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Politique - Polémique au Liban

Les fermes de Chebaa « syriennes » ? Après les propos de Joumblatt, la question revient sur la table

L'État doit « intensifier ses efforts diplomatiques pour consolider le droit libanais » sur ce territoire, souligne la municipalité de Chebaa.

Les fermes de Chebaa « syriennes » ? Après les propos de Joumblatt, la question revient sur la table

Le minaret d'une mosquée au milieu de décombres de bâtiments frappés par Israël à Chebaa au Liban-Sud, le 27 novembre 2024. Photo AFP

« Syriennes », les fermes de Chebaa ? Des propos du leader druze Walid Joumblatt dimanche à Damas, concernant ces quelques kilomètres contestés du Golan, entre le Liban, la Syrie et Israël, font réagir dans la région et sur le web, remettant sur le devant de la scène la querelle autour de ce bout de territoire. 

Après une association du Arkoub, région sunnite du district de Hasbaya qui englobe cinq villages dont Chebaa, c'est la municipalité de cette localité qui a commenté les déclarations du chef druze, première personnalité politique libanaise à rencontrer les nouvelles autorités syriennes. 

Les déclarations de Walid Joumblatt « ne reflètent ni la réalité historique et géographique ni les aspirations de notre peuple à préserver sa souveraineté », a écrit la municipalité dans un communiqué. Les hameaux de Chebaa font « partie intégrante du territoire libanais », selon le texte, qui dénonce dans la remise en question de cette souveraineté libanaise sur ce petit territoire une « atteinte à la dignité des habitants ». L'État doit « intensifier ses efforts diplomatiques pour consolider le droit libanais sur les fermes de Chebaa, tant au niveau régional qu'international », selon la municipalité. 

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Un « mensonge » ou un « cadeau » de Joumblatt ?

Et sur les réseaux sociaux, la polémique prend un tour partisan. De nombreux utilisateurs accusent Walid Joumblatt d'avoir « vendu » ou « offert » le territoire aux Syriens, partageant pour certains des extraits de discours de l'ex-chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui affirmait notamment en mai 2019 que les autorités libanaises clament leur souveraineté sur ce territoire. D'autres, publiés par des internautes apparaissant comme proches de l'opposition à « l'axe de la résistance », se basent, eux, sur les déclarations de Walid Joumblatt et d'autres responsables, comme le chef du parti Kataëb Samy Gemayel, pour souligner que, selon eux, la libanité des fermes de Chebaa est un « mensonge » utilisé pour justifier le maintien des armes du Hezbollah. 

Le débat sur ce hameau de quelque 14 kilomètres de long et 2 kilomètres de large revient donc sous les projecteurs à l'heure où la question de l'arsenal du parti chiite est au cœur des discussions, près d'un mois après le cessez-le-feu avec Israël et alors que l'accord de trêve prévoit son retrait au nord du Litani. Cette question est également abordée, alors que la chute du régime Assad pose de nombreuses questions concernant la gestion de nombreux dossiers entre le Liban et la Syrie. 

« Encore trop tôt », selon Chareh

Répondant au cours de sa visite à Damas à une question de la presse, Walid Joumblatt avait affirmé que la question des fermes de Chebaa est inscrite dans la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU. « Si la démarcation » de la frontière entre les États libanais et syrien indique que ce territoire est libanais, « nous l'accepterons, mais les fermes de Chebaa sont syriennes », avait-il lancé.  

L'argument de Walid Joumblatt se base sur la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait été adoptée le 22 novembre 1967, après la guerre des Six-Jours entre Israël d'un côté et l'Égypte, la Syrie, le Liban, l’Irak et la Jordanie de l'autre. C'est pendant ce conflit qu'Israël a conquis de larges territoires de ses voisins, dont le plateau syrien du Golan. Les fermes de Chebaa étaient incluses dans le territoire pris à la Syrie, alors que le Liban, qui n'avait pas participé à la guerre, n'a pas présenté de réclamation. Le texte, qui souligne « l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre », appelle au « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ».

La question de ces fermes a également été abordée lors de la réunion de M. Joumblatt avec Ahmad el-Chareh, chef des rebelles islamistes de Hay'at Tahrir el-Cham (HTC), à la tête de la coalition rebelle désormais au pouvoir. 

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Lors d’un point presse, Ahmad el-Chareh a déclaré qu'il « est encore trop tôt pour en parler, sachant que nous sommes dans une phase de transition. » À plusieurs reprises depuis la chute du régime syrien, le nouvel homme fort de Damas a en outre affirmé que son pays n’aura plus « d’ingérence négative au Liban » dont il respectera la souveraineté, l'intégrité territoriale, l'indépendance de décision et la stabilité.

