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Monde - Liban

Le droit international interdit de « piéger » des objets civils, insiste l'ONU

Le chef de la diplomatie libanaise Abdallah Bou Habib accuse Israël, « État voyou », de « terrorisme ».

Le Conseil de sécurité de l'ONU réuni le 20 septembre 2024. Photo Sylviane Zehil

L'utilisation d'appareils « piégés » ayant l'apparence d'objets « inoffensifs » pourrait constituer un « crime de guerre », a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, devant le Conseil de sécurité où le Liban a accusé Israël de « terrorisme ».

« Le droit international humanitaire interdit l'utilisation d'appareils piégés ayant l'apparence d'objets inoffensifs », a déclaré Volker Türk lors d'une réunion demandée par l'Algérie après l'explosion simultanée cette semaine de bipeurs, talkies-walkies et autres appareils de transmission du Hezbollah au Liban. « C'est un crime de guerre de commettre des violences destinées à propager la terreur parmi les civils », a-t-il ajouté. « La guerre a des règles », a-t-il martelé, appelant pour une enquête « indépendante, rigoureuse et transparente ».

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« Cibler de façon simultanée des milliers d'individus, que ce soit des civils ou des membres de groupes armés, sans savoir qui est en possession des appareils concernés, de leur localisation et de leur environnement au moment de l'attaque, viole le droit humanitaire international et, le cas échéant, le droit humanitaire international », a-t-il insisté. « Il est ainsi difficile de concevoir comment, dans ces circonstances, de telles attaques pourraient être conformes aux principes clés de distinction, de proportionnalité et de précaution ». « Ces attaques représentent un nouveau développement dans la guerre, où les appareils de communication deviennent des armes (...). Cela ne peut pas être la nouvelle normalité », a-t-il lancé.

De son côté, la secrétaire générale adjointe de l'ONU aux Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a indiqué qu'après les explosions d'appareils de communication du Hezbollah mardi et mercredi, les échanges de tirs tout au long de la Ligne bleue montraient « des signes inquiétants d'escalade ». Elle a aussi noté qu' « à ce jour, le gouvernement israélien n’a fait aucun commentaire officiel sur ces développements ». « Le risque d’une nouvelle expansion de ce cycle de violence est extrêmement grave et constitue une grave menace pour la stabilité du Liban, d’Israël et de toute la région, » a-t-elle averti, exhortant toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à protéger les civils, tout en appelant les États membres influents à agir de manière décisive pour empêcher une nouvelle escalade.

« Terrorisme » 

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, qui avait fait le déplacement, s'en est, lui, directement pris à Israël, qu'il a qualifié d' « Etat voyou ». « Faire exploser à distance des appareils de communication de façon collective, sans aucun égard pour ceux qui les portent ou qui est autour est une méthode de guerre sans précédent dans sa brutalité et sa terreur, ciblant des milliers de personnes d'âges différents vaquant à leurs occupation dans leurs maisons, dans la rue, à leur travail, dans les centres commerciaux, est tout simplement du terrorisme », a-t-il déclaré.

« Nous ne sommes pas des amateurs de guerre ni de vengeance. Nous exigeons la justice, une solution diplomatique et le retour des personnes déplacées dans leurs villages », a encore plaidé le chef de la diplomatie libanaise. « Il est désormais clair qu'Israël ne respecte pas le droit international et humanitaire, ni les résolutions des organes de l'ONU », a-t-il poursuivi, appelant les membres du Conseil de sécurité de l'ONU à « soutenir le Liban dans sa quête de sécurité et de stabilité ». M. Bou Habib a également prévenu que « toute nouvelle aventure israélienne au Liban pourrait aboutir à une guerre régionale de grande ampleur et sans précédent ».

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« Au lieu de nous accuser, nous votre voisin pacifique, vous devriez prendre des mesures maintenant » contre le Hezbollah, a répondu l'ambassadeur israélien Danny Danon. « Si vous continuez à ignorer l'agression du Hezbollah, vous aurez la responsabilité de la souffrance du peuple libanais », a-t-il ajouté, assurant qu'Israël ne voulait pas un « conflit plus large » mais seulement « protéger » ses citoyens.

Interrogé devant la presse sur la responsabilité éventuelle d'Israël dans les attaques aux bipeurs, il a indiqué ne pas vouloir faire de commentaire. « Mais je peux vous dire que nous ferons tout ce que nous pourrons pour cibler ces terroristes », a-t-il ajouté.

Œuvrer pour une désecalade

Le représentant de la France auprès de l’Onu, Nicolas de Rivière, a mis en garde contre « le risque d’une guerre ouverte et aux conséquences potentiellement dramatiques qui s’accroît chaque jour ».  « Il est urgent que toutes les parties travaillent à une désescalade », a-t-il plaidé, appelant les « autorités israéliennes à faire preuve de la plus grande retenue, après leurs déclarations récentes sur leurs opérations militaires au Liban ». « Nous rappelons aussi notre exigence que le Hezbollah cesse immédiatement ses attaques contre le territoire israélien », a-t-il ajouté.

