Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a annoncé que le nouveau dirigeant syrien Ahmad el-Chareh s'était engagé à « bloquer l'immigration illégale » lors de leur rencontre vendredi à Damas.
« Chareh dit qu'il est prêt à bloquer l'immigration illégale, à se battre contre les trafiquants de drogue. Ce sont deux engagements cruciaux pour l'Italie », a dit le ministre lors d'une conférence de presse à Beyrouth, où il est arrivé au terme de sa visite à Damas.
« Je ne veux pas que la Méditerranée reste un cimetière d’immigrés, nous voulons la Méditerranée comme une mer de la croissance, du commerce », a-t-il encore dit.
Le ministre a rencontré à Beyrouth Joseph Aoun, dont l'élection la veille à la présidence du Liban a mis fin à une crise politique de plus de deux ans dans le pays.
« Nous sommes prêts à faire tout ce que nous pouvons pour permettre au Liban d'être un pays stable, avec une Syrie stable », a-t-il dit.
Plusieurs responsables européens se sont rendus à Damas pour rencontrer M. Chareh, qui a pris le pouvoir le 8 décembre, après la chute du pouvoir de Bachar el-Assad.
M. Tajani a également rencontré à Damas son homologue syrien Assaad al-Chaibani, qui a annoncé qu'il allait effectuer une tournée européenne, la première depuis la prise du pouvoir en Syrie par une coalition dirigée par des islamistes.
« Je suis heureux d'annoncer mon intention de présider une délégation de haut niveau lors d'une tournée à l'étranger, qui inclura plusieurs pays européens, dans le but de renforcer la coopération et le partenariat dans tous les domaines », a déclaré M. Chaibani lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue italien.
Sanctions
Sur la question des sanctions, imposées à la Syrie après le début de la guerre civile en 2011 déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, M. Tajani a estimé qu'elles ne devaient « absolument pas frapper la population syrienne ».
« Elles ont été imposées en raison d’un régime différent (...) Les propos tenus tout à l'heure par le Haut représentant de l'Union européenne sur la question des sanctions vont dans la bonne direction », a-t-il ajouté.
L'UE venait d'indiquer qu'elle pourrait « progressivement » assouplir ces sanctions en cas de « progrès tangibles » des nouvelles autorités.
M. Chaibani a salué la position de M. Tajani, relevant que les sanctions « constituent un obstacle au retour des réfugiés et (...) un frein à la reprise économique ».
Le conflit en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.
M. Chareh dirige le groupe islamiste radical Hay'at Tahrir el-Cham (HTC), à la tête de la coalition qui a renversé Bachar el-Assad le 8 décembre, mettant fin à cinq décennies de pouvoir sans partage de sa famille.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, s'était dite prête mi-décembre à dialoguer avec les nouvelles autorités tout en appelant à la « prudence maximale » envers HTC.
Autrefois affiliée à el-Qaëda, cette formation affirme avoir renoncé au jihadisme, et le nouveau pouvoir cherche à rassurer la communauté internationale sur le respect des droits des minorités, dans une Syrie multi-confessionnelle et multi-ethnique.
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