Après avoir éliminé de nombreux dirigeants du Hamas, parmi lesquels le commandant de l’aile militaire du mouvement Mohammad Deif selon les dires de l’armée israélienne, des responsables israéliens envisageraient la possibilité d’exiler au Soudan le chef de l'organisation, Yahya Sinouar, rapporte le quotidien Haaretz.
Une décision qui rapprocherait l’État hébreu de son objectif principal de « démanteler » le mouvement islamiste aux commandes dans l’enclave palestinienne et permettrait la libération de la cinquantaine d’otages vivants toujours détenus à Gaza, selon le gouvernement israélien. Cette possibilité avait déjà été évoquée en mai dernier par Benjamin Netanyahu dans une interview accordée au journaliste américain Dan Senor pour son podcast « Call me back », rapporte le quotidien israélien. « L'idée de l'exil est là. Nous l'avons fait, nous pouvons toujours en discuter, mais je pense que la chose la plus importante est la reddition », avait-il déclaré.
L’option semble avoir pris une dimension plus concrète fin septembre, alors que le responsable de l’association israélienne pour le retour des otages et des personnes disparues, Gal Hirsch, a soumis une nouvelle proposition à l’administration Biden pour un accord avec le Hamas. Il comprenait, en échange de la fin des combats dans l’enclave palestinienne, la libération de l’ensemble des otages. Israël devait en outre accepter que le chef du Hamas, sa famille ainsi que des milliers de combattants de son choix puissent s’exiler dans un pays tiers et garantir leur sortie de Gaza en toute sécurité. Un plan que l’État hébreu adopterait si « le Hamas signalait sa volonté d'aller de l'avant », estime le Haaretz. Le quotidien indique que ces développements pourraient également inclure le dégel des actifs du Hamas bloqués par Khartoum il y a trois ans, les États-Unis ayant annulé l'inscription du Soudan dans leur liste d'États sponsor du terrorisme dans le sillage de la normalisation de ses relations diplomatiques avec l’État hébreu, en février 2023 (l'accord attendant cependant d'être ratifié).
« Il a disparu »
Mais le message aura peut-être du mal à parvenir jusqu’à Yahya Sinouar, toujours terré dans les souterrains de Gaza avec des moyens de communication très limités, selon les soupçons de l’armée israélienne. Le nouveau chef du bureau politique du Hamas, considéré comme le cerveau de l'opération Déluge d'al-Aqsa et tenant d’une ligne bien plus radicale que son prédécesseur Ismaïl Haniyé, assassiné à Téhéran le 31 juillet dernier, ne s’exprime qu’à travers des lettres manuscrites, selon le New York Times. « Il a cessé d'utiliser des appareils électroniques depuis longtemps et reste en contact avec son organisation grâce à un réseau de coursiers, selon des responsables israéliens et américains », précise l’article, ce qui induit une forte latence dans ses messages.
Rien n’indique non plus qu’il acceptera le scénario de l’exil... Ni que le Soudan accepterait de l'accueillir. Selon des responsables américains cités par le NYT, le chef du Hamas n’aurait pas l’intention de parvenir à un accord avec l’État hébreu et reste « déterminé à voir Israël impliqué dans un conflit régional plus large ». Si le rythme des opérations militaires à Gaza a ralenti ces dernières semaines au profit du front libanais, l’armée y mène toujours des frappes aériennes quotidiennes. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait affirmé en août dernier que cette dernière s’était rapprochée de la position du chef du Hamas. « Lorsque nous sommes entrés dans les tunnels sous Rafah, où les (six) otages ont été assassinés, nous avons trouvé des signes de la présence passée de Sinouar à Tall Sultan », a réaffirmé récemment Yoav Gallant aux journalistes.
Certains responsables israéliens se demandent en outre si le responsable du Hamas est toujours en vie, rappelle le quotidien américain. Dernier signe de sa part : une lettre de soutien à Hassan Nasrallah rendue publique par le Hezbollah le 13 septembre. Selon le quotidien, certains responsables du groupe palestinien ont suggéré qu'elle avait été rédigée à l'extérieur de Gaza par quelqu'un d'autre, avec l'approbation de Yahya Sinouar. « Elle n'était pas manuscrite, contrairement à d'autres communications dont il a été vérifié qu'elles provenaient directement de lui », ajoute l’article.
Dans un post publié sur X dans la soirée du lundi 7 octobre, le journaliste du site d'information américain Axios, Barak Ravid, a toutefois déclaré qu’un « responsable israélien a confirmé qu'Israël avait reçu des informations selon lesquelles le chef du Hamas, Yahya Sinwar, avait repris contact avec les représentants du groupe au Qatar ces derniers jours et leur avait transmis des messages. » Et d'ajouter : « Le responsable israélien a déclaré qu'on ne savait pas exactement quand Sinwar avait envoyé ces messages, mais il a souligné qu'il ne semblait pas que Sinwar ait changé ou adouci ses positions concernant l'accord sur les otages et le cessez-le-feu à Gaza. »
NB: Cet article a été mis à jour le lundi 7 octobre au soir pour intégrer les informations de Barak Ravid.
En 1982, suite a des negociations Palestino - US - Francaise et Israelienne - les principaux dirigeants de la resistance Palestinienne ont ete se refugier en Tunisie. Le Mossad a ete ensuite y assassiner Abou Iyad et Abou Jihad. Yehya Sinouar doit mediter sur ce precedent.
22 h 33, le 07 octobre 2024