Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a assuré jeudi avoir eu un échange téléphonique "très amical" avec Donald Trump après sa victoire à la présidentielle américaine, mais l'isolationnisme du républicain pourrait forcer Tokyo à muscler ses dépenses militaires, une perspective qui fait s'envoler en Bourse les firmes nippones de l'industrie de défense.
Alors que Donald Trump promeut volontiers l'"America First" et se plaint des dépenses militaires jugées insuffisantes des pays alliés, son retour à la Maison blanche avive les incertitudes sur les liens entre Tokyo et Washington.
Le Japon et les Etats-Unis sont d'importants investisseurs l'un pour l'autre, et 54.000 militaires américains sont stationnés à Okinawa (extrême sud de l'archipel, proche de Taïwan). Le Japon, dénonçant la menace croissante de la Chine, reste attaché à la protection garantie par Washington et très dépendant des Etats-Unis pour son matériel militaire.
M. Ishiba a affirmé aux journalistes que les deux hommes avaient convenu de se rencontrer en tête-à-tête "dès que possible": "J'ai eu l'impression que c'est le genre de personne avec qui je pourrai parler franchement."
"J'aimerais mener des discussions actives sur le renforcement de l'alliance nippo-américaine sous différents angles, y compris les équipements, les opérations et l'intégration, et pas seulement l'argent", a-t-il insisté.
Dès mercredi, il avait affiché son "espoir de travailler en étroite collaboration avec M. Trump pour porter l'alliance et les relations nippo-américaines à de nouveaux sommets".
Pour autant, "on s'attend à ce que Trump exige des Etats alliés d'agir davantage et de dépenser davantage pour leur propre défense", réagit Claudia Junghyun Kim, enseignante en relations internationales à la City University de Hong Kong.
Budget de la défense
Or, cette pression "n'est pas nécessairement en contradiction avec le projet de M. Ishiba de muscler les dépenses militaires de son pays", et "cela devrait être une bonne nouvelle pour l'industrie de défense nippone", a-t-elle indiqué à l'AFP.
Les entreprises de défense japonaise ont d'ailleurs vu leurs titres flamber mercredi à la Bourse de Tokyo, à mesure que se précisait la victoire de M. Trump: Mitsubishi Heavy Industries s'est envolé de 9,85% et le fabricant de jets IHI a de presque 20%. Ils se sont légèrement repliés jeudi.
Tokyo augmente déjà depuis plusieurs années ses dépenses militaires avec l'objectif qu'elles atteignent 2% du PIB d'ici 2027.
Lorsque Donald Trump avait remporté pour la première fois la présidentielle américaine en 2016, le Premier ministre japonais de l'époque, Shinzo Abe, s'était rendu à New York, devenant le premier dirigeant étranger à le rencontrer dans son gratte-ciel de Manhattan.
Selon les médias nippons, Shigeru Ishiba pourrait passer par les Etats-Unis courant novembre en se rendant à un sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec) au Pérou.
M. "Ishiba est un fan de chemins de fer, qui n'aime guère le golf ou les dîners en société, et contrairement à Abe, il n'est pas particulièrement doué pour la conversation. L'alchimie pourrait avoir du mal à fonctionner" avec M. Trump, indique à l'AFP Daisuke Kawai, chercheur à l'Université de Tokyo.
Les deux dirigeants considèrent tous deux l'alliance américano-japonaise comme inégale, mais pour des raisons opposées, et "engager des discussions productives pourrait s'avérer difficile", prévient-il.
Soucieux de diversifier ses alliances, Tokyo a annoncé vendredi un nouveau pacte de sécurité et de défense de grande envergure avec l'UE.
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a assuré jeudi avoir eu un échange téléphonique "très amical" avec Donald Trump après sa victoire à la présidentielle américaine, mais l'isolationnisme du républicain pourrait forcer Tokyo à muscler ses dépenses militaires, une perspective qui fait s'envoler en Bourse les firmes nippones de l'industrie de défense.
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