Avant la réunion, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU a de son côté appelé à la « retenue maximale » de toutes les parties. « Nous sommes très inquiets de l'intensification de l'escalade autour de la Ligne bleue (ligne de démarcation définie par l'ONU entre le Liban et Israël), y compris la frappe meurtrières aujourd'hui à Beyrouth (en référence à la frappe quelques heures avant le Conseil sur la banlieue sud qui a ciblé le chef de l'unité al-Radwane, Ibrahim Akil, tué avec plusieurs autres combattants du Hezbollah). Nous appelons toutes les parties à la désescalade immédiatement. Tout le monde doit faire preuve d'une retenue maximale », a déclaré Stéphane Dujarric.

Après les explosions mardi et mercredi des appareils de transmission utilisés par des membres du Hezbollah, qui ont fait 37 morts et 2.931 blessés, les échanges de tirs se sont intensifiés depuis jeudi entre l'armée israélienne et le Hezbollah, mouvement islamiste soutenu par l'Iran.

L'utilisation d'appareils « piégés » ayant l'apparence d'objets « inoffensifs » pourrait constituer un « crime de guerre », a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, devant le Conseil de sécurité où le Liban a accusé Israël de « terrorisme ».« Le droit international humanitaire interdit l'utilisation d'appareils...
commentaires (5)

Dans cette "guerre des trois fous", il n;est pas question de prendre la défense de l’ennemi israélien, mais, concernant un point précis, il importe de rester objectif. "Le droit international interdit de « piéger » des objets civils, insiste l'ONU". Cette interdiction ne s’applique évidemment pas aux bipeurs et talkies-walkies utilisés par les seuls membres du Hezb. De plus, les charges explosives étant très faibles ne devaient, sauf quelques cas accidentels, causer des blessures graves qu’aux seuls porteurs. Pourquoi n’ai-je vu aucun article donnant le nombre et l’état des victimes civiles?

Yves Prevost

08 h 07, le 22 septembre 2024

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Commentaires (5)

  • Dans cette "guerre des trois fous", il n;est pas question de prendre la défense de l’ennemi israélien, mais, concernant un point précis, il importe de rester objectif. "Le droit international interdit de « piéger » des objets civils, insiste l'ONU". Cette interdiction ne s’applique évidemment pas aux bipeurs et talkies-walkies utilisés par les seuls membres du Hezb. De plus, les charges explosives étant très faibles ne devaient, sauf quelques cas accidentels, causer des blessures graves qu’aux seuls porteurs. Pourquoi n’ai-je vu aucun article donnant le nombre et l’état des victimes civiles?

    Yves Prevost

    08 h 07, le 22 septembre 2024

  • HN considère ses combattants comme des soldats résistants (allez savoir à qui et à quoi). Mais une armée qui se respecte, met les citoyens en sécurité en leur assurant des abris et des refuges afin de les préserver de tout danger alors que les organisations terroristes visent en premier les civils même ceux qu’ils prétendent défendre pour apitoyer le monde et gagner une guerre. Le HB n’est rien d’autre qu’une ça. Les libanais son massacres par tous les moyens qui lui ont été offerts afin qu’il puisse régner quelqu’en soit le prix. A nous de lui montrer ses limites et surtout la communauté chii

    Sissi zayyat

    12 h 34, le 21 septembre 2024

  • Le droit international interdit aussi qu’ on prennent les quartiers résidentielles pour des dépôts d’armes et de munitions pour sacrifier le plus possible de civils et gagner la guerre sur leurs cadavres. Ça a toujours été un moyen pour les terroristes pour faire pression sur le monde en se servant de civils comme bouclier humain.

    Sissi zayyat

    12 h 21, le 21 septembre 2024

  • Tant que les combattants du Hezbollah continuent leurs attaques à travers la frontière libano-israélenne, le risque d'une guerre généralisée subsistera. La décision du Hezbollah le 8 octobre dernier, d'ouvrir les hostilités, n'a en rien soulagé ou diminué les souffrances quotidiennes des habitants de Gaza. C'était la raison invoquée encore et encore par la direction de ce parti. Alors nous avons le droit de nous demander à quoi sert la poursuite des hostilités sinon à appliquer un agenda politico-militaire décidé par le Maitre des Lieux, le régime iranien.

    Tony BASSILA

    11 h 24, le 21 septembre 2024

  • Qui parle de guerre? Une guerre se passe entre deux armées régulières. Le Hezbollah est un amassis de terroristes et criminels organisés en bandes qui ont assasinés des civils, journalistes et politiciens a coup de voitures piégées explosant dans des rues bondées.

    Aboumatta

    09 h 31, le 21 septembre 2024

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