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Moyen-Orient - Reportage

« On attendait ce jour depuis longtemps » : Damas se réveille sans Assad

Des habitants ont raconté avoir vu des soldats se débarrasser à la hâte de leur uniforme en sortant du siège de l'état-major sur la place des Omeyyades.

Dimanche 8 décembre, tôt le matin, des habitants se sont rassemblés, sur la place des Omeyyades, à Damas, pour célébrer la chute du régime Assad. Louai Beshara/AFP

Tirs de joie et invocations religieuses lancées par les hauts-parleurs des mosquées... Encore sonnée par l'annonce de la « fuite » du président Bachar al-Assad, la capitale syrienne s'est réveillée dimanche avant l'aube sous contrôle rebelle.

Selon des témoins contactés par l'AFP, quelques dizaines de personnes ont rallié la place des Omeyyades, dans le centre de Damas, pour célébrer la chute du clan Assad au pouvoir depuis plus d'un demi-siècle, dans un pays morcelé par une guerre civile meurtrière depuis 2011. « On attendait ce jour depuis longtemps », a indiqué Amer Batha, joint au téléphone par l'AFP depuis la place des Omeyyades, dans un pays dirigé d'une main de fer par un pouvoir qui réprimait toute dissidence et étouffait les libertés publiques. « Je n'arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant », lâche ce Syrien qui fond en larmes: « C'est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie ».

Une statue de Hafez el-Assad piétinée 

Sur les réseaux sociaux circulaient des vidéos de Syriens entrant dans la maison de la famille Assad. 

Dans le jardin au centre de la place, sous les cris de « Allah Akbar » ( »Dieu est le plus grand ») lancés à la volée pour exprimer la joie de la foule, des dizaines d'habitants ont piétiné une statue de Hafez el-Assad, le père de Bachar, après l'avoir fait chuter et l'avoir brisée, selon des images de l'AFPTV. « La Syrie est à nous, elle n'est pas à la famille Assad », ont scandé des hommes armés des groupes rebelles circulant dans certaines rues de Damas, tirant en l'air en signe de joie.

Les célébrations, sur la place des Omeyyades. Louai Beshara AFP


Les soldats du régime se débarrassaient eux à la hâte de l'uniforme militaire de l'armée syrienne, en sortant du siège de l'état-major sur la place des Omeyyades, ont raconté à l'AFP des habitants. Illustrant la débandade qui a accompagné l'offensive fulgurante des rebelles dans la capitale, les locaux abritant la télévision et la radio publiques ont été abandonnés par les fonctionnaires, selon un ancien employé.

« Le peuple syrien est uni »

A des kilomètres de là, dans le pittoresque vieux Damas où vivent de nombreuses familles chrétiennes, de jeunes syriens dans les allées étroites scandaient « le peuple syrien est uni », un message se voulant rassurant à destination des minorités d'un pays multi-confessionnel, déchiré par 13 années d'une guerre civile meurtrière et dévastatrice.

Repère

Les quelques jours qui ont fait basculer la Syrie

Dans un autre quartier, à Chaghour, des femmes aux balcons poussaient des cris de joie, d'autres jetaient du riz au passage de combattants armés. « Je n'arrive pas à croire qu'à partir d'aujourd'hui je n'aurai plus peur », confie à l'AFP Ilham Basatina, fervente quinquagénaire juchée sur son balcon à Chaghour. « Aujourd'hui notre joie est immense, mais elle ne sera complète que quand le criminel sera jugé », lâche-t-elle en référence à Bachar al-Assad. Les rebelles entrés à Damas ont annoncé que le « tyran » s'était enfui.

