
Le journaliste Firas Hatoum. Photo Facebook
Convoqué mardi par la police criminelle pour un interrogatoire qui était prévu jeudi, un journaliste d’investigation de la chaîne al-Jadeed, Firas Hatoum, n’a pas comparu. Il devait être entendu sur base d’une plainte présentée par la société Serta, spécialisée dans l’information et la communication technologique, suite à une enquête menée en octobre dernier, et intitulée « L’incursion à travers les bipeurs ».
Dans cette enquête, le journaliste s’interrogeait sur un éventuel rôle de l’entreprise en question, lié aux appareils de transmission utilisés par des membres du Hezbollah, qui avaient explosé les 17 et 18 septembre, après une vaste opération israélienne de piratage, causant des milliers de victimes.
Dans une vidéo d’une douzaine de minutes, Firas Hatoum avait affirmé que le réseau Tetra, système de radiocommunications numériques fourni en 2008 au gouvernement libanais « grâce à une aide des États-Unis », avait obtenu en 2015, à travers la société Serta, sa représentante au Liban, un contrat d’installation de ce réseau au bénéfice des Forces de sécurité intérieure (FSI).
L'investigateur avait aussi indiqué que l’armée avait également bénéficié de ce système en 2013. Il avait pointé le propriétaire de Serta, Hicham Itani, fils de l’ancien député du Courant du Futur, Mohammad Itani, évoquant « un marché » qui aurait été conclu, selon lui, entre le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, et l’ancien directeur du cabinet de l’ex-chef du gouvernement, Saad Hariri, à l’occasion de «l’arrangement présidentiel», par lequel Michel Aoun avait accédé à la tête de l’État, en 2016.
L'Orient-Le Jour a tenté sans succès d'entrer en contact avec M. Itani.
« La faille »
Dans son rapport, Firas Hatoum estime que l’installation du réseau de communication n’a pas pu s’effectuer « sans que le Hezbollah en ait eu connaissance ou l’ait approuvée ». Pour le journaliste, le contrat d’installation représente « la faille » par laquelle « le Mossad israélien se serait infiltré dans le réseau ».
Interrogé par L’OLJ, M. Hatoum indique qu’il a formulé ses interrogations dans une tentative de «comprendre comment une telle attaque a pu se produire». « La société Serta, chargée de tout ce qui est lié aux équipements numériques, devrait faire l’objet d’une enquête », martèle-t-il .
Contacté par notre publication pour en savoir plus sur l’objet de la plainte en question, l’avocat de Firas Hatoum, Farouk Moghrabi, indique que son approche se situe encore au niveau de « la forme », c’est-à-dire quant à « l’incompétence » de la police d’interroger son client. « Firas Hatoum ne s’est pas présenté jeudi devant la police criminelle parce que la loi dispose qu’un service sécuritaire ne peut auditionner un journaliste ».
Selon une source proche du dossier, Firas Hatoum a été invité jeudi à se présenter mercredi prochain devant le parquet de cassation pour être entendu par l’avocate générale, Myrna Kallas. Il pourrait accepter de comparaître devant la juge, suppute la source, notant que le cas échéant, il aura accepté « un juste milieu » entre un service sécuritaire et le Tribunal des imprimés.
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16 h 55, le 23 novembre 2024