Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a affirmé vendredi que « l'extension » des frappes d'Israël signalait « son refus de tous les efforts déployés pour un cessez-le-feu », alors que des émissaires américains ont tenté de négocier un arrêt des violences.
« L'extension, une nouvelle fois, de l'agression de l'ennemi israélien contre les régions libanaises (...) et le fait qu'il ait de nouveau pris pour cible la banlieue sud de Beyrouth par des raids destructeurs, sont autant d'indicateurs qui confirment son refus de tous les efforts déployés pour obtenir un cessez-le-feu », a déclaré Nagib Mikati, lors d'une réunion avec le commandant de la Force intérimaire de l'ONU au Liban-Sud (Finul), Aroldo Lázaro.
L'aviation israélienne a mené une quinzaine de frappes vendredi à l'aube sur la banlieue sud de Beyrouth, pour la première fois cette semaine, alors qu'elle poursuit ses raids intensifs sur le Sud, visant notamment à plusieurs reprises Nabatiyé cette nuit, et l'est du Liban, où des dizaines de personnes ont été tuées cette semaine. Ces raids interviennent alors que deux émissaires du président américain Joe Biden ont tenté jeudi en Israël de trouver une issue à plus d'un mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah.
Selon M. Mikati, « les déclarations israéliennes et les signaux diplomatiques que le Liban a reçus confirment l'obstination d'Israël à rejeter les solutions proposées ».
Jeudi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait affirmé aux émissaires américains qu'une trêve devait en priorité garantir la sécurité d'Israël. « J'apprécie beaucoup, beaucoup, le soutien américain et ma politique est simple: quand c'est possible, je dis oui, mais quand il le faut, je dis non », a-t-il ajouté.
Un « cessez-le-feu unilatéral » ?
Selon une proposition de cessez-le-feu américaine, fuitée dans la presse israélienne et que L'Orient-Le Jour a pu consulter, le plan élaboré par les médiateurs américains prévoit un retrait du Hezbollah des régions frontalières avec Israël dans le sud du Liban, ainsi que le retrait de l'armée israélienne de cette région, dont le contrôle reviendrait à l'armée libanaise et aux Casques bleus de l'ONU.
Le bureau de M. Mikati a en outre démenti vendredi des informations de l'agence Reuters selon lesquelles les États-Unis avaient demandé au Liban de déclarer un cessez-le-feu unilatéral, pour mettre fin au conflit. L'émissaire américain Amos Hochstein, chargé de mener des pourparlers a lui aussi démenti ces informations. Citant une source politique libanaise de haut rang et un diplomate, Reuters avait initialement rapporté que M. Hochstein avait demandé au Liban cette semaine de déclarer un cessez-le-feu unilatéral avec Israël dans le cadre d'un effort visant à aider les négociations. Ces sources avaient ajouté qu'une telle annonce était «considérée comme inacceptable au Liban, où elle serait probablement interprétée comme une capitulation. » Immédiatement après la publication de l'information de l'agence, le bureau de M. Mikati a démenti que Washington ait demandé au Liban de déclarer un tel cessez-le-feu.
« Ne pas entraver » la mission de la Finul
Dans une déclaration à Reuters, le bureau du Premier ministre sortant a précisé que « la position du gouvernement était claire : elle vise un cessez-le-feu bilatéral et la mise en œuvre de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU. » La résolution 1701, adoptée en août 2006, vise à établir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah et à renforcer la présence de l'armée libanaise au Liban-Sud, tout en interdisant l'entrée d'armes dans cette région. Elle cherche également à mettre un terme à toutes les violations israéliennes de la souveraineté terrestre, aérienne et maritime du Liban.
Lors de sa réunion avec le général Lázaro, Nagib Mikati a en outre réitéré « l'appréciation » du Liban pour les efforts de la Finul et son « engagement envers sa mission dans le Sud ». Il a insisté sur l'importance de « ne pas entraver » cette mission et condamné les « attaques et menaces » visant les Casques bleus. Une quinzaine de Casques bleus ont été blessés au Liban-Sud au cours du mois écoulé, alors que l'armée israélienne a lancé une offensive, le 30 septembre, dans la zone frontalière.
Le président du Parlement Nabih Berry a pour sa part évoqué les développements sur le terrain au Liban-Sud ainsi que la situation de la Finul « au sud du Litani et les agressions auxquelles elle est soumise », au cours d'une réunion avec le commandant des Casques bleus, le général Aroldo Lazaro, à Aïn el-Tiné. « Depuis septembre au moins, Israël a laissé passer plus d'une chance pour établir un cessez-le-feu, appliquer la 1701 et permettre le retour des déplacés des deux côtés de la frontière », a déclaré M. Berry, qui a par ailleurs détaillé les discussions menées avec l'émissaire américain Amos Hochstein à ce sujet. Il a réaffirmé que « le Liban s'engage à mettre à exécution la résolution 1701, considérée comme la seule option pour la sécurité et la stabilité dans la région ». M. Berry a par ailleurs reçu le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, avec lequel ont été évoqués les derniers développements ainsi que la situation des déplacés qui ont fui les bombardements au Liban.
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