'hémicycle, a confirmé pour sa part qu'il ne voterait pas la censure pour éviter « la politique du pire ».
Les débats ont en tout cas confirmé le fossé désormais creusé entre les socialistes et LFI, malgré le pacte électoral passé l'été dernier. « Le plus tôt vous serez parti, le mieux cela sera. Car le plus tôt le président Macron s'en ira », a lancé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot à M. Bayrou.
« Retrouver la stabilité »
M. Bayrou a estimé devant l'Assemblée que « l'injonction que le pays nous assigne, c'est de retrouver la stabilité ». La France traverse en effet une période d'instabilité politique inédite depuis des décennies.
Il doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l'Assemblée par le président Emmanuel Macron en juin. L'hémicycle est fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite), dont aucun ne dispose de la majorité absolue.
Représentant historique d'une politique centriste, M. Bayrou a pour premier défi de faire passer un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.
M. Bayrou a annoncé à ce propos que son gouvernement visait un déficit public à 5,4% du PIB en 2025, contre 6,1% attendus pour 2024. La France a affiché la pire performance des Vingt-Sept à l'exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l'UE.
Le Premier ministre cherche à éviter de subir le même sort que son prédécesseur conservateur Michel Barnier, dont le gouvernement avait été renversé au bout de trois mois par une alliance des députés de gauche et d'extrême droite.
M. Barnier avait tenté, en vain, d'obtenir un engagement de « non-censure » de l'extrême droite, là où M. Bayrou mise sur la gauche et particulièrement les socialistes.
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