Il a encore frappé. Le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, à la tête du parti d’extrême droite Otzma Yehudit (Force juive), a ordonné dimanche à la police d’interdire aux mosquées de diffuser l’adhane, l’appel à la prière musulmane. Dans une interview accordée à la chaîne israélienne Channel 12, le suprémaciste juif a justifié cette décision en affirmant vouloir lutter contre le « bruit déraisonnable » émanant des mosquées, qui constituerait selon lui « un risque pour les habitants d’Israël ». Sa directive stipule que la police israélienne confisquera désormais les haut-parleurs des mosquées et leur infligera des amendes en cas de non-respect des nouvelles règles.
Une mesure qui s’inscrit dans le sillage de précédents efforts de l’extrême droite israélienne au cours des dernières années pour interdire l’appel à la prière des fidèles musulmans. En 2017, elle était notamment allée jusqu’à introduire un projet de loi, nommé le « projet de loi muezzin » – adopté en première lecture puis bloqué –, visant à interdire l’usage des haut-parleurs par les mosquées. En 2013, un groupe d’activistes extrémistes juifs accompagnés d’Itamar Ben Gvir avaient diffusé l’adhane sur des haut-parleurs dans un quartier de Tel-Aviv, dans le but de démontrer à quel point d’autres citoyens israéliens seraient « constamment incommodés » par l’appel à la prière dans d’autres régions du pays.
Le gouvernement de Netanyahu tenu pour responsable
Si l’idée n’est pas nouvelle, la mesure a suscité la polémique, notamment parmi les députés arabes israéliens. Mansour Abbas, chef de la Liste arabe unie, un parti politique représentant les Palestiniens d’Israël, a condamné cette interdiction, accusant le ministre de « jeter de l’huile sur le feu et de pousser les Arabes musulmans à réagir à ses provocations ». Dans un message publié samedi sur le réseau X, Mansour Abbas a ajouté que le ministre « a échoué à la mosquée al-Aqsa et tente aujourd’hui de provoquer toutes les mosquées ». En août dernier, Itamar Ben Gvir avait suscité une condamnation internationale en appelant à la construction d’une synagogue sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam et site le plus sacré du judaïsme. Quelques jours auparavant, il avait conduit un groupe de plus de mille Israéliens dans une marche controversée à travers ce site religieux, y accomplissant des rites juifs devant le dôme du Rocher, ce qui est interdit par l’État hébreu selon le statut du site.
Connu pour ses positions extrémistes, Itamar Ben Gvir a été accusé par le passé de liens avec une organisation terroriste juive antiarabe. Sa nomination au poste de ministre de la Sécurité nationale en 2022 a suscité de nombreuses controverses, même au sein de la coalition d’extrême droite actuellement au pouvoir en Israël. Le mois dernier, la procureure générale d’Israël, Gali Baharav-Miara, a exhorté Benjamin Netanyahu à le démettre de ses fonctions, l’accusant de politiser les forces de police. Dénonçant une mesure visant à « renforcer l’oppression continue du public arabe » en profitant de la guerre à Gaza comme prétexte pour inciter à la violence, Ahmad Tibi, député de la liste électorale conjointe de gauche antisioniste Hadash-Ta’al, a tenu Benjamin Netanyahu personnellement responsable des actions provocatrices du ministre.
Depuis octobre 2023, les autorités israéliennes ont intensifié leurs politiques discriminatoires à l’égard des Palestiniens d’Israël, réprimant les manifestants opposés à la guerre menée par Israël à Gaza. Un mois après son déclenchement, la Knesset avait notamment adopté un amendement, pour le moins vague, faisant de la « consommation de contenu à caractère terroriste » une nouvelle infraction pénale dans le cadre de la loi antiterroriste du pays.
Les appels à la prière ne sont pas réglementés dans beaucoup de pays musulmans ? Pourquoi utiliser des enceintes ?
16 h 42, le 04 décembre 2024