Avant le lever du jour, la capitale a été secouée par cinq fortes déflagrations d'origine inconnue, probablement des tirs d'artillerie ou des explosions dans des entrepôts de munitions, selon un soldat en cavale, s'exprimant sous couvert d'anonymat. « Notre supérieur direct nous a informé qu'il fallait nous retirer et rentrer chez nous », raconte-t-il à l'AFP: « On a compris que tout était fini. »

« Culture de la peur »

Sur les réseaux sociaux, journalistes, employés de la fonction publique et parlementaires se sont empressés de changer leur photo de profil, choisissant d'y arborer le drapeau de l'opposition. « Ce n'est pas la faute des journalistes et des médias syriens », a justifié le rédacteur en chef du quotidien progouvernemental Al-Watan, Waddad Abd Rabbo. « Tous, nous ne faisions qu'exécuter les ordres et publier les informations qu'ils nous envoyaient », en allusion aux autorités.

Sur Facebook, l'acteur syrien Ayman Zidan a reconnu qu'il était « dans l'illusion ». « Peut-être étions-nous prisonniers d'une culture de la peur. Ou avions-nous peur du changement, car on pensait que cela nous mènerait vers le sang et le chaos », ajoute-t-il. « Mais nous voilà aux portes d'une nouvelle ère, avec des hommes qui nous ont impressionné par leur noblesse et une culture du pardon et le désir de restaurer l'unité du peuple syrien », dit-il encore en allusion aux rebelles.

Ces rebelles qui dans les rues de Damas, en treillis militaire, s'agenouillaient pour embrasser le sol dans l'émotion ou prier. D'autres se prenaient en photos, les tirs nourris des armes à feu retentissant sans discontinuer.

Tirs de joie et invocations religieuses lancées par les hauts-parleurs des mosquées... Encore sonnée par l'annonce de la « fuite » du président Bachar al-Assad, la capitale syrienne s'est réveillée dimanche avant l'aube sous contrôle rebelle.Selon des témoins contactés par l'AFP, quelques dizaines de personnes ont rallié la place des Omeyyades, dans le centre...
commentaires (8)

Euh, .... "awhan min bayt el aankabout" !??? Je comprends finalement ce que ça signifie, ... et probablement que le aankabout en était offensé

Wlek Sanferlou

14 h 39, le 08 décembre 2024

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Euh, .... "awhan min bayt el aankabout" !??? Je comprends finalement ce que ça signifie, ... et probablement que le aankabout en était offensé

    Wlek Sanferlou

    14 h 39, le 08 décembre 2024

  • @zeidan Vous voulez dire déçus et spoliés de leur liberté comme en IRAN en 1979 aprés la révolution ?

    HABIBI FRANCAIS

    14 h 27, le 08 décembre 2024

  • Que de chretiens libanais massacre’s et kidnappe’s…… J espere qu il n aura pas une seconde de repis

    Robert Moumdjian

    14 h 21, le 08 décembre 2024

  • Bachar lamentable jusquau bout

    Liban Libre

    13 h 56, le 08 décembre 2024

  • Aujourd’hui de nombreuses personnes vont changer de discours et s’adapter à la nouvelle donne. Hier fervents défenseurs du régime et les porte-paroles voire perroquets, aujourd’hui nous les retrouvons « rebelles ». Tout comme ceux, au liban, qui encensaient le dictateur syrien. Que vont-ils faire ? Même le Hezbollah devra se remettre en question. Les voies par lesquelles leurs armes parvenaient d’Iran via la Syrie ne seront à leur disposition. Déjà Lâchés par l’Iran durant la guerre, aujourd’hui sans la Syrie… ces islamistes chiites devront redevenir libanais idéologiquement et en allégeance

    LE FRANCOPHONE

    12 h 58, le 08 décembre 2024

  • Un jour historique pour la Syriee et aussi pour le Liban.

    Michel Trad

    11 h 43, le 08 décembre 2024

  • Mabrouk au peuple Syrien., encore une fois le lion s'est mué en lapin.

    Liban Libre

    11 h 08, le 08 décembre 2024

  • Ils seront déçus, ils seront spoliés et dépossédés de leur envie de liberté comme en Egypte en Tunisie et au Liban.

    Zeidan

    10 h 37, le 08 décembre 2024

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