Dix « martyrs » en cinq jours. D'habitude, un tel bilan dans les rangs du Hezbollah pourrait sembler normal, dans les affrontements quotidiens qui l'opposent à Israël depuis le 8 octobre 2023. Mais l'État hébreu a choisi l'escalade depuis la semaine dernière et, dans la seule journée de lundi, le bilan des victimes des frappes israéliennes au Liban a atteint 569 tués et 1 835 blessés, selon le dernier communiqué du ministère de la Santé. Une première depuis la fin de la guerre civile en 1990, selon certaines sources.
Sur cette violente journée, le Hezbollah a annoncé deux morts dans ses rangs : Mahmoud Hassan Saad et Hussein Amhaz, respectivement originaires du Liban-Sud et de la Békaa. Il en avait annoncé deux autres dimanche, un mardi et cinq mercredi. Samedi, il avait annoncé la mort de combattants tués dans des frappes précédentes. Le parti chiite avait ainsi publié les noms de 16 combattants et commandants de sa Force d'élite al-Radwane tués dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, la veille. Parmi eux, le commandant de la force, Ibrahim Akil, et Ahmad Wehbé, un autre haut responsable.
Mais depuis samedi et surtout lundi, la proportion de combattants du parti tués par rapport au nombre total de victimes semble être devenue extrêmement faible. Est-ce crédible ? Le Hezbollah changerait-il de communication sur ses « martyrs » pour converger vers le Hamas, qui n'annonce pas clairement ses combattants tués et laisse le ministère de la Santé gazaoui publier les chiffres globaux, sans faire la distinction entre civils et miliciens ?
« Pourquoi changerait-on ? »
La réponse de Mohammad Afif Naboulsi à ces questions est catégorique : « À chaque fois que quelqu'un tombe dans nos rangs, on publie un communiqué. Pourquoi changerait-on notre façon de faire ? » répond le porte-parole du parti chiite, contacté par L'OLJ. « On mène aussi des tests ADN sur les corps difficilement identifiables, donc il peut y avoir un délai. Mais en ce moment, la plupart des victimes sont des civils », assure-il. Et d'insister : « Nous disons toujours tout. Nous ne cachons rien. »
Lors de la journée chaotique de lundi, certains communiqués ont circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux, copiant ceux du Hezbollah et annonçant des supposés « martyrs » qui ne figurent pas dans ceux du parti. « Cela fait partie de la guerre psychologique de l'ennemi : falsifier des informations », assène Mohammad Naboulsi.
Un point de vue repris par Kassem Kassir, un analyste proche du Hezbollah. « Le parti chiite annonce ses martyrs et leurs funérailles de manière publique. La plupart des victimes actuelles sont des civils, explique-t-il. Le Hezbollah est honnête, clair et transparent sur cet aspect. Il n'a absolument pas changé de stratégie de communication. »
Rien à cacher
Depuis ce mercredi, les annonces de bilans réguliers ont en effet repris, aussi bien de la part du ministère de la Santé que du Hezbollah, pour l'annonce de ses victimes. « Vous avez remarqué ? Le Hezbollah communique même sur ses « martyrs » à des médias comme l'agence Reuters, il ne cache plus rien. Mais c'est parce qu'il ne peut plus rien cacher, analyse Mohanad Hage Ali, chercheur au centre de réflexion Carnegie Endowment. Entre les combattants admis dans les hôpitaux, les assassinats qui se multiplient... difficile de ne pas voir. »
Selon le dernier bilan, les frappes israéliennes sur le Liban mercredi ont fait 51 morts et 223 blessés. Le Hezbollah, lui, a annoncé la mort de cinq « martyrs ». « Ce qu'on observe, c'est que de manière quasi systématique, lorsque Israël annonce avoir tué des membres du Hezbollah, le parti chiite confirme par la suite », indique Mohanad Hage Ali. « Ils ont perdu à peu près 600 combattants, c'est déjà énorme pour une guerre. Le parti a subi et continue de subir le plus gros revers de son histoire », conclut le chercheur.
C'est de bonne guerre de ne pas avouer toute la vérité sur les pertes militaires. Dans notre cas la catastrophe est si grande qu'avec les téléphones les nouvelles se propagent si vite qu'ils n'ont plus les moyens de tout cacher. Par exemple, après le coup des Bippers comment sait on que seul 37 personnes sont mortes et près de 3000 blessées? Des hôpitaux accessibles a tous. Qu'en est il de ceux qui en avaient et étaient en position sur le front, dans leur base ou en Syrie etc...? La personne n'en sait rien et les chiffres peuvent jusqu’à près de 10000 personnes atteintes... Qui sait?
09 h 23, le 27 septembre 2024