Seulement, ce n’est pas le Liban qui engage le metteur en scène et le dramaturge. Il subit la lubie de comédiens fous, entraînés dans un jeu de haine, à lire des répliques et effectuer des mouvements sous ordre d’un texte, sans réfléchir, sans penser, sans rien éprouver. Le drame ici, c’est que les citoyens libanais demeurent uniquement spectateurs. Ils voient brisé le quatrième mur comme ils entendent celui du son, comme ils ressentent ceux de leurs maisons effondrées contre leurs corps écrasés. Que faire ? Ces comédiens ont enfreint toutes les règles, moqué toutes les normes, et pourtant rien ne pousse les directeurs à les renvoyer chez eux. Peut-être car rien ne presse ? Après tout, le plateau ne tiendra plus longtemps et puis personne dans le monde ne parle de cette pièce minable. Des tragédies comme ça on en a trop vu. Les pleurs et les cris ont beau résonner dans la salle, dehors personne ne raisonne.
Enfin, on entend les sirènes se rapprocher. Les autorités sont arrivées, la lumière dans la salle est déjà allumée. C’est fini, le dénouement fut joué. Après tant d’actes séparés d’entractes juste assez longs pour oublier l’intrigue et confondre les ennemis, la pièce prend fin sans personne pour applaudir. L’histoire cachera bien celle-ci loin de ses livres.
Enzo BALADI
17 ans, élève au GLFL
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Bravo Enzo !
22 h 26, le 27 septembre 2024