Dossier national vs « calculs personnels »

Le régime de Bachar el-Assad avait à de nombreuses reprises affirmé oralement que les fermes de Chebaa étaient bien libanaises, sans toutefois jamais signer de carte délimitant sa frontière avec le Liban  confirmant ces dires à l'ONU, comme cela a été réclamé par la résolution 1680, adoptée en mai 2006. Cette résolution du Conseil de sécurité  « encourageait vivement le gouvernement syrien à donner suite à la demande faite par le gouvernement libanais (...) de délimiter leur frontière commune, surtout dans les secteurs où celle-ci est incertaine ou contestée ». Résultat de l'inaction de la Syrie : au regard du droit international, ce territoire est toujours considéré comme syrien, même s'il est annexé par Israël.

Dimanche, l’Organisation des fils du Arkoub et des fermes de Chebaa avait indiqué dans un communiqué que « les frontières sont déjà tracées » malgré « l’occupation sioniste » de ce territoire. « Nous renvoyons M. Joumblatt et d’autres à la résolution 1701, qui évoque explicitement les fermes de Chebaa, confirme la résolution 425 et ne mentionne jamais la résolution 242 en ce qui concerne les fermes. » L’organisation appelle également les responsables libanais « à retirer ce dossier national des calculs personnels ». La résolution 425 adoptée en 1978 stipule le retrait israélien du territoire libanais. La résolution 1701 avait, elle, mis fin à la guerre de 2006 et permis un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël le 27 novembre dernier. Son texte appelle notamment à la mise en œuvre de la résolution 1680, notamment les dispositions relatives à la délimitation de la frontière « y compris en s’occupant de la question des fermes de Chebaa ». 

Le Liban avait perdu en grande partie le contrôle des fermes de Chebaa, au détriment de la Syrie, en 1958, lorsque l'armée de la République arabe unie s'était positionnée dans le secteur, dans l'indifférence des autorités, sur fond de tensions avec le président de l'époque Camille Chamoun. 

Walid Joumblatt avait déjà affirmé à plusieurs reprises que les fermes de Chebaa n'appartenaient pas au Liban, notamment en 2019, dans un entretien à la chaîne Russia Today. 

« Syriennes », les fermes de Chebaa ? Des propos du leader druze Walid Joumblatt dimanche à Damas, concernant ces quelques kilomètres contestés du Golan, entre le Liban, la Syrie et Israël, font réagir dans la région et sur le web, remettant sur le devant de la scène la querelle autour de ce bout de territoire. Après une association du Arkoub, région sunnite du district de...
commentaires (4)

En droit imternational, les fermes sont syriennes, même si les revendications libanaises sont légitimes. Lorsque les israéliens s’en s;mt emparées, elles étaient occupées par l’armée syrienne. On se souvient qu’en 2000, Hafex ek Assad les avait déclarées libanaises, dans le sul but de justifier le maintien sous les armes du Hezbollah, mais s’était (comme son fils après lui) toujours refusé à officialiser cette délaration par un traité frontalier. IL y a, maintenant, une occasion à saisir pour ce faire, et c’est tout ce que dit Joumblatt, Je ne comprends pas ce tollé.

Yves Prevost

08 h 14, le 24 décembre 2024

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Commentaires (4)

  • En droit imternational, les fermes sont syriennes, même si les revendications libanaises sont légitimes. Lorsque les israéliens s’en s;mt emparées, elles étaient occupées par l’armée syrienne. On se souvient qu’en 2000, Hafex ek Assad les avait déclarées libanaises, dans le sul but de justifier le maintien sous les armes du Hezbollah, mais s’était (comme son fils après lui) toujours refusé à officialiser cette délaration par un traité frontalier. IL y a, maintenant, une occasion à saisir pour ce faire, et c’est tout ce que dit Joumblatt, Je ne comprends pas ce tollé.

    Yves Prevost

    08 h 14, le 24 décembre 2024

  • La paix contre des territoires ? L'entité a compris, c'est finit !!!

    Dorfler lazare

    08 h 14, le 24 décembre 2024

  • Et si on faisait un référendum pour demander à la population de choisir son état ? Et si on supprimait toutes les frontières, ce que la mondialisation n'a pas fait, que deviendrait l'humanité ?

    KERBAJE Eli

    07 h 06, le 24 décembre 2024

  • Elles sont syriennes. Selon tous les textes de l'ONU. Et puis, vous savez quoi? Même les habitants parlent avec leur accent syrien... Et au cas où elles seraient libanaises ( ce qui n'est NULLEMENT le cas) nous dirons OUI elles sont syriennes. Que la syrie se débrouille et récupère aussi bien le GOLAN que CHEBAA. Pour nous occupons nous à délimiter nos frontières avec la Syrie. Retrouver nos terres occupées actuellement par ISRAEL suite à la FAMEUSE victoire du Hezbollah qui a fait qu'israel soit dans notre SUD. Bref, Ces hameaux de CHEBAA sont Syriens. Ils ne font pas partie des 10 452 KM2

    LE FRANCOPHONE

    18 h 21, le 23 décembre 2024

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