Si octobre 2024 n’est pas le mois le plus sanglant (le triste record revient à septembre) au Liban depuis l’ouverture du front de soutien au Hamas par le Hezbollah, le 8 octobre 2023, les bilans sont très lourds.
En octobre, les bombardements israéliens ont entraîné d’importantes pertes humaines et des destructions significatives d’infrastructures. Au total, 1 024 personnes ont été tuées et 4 007 blessées sur le territoire libanais au cours du mois écoulé, selon les chiffres du ministère de la Santé. Bien que les hostilités avec Israël aient débuté le 8 octobre 2023, la guerre s’est étendue et aggravée au Liban depuis l’attaque des bipeurs les 17 et 18 septembre derniers, suivie d’une vague de frappes à travers le pays qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.
Septembre avait marqué un sombre tournant dans le conflit avec 1 241 morts, un chiffre qui dépasse le bilan total des victimes tuées lors de la guerre entre le Hezbollah et Israël en juillet 2006. Le bilan de ces violences en octobre, qui concentre à lui seul 35 % des victimes depuis le 8 octobre 2023, illustre l’ampleur de l’escalade des attaques israéliennes.
Les événements marquants derrière les chiffres
28 octobre : la journée la plus meurtrière du mois avec 82 morts
Le 28 octobre, les frappes israéliennes se concentrent sur l’est du Liban, notamment le mohafazat de Baalbeck-Hermel, où elles causent la mort d’au moins 56 personnes et en blessent 81 autres. Le gouverneur du mohafazat de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr, affirme sur X que ce jour représente « le jour le plus violent pour Baalbeck » depuis le début de la guerre. Cette sombre journée est également marquée par des frappes meurtrières à Tyr, au Liban-Sud. Avec un bilan total d’au moins 82 morts et 180 blessés, elle s’impose comme la plus meurtrière du mois d’octobre 2024.
21 octobre : frappes contre Jnah et des antennes d’al-Qard al-Hassan
Dans la nuit du 20 au 21 octobre, l’armée israélienne mène près d’une vingtaine de frappes contre des bureaux de la société de microcrédit al-Qard al-Hassan, affiliée au Hezbollah. Les attaques se poursuivent tout au long de la journée, notamment à Baalbeck, où une frappe tue au moins six personnes. Le soir du 21 octobre, alors que le porte-parole arabophone de l’armée israélienne multiplie les ordres d’évacuation en prévision de frappes sur différents lieux de la banlieue sud de Beyrouth et de Hadeth, une frappe violente a lieu, sans avertissement, dans le quartier de Jnah. Le bilan est lourd : 18 personnes, dont un enfant, sont tuées et près de 60 blessées. À quelques dizaines de mètres de l’hôpital Rafic Hariri, le plus grand établissement de santé public du pays, plusieurs bâtiments sont pulvérisés. Au total, 63 personnes sont tuées ce jour-là et 234 blessées, ce qui en fait le bilan de blessés le plus élevé du mois.
14 octobre : journée sanglante dans le mohafazat du Nord
Pour la première fois depuis le début du conflit, la région de Zghorta, dans le nord du Liban, est frappée par un raid aérien israélien meurtrier qui fait au moins 22 victimes dans le village de Aïto. Parmi les personnes tuées, on dénombre douze femmes, huit hommes et deux enfants. Cette attaque fait aussi sept blessés. Ce jour-là, 41 personnes sont tuées et 124 blessées par des frappes israéliennes à travers le pays.
10 octobre : des frappes au cœur de Beyrouth font 22 morts
Aux alentours de 20 heures, ce soir-là, Basta el-Faouqa, au cœur de Beyrouth, est visé par un missile israélien. Le quartier voisin de Ras el-Nabeh est lui aussi touché par une autre frappe. Si la capitale intra-muros a déjà été visée à deux reprises depuis l’escalade de l’offensive israélienne le 23 septembre, ces deux attaques sont les plus mortelles, avec 22 tués et au moins 117 blessés. Le 10 octobre, ces attaques sur la capitale et les autres frappes israéliennes dans le pays totalisent 60 morts et 168 blessés.
25 octobre : assassinat de trois journalistes à Hasbaya
Ce jour-là à l’aube, une frappe israélienne vise une maison à Hasbaya, au Liban-Sud, dans laquelle sont établis plusieurs journalistes couvrant la guerre. Trois d’entre eux sont tués : le caméraman Ghassan Najjar et son technicien Mohammad Reda, employés par la chaîne d’information pro-Iran al-Mayadeen, ainsi que le journaliste Wissam Qassem, de la télévision du Hezbollah al-Manar. Ces assassinats interviennent un peu plus d’un an après la mort de Issam Abdallah, le premier journaliste tué par une frappe israélienne après l’ouverture du front de soutien.
Bilan par mohafazat
En ce mois d’octobre, toutes les régions du Liban ont été touchées par les frappes israéliennes, à l’exception du Akkar (rattrapé par la guerre le 3 novembre, avec des frappes à Jabal Akroum qui ont fait deux blessés). Les bilans restent néanmoins les plus lourds dans les régions périphériques où est implanté le Hezbollah.
Voici les chiffres, par mohafazat, publiés par le ministère de la Santé. 109 décès et 568 blessés n’y sont pas recensés, le ministère n’ayant pas fourni, certains jours d’octobre, de ventilation régionale quotidienne.
Le Liban-Sud a été soumis à un pilonnage incessant tout au long du mois, entraînant la mort d’au moins 289 personnes, ce qui en fait la région la plus touchée, selon les données diffusées par le ministère de la Santé. Le mohafazat de Nabatiyé a également subi de lourds bombardements, déplorant au moins 219 morts. À Baalbeck-Hermel, l’intensification des frappes a causé au moins 120 décès. Les régions de la Békaa et du Mont-Liban ont également été durement frappées, enregistrant respectivement 102 et 67 morts. De plus, les mohafazats de Beyrouth et du Liban-Nord, ce dernier étant jusque-là relativement épargné, ont aussi été ciblés, causant respectivement 31 et 27 morts. Le nombre de blessés par mohafazat suit la même répartition que celui des morts, reflétant l’intensité des attaques dans chaque région.
185 enfants tués
Depuis l’ouverture du front le 8 octobre 2023, le Liban a enregistré 3 002 morts et 13 492 blessés. Parmi les victimes, on dénombre au moins 185 enfants, 589 femmes et 2 170 hommes. Du côté des blessés, 1 206 sont des enfants, 2 473 des femmes et 10 540 des hommes. Le secteur de la santé a été largement touché, avec 178 morts et au moins 306 blessés.
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a mis en garde, début novembre, contre les conséquences « dévastatrices » de la guerre sur la vie des enfants au Liban. « Depuis le 4 octobre de cette année, au moins un enfant est tué chaque jour et dix sont blessés », a dénoncé la directrice générale de l’organisation internationale.
De plus, depuis que le Liban est devenu le théâtre de combats entre le Hezbollah et Israël, plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées. Par ailleurs, entre le 23 septembre et le 25 octobre, la Sûreté générale a dénombré 348 237 citoyens syriens et 156 505 citoyens libanais ayant traversé la frontière vers le territoire syrien, a précisé le comité dans un communiqué.
Et le nouveau chef de cette milice vendue crie victoire et dit vouloir aller plus loin et plus fort comme si ces morts ne représentaient que des des chiffres à layer du revers de sa main, pourvu que les mollahs aient le dernier mot. Voilà où en est notre beau pays.
11 h 50, le 07 novembre 2024