Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Le piège de l’entente nationale

L’entente nationale comme finalité du jeu démocratique et non comme condition.

Toute personne humaine est naturellement dotée de la faculté du libre arbitre (le droit de choisir pour lui-même). La démocratie n’est autre que l’extension naturelle de cette faculté en matière de gouvernance politique (le droit d’un peuple de choisir pour lui-même ses dirigeants et le projet politique qui le gouvernera). La démocratie permet non seulement au libre arbitre d’un peuple de s’exprimer, mais aussi d’assurer sa mise à jour régulière de telle manière à ce que le régime politique reflète au mieux la conscience collective et la volonté d’un peuple (tant bien que mal) à un moment donné de son histoire. D’où le principe d’autodétermination d’un peuple est au mieux assuré dans un régime démocratique.

Dans un régime à tendance totalitaire, la gouvernance politique ne tient réellement qu’au libre arbitre d’une ou au mieux d’un nombre limité de personnes à la tête du pouvoir (souvent le parti unique), et ce pour de nombreuses années. Souvent cette personne, comme nous le montre l’histoire, finit par confondre ordre public et intérêts personnels ou idéologiques, entraînant son peuple avec elle dans une servitude personnelle. Tout régime à tendance totalitaire repose donc sur un risque élevé de perversion du pouvoir. Réparer les erreurs d’un dirigeant totalitaire nécessite souvent une révolution longue et sanglante pour détruire les murs d’oppression qui auront été érigés pendant ce temps.

La Constitution libanaise dans son préambule est claire : « Le Liban est un pays souverain, libre et indépendant », « le Liban est une démocratie parlementaire ». Cependant l’exercice politique aujourd’hui au Liban ne reflète pas cette réalité et semble avoir été détourné par des acteurs conditionnant « l’entente nationale » comme préalable pour l’application des règles démocratiques. En réalité, c’est au régime démocratique d’assurer cette entente nationale et non à l’entente nationale de remplacer l’exercice démocratique. Affirmer le contraire, ce n’est que prendre en otage la liberté d’un peuple au nom d’un pacifisme irréalisable. Lorsque cette « entente nationale » est d’autant plus sujette au veto d’un parti idéologique armé, ce n’est que balancer petit à petit dans un régime dominé par un parti unique. Ici donc « l’entente nationale » n’est autre qu’un outil qui n’a pour conséquence que de faire basculer le Liban petit à petit d’un régime libéral à un régime à tendance totalitaire.

Non, le Liban ne continuera pas à basculer dans un régime totalitaire. Il n’appartient à aucune personne, parti politique, idéologie ou courant communautaire d’expliquer comment la démocratie et les institutions doivent s’adapter au contexte libanais. C’est au contexte libanais de s’adapter à sa démocratie tel que prévu dans sa Constitution. Et tout autre discours est nuisible à l’entente nationale.

Farid CHALFOUN

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

L’entente nationale comme finalité du jeu démocratique et non comme condition. Toute personne humaine est naturellement dotée de la faculté du libre arbitre (le droit de choisir pour lui-même). La démocratie n’est autre que l’extension naturelle de cette faculté en matière de gouvernance politique (le droit d’un peuple de choisir pour lui-même ses dirigeants et le projet...
commentaires (1)

Bien dit

Eleni Caridopoulou

19 h 05, le 02 octobre 2024

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Bien dit

    Eleni Caridopoulou

    19 h 05, le 02 octobre 2024

Retour en haut