Des coups de feu, des cris d'enfants et des scènes de chaos. Depuis dimanche, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant une bagarre au lycée public de Aley, chef-lieu du caza du même nom, dans le Mont-Liban. Plusieurs médias locaux ont fait état d'un « différend entre déplacés » qui aurait dégénéré, ce que confirme à L'Orient-Le Jour le député de Aley issu de la contestation populaire Marc Daou.
Dans un communiqué publié lundi soir, l'armée libanaise a indiqué avoir arrêté trois Libanais, K.M., A.A. et R.R., pour « leur implication dans une bagarre au sein d'une école abritant des déplacés » à Aley. Le premier d'entre eux, K.M., « a tiré des coups de feu » durant l'incident, et une arme de guerre qui était en sa possession a été saisie. Une enquête a été ouverte. Contactée mardi, l'armée libanaise ne disposait pas de plus amples informations sur les raisons de l'incident.
Le fils d'une déplacée tué dans une frappe israélienne
Le député Marc Daou est revenu pour notre publication sur ces causes : « Des déplacés de la région de Baalbeck venaient rendre visite à d'autres déplacés qu'ils connaissent, à Aley. Une femme déplacée a appris que son fils a été tué dans une frappe israélienne », poursuit le fondateur du parti Takaddom. « Certains (déplacés) ont justifié cette mort en disant qu'il était du Hezbollah, ce qui a énervé d'autres personnes pro-Hezbollah... puis ça a dégénéré », soupire-t-il, sans plus de détails sur les personnes impliquées.
« L'incident a duré deux ou trois minutes environ et la police municipale est venue calmer les personnes impliquées », explique l'élu, qui fait état du même nombre d'arrestations que celles rapportées par l'armée. Personne n'a été blessé et, deux jours plus tard, la situation est revenue au calme à Aley, selon lui. « On ne sait pas encore qui a fait quoi durant cette bagarre, c'était une poussée de fièvre où tout se mélangeait. »
« Cesser de faire des cadeaux à l'ennemi israélien »
La municipalité de Aley a aussi, à sa manière, essayé de calmer le jeu. Dès dimanche soir, quelques heures après l'incident, elle publiait ce communiqué sur ses réseaux sociaux : « Des informations et allégations suspectes circulent sur le regrettable événement survenu aujourd'hui. La municipalité veut clarifier : depuis le premier jour de l'agression israélienne, la cellule de crise travaille nuit et jour pour accueillir dignement nos frères déplacés. Mais un groupe de jeunes non enregistrés comme déplacés se sont rendus aujourd'hui à l'un des centres d'hébergement. Ils ont été questionnés sur leurs intentions et ont refusé de répondre. Une panique a eu lieu pendant quelques minutes seulement et les choses sont ensuite revenues à la normale », écrit-elle.
La municipalité estime en outre que les circonstances actuelles difficiles « requièrent une conscience aiguë de nos frères déplacés tout comme de notre société qui les accueille ». Elle a ensuite appelé à la « coopération, la communication et la coordination, (...) afin d'éviter les divisions et cesser de faire des cadeaux à l'ennemi israélien ».
Depuis le début de l'intensification de l'offensive israélienne contre le Liban le 23 septembre, plusieurs bombardements ont été recensés à Keyfoun, Qmatiyé ou encore Aïn el-Remmané, des villages du caza de Aley. Ces localités (les deux premières chiites et la troisième chrétienne) accueillent de nombreux déplacés chiites du Liban-Sud ou encore de la banlieue sud de la capitale voisine. Plusieurs incidents entre les populations d'accueil et des déplacés ont été signalés à travers le territoire depuis l'intensification du conflit, faisant craindre des tensions communautaires.
Ouf.... Why we have to have that?!
18 h 14, le 12 novembre 2024