Le président élu américain Donald Trump lors d'une prise de parole dans sa résidence de Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride le 7 janvier 2025. Carlos Barria / Reuters
Au lendemain de la certification de sa victoire à la présidentielle par le Congrès américain, Donald Trump a donné mardi une conférence de presse décousue et provocatrice, lors de laquelle il a répété ses ambitions d'annexer le canal de Panama et le Groenland, par la force si besoin.
Alors que la conférence de presse depuis sa résidence Mar-a-Lago, à Palm Beach en Floride, était censée concerner un investissement des Émirats arabes unis de 20 milliards de dollars pour construire de nouveaux centres de données aux États-Unis, le futur président américain a rapidement évacué cette question pour aborder un vaste éventail de sujets nationaux et internationaux pendant plus d'une heure.
« Protéger le monde libre »
Comme à son habitude, il était cependant difficile dans l'immédiat de faire la part entre annonces réelles et opinions exagérées dans des déclarations fracassantes aux accents expansionnistes. Interrogé sur la question de savoir s'il pouvait garantir qu'il n'aurait pas de recours aux forces armées pour annexer le canal de Panama, artère vitale du transport maritime mondial, et le Groenland, territoire autonome du Danemark, Donald Trump a répondu : « Je ne peux pas vous l'assurer, sur aucun des deux. »
Le président élu a déjà affirmé, à plusieurs reprises, vouloir reprendre le canal de Panama, construit par les États-Unis et inauguré en 1914, si les péages pour les navires américains n'étaient pas réduits.
Juste avant Noël, il avait également jugé que le contrôle du Groenland était « une nécessité absolue » pour « la sécurité nationale et la liberté à travers le monde ». Mardi, il a exhorté le Danemark à « renoncer » à ce territoire autonome. « Je parle de protéger le monde libre », a-t-il déclaré, évoquant la menace des navires russes et chinois «un peu partout».
M. Trump a par ailleurs évoqué la possibilité que le Canada « fusionne » avec les États-Unis et devienne le « 51e État » américain, comme il l'a fait à plusieurs reprises ces dernières semaines en pleine crise politique chez son voisin du nord, qui a conduit au retrait du Premier ministre Justin Trudeau, au pouvoir depuis 2015.
Le Canada « ne reculera jamais face aux menaces »
« Jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des États-Unis » a lancé mardi M. Trudeau, dans une première réaction aux attaques répétées de Donald Trump, qui l'a notamment appelé le « gouverneur Trudeau », en référence au titre du chef de l'exécutif d'un État américain.
Lors de sa conférence de presse, le président élu a menacé de faire usage de la « force économique » contre le Canada, en faisant passer les droits de douane à 25 %.
Le Canada « ne reculera jamais face aux menaces » a affirmé la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, l'une des prétendantes pour remplacer Justin Trudeau qui a démissionné lundi mais qui reste en fonction le temps que son parti libéral lui trouve un successeur. « Les commentaires du président élu Trump démontrent une incompréhension totale de ce qui fait du Canada un pays fort », a-t-elle ajouté.
« L'Union européenne ne laissera pas d'autres nations attaquer ses frontières souveraines », a déclaré pour sa part le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en réponse aux commentaires de Donald Trump sur le Groenland concernant la « propriété et le contrôle » de la vaste île arctique qui fait partie du Danemark depuis plus de 600 ans. « Il n'est évidemment pas question que l'Union européenne laisse d'autres nations du monde attaquer ses frontières souveraines, quelles qu'elles soient [...]. Nous sommes un continent fort », a déclaré M. Barrot.
« Je pense que le président américain doit faire des déclarations plus disciplinées et plus diplomatiques », a déclaré de son côté Oussama Hamdan, un haut responsable du Hamas, après que Donald Trump a averti le mouvement palestinien que «l'enfer se déchaînera» si les otages israéliens détenus à Gaza ne sont pas libérés avant son investiture le 20 janvier.
Le responsable palestinien a ajouté que c'était Israël qui était à blâmer pour avoir sapé tous les efforts déployés en vue de parvenir à un accord de cessez-le-feu, selon l'agence Reuters. Bien qu'il n'ait pas voulu donner de détails sur le dernier cycle de négociations au Qatar, il a réitéré les conditions posées par le Hamas, à savoir « la fin complète de l'agression et le retrait total des territoires envahis par l'occupation ».
Donald Trump est typiquement impulsif, avec un tempérament de boxeur mal entraine'. Il pourrait se casser la gueule à n'importe quel moment. Et entraîner avec lui le monde entier...
15 h 21, le 08 janvier